La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie un Dossier qui propose une nouvelle mesure du niveau de vie et de la pauvreté monétaire des jeunes adultes de 18-24 ans. Une analyse de la pauvreté des jeunes adultes y est menée selon trois dimensions : monétaire, en conditions de vie, et subjective. L’enjeu est de dégager des enseignements structurels sur les populations de jeunes adultes les plus fragiles.
Dans le dossier publié par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sur le taux de pauvreté chez les jeunes, les données sont issues de l’Enquête nationale sur les ressources des jeunes (ENRJ) réalisée en 2014. Cette enquête interroge des jeunes de 18 à 24 ans qui vivent en logement ordinaire et en logement collectif, en France métropolitaine et dans les DROM, afin de décrire le plus finement possible la diversité des ressources financières et matérielles dont ils disposent. Le ménage du jeune adulte comprend les habitants de son logement autonome lorsqu’il en dispose d’un et, dans le cas contraire, les habitants du logement parental. Les jeunes sont considérés comme « décohabitants » dès lors qu’ils résident une partie de l’année dans un logement autonome, « cohabitants » lorsqu’ils résident exclusivement dans le logement parental. Grâce aux données collectées dans ENRJ, l’estimation du revenu disponible du ménage comprend des revenus qui ne sont pas comptabilisés habituellement dans les dispositifs statistiques : les bourses d’études, les revenus d’activité non imposables, les aides financières ou en nature reçus par les jeunes de leurs parents.
En France, les jeunes de 18-24 ans sont 1 400 000 à vivre sous le seuil de pauvreté en 2014
En 2014, en France, le taux de pauvreté monétaire des jeunes âgés de 18 à 24 ans est estimé à 26 %. En France métropolitaine pour la même année, le niveau de vie médian des 18-24 ans est estimé à 16 375 euros par an et le taux de pauvreté monétaire à 25 %, soit près de 1 300 000 jeunes. Ce taux de pauvreté fait de la tranche d’âge des 18-24 ans la population la plus touchée par la pauvreté monétaire.
Les jeunes qui disposent d’un logement autonome sont plus fragiles économiquement que ceux résidant exclusivement chez leurs parents
En France, 43 % des jeunes de 18-24 ans sont décohabitants contre 57 % qui cohabitent avec leurs parents en 2014. En France métropolitaine, le taux de pauvreté monétaire de l’ensemble des décohabitants est de 34 %, tandis qu’il est de 18 % pour les cohabitants. Bien que le taux de pauvreté des jeunes cohabitants soit deux fois moins élevé que celui des jeunes décohabitants, une partie des jeunes résidant chez leurs parents ne peuvent pas quitter le domicile parental en raison de ressources trop faibles pour assumer un logement autonome. Dès lors, ces jeunes – en particulier ceux ne disposant pas d’un emploi durable – restent au domicile parental le temps de réunir davantage de ressources, avant de le quitter plus tard lorsque leur situation professionnelle se stabilise.
Parmi les jeunes ayant quitté le domicile familial, les étudiants et ceux sans emploi sont les plus vulnérables
Parmi les jeunes habitant dans un logement autonome, les étudiants et les jeunes sans emploi sont les publics les plus vulnérables : 40 % des étudiants décohabitants et 55 % des jeunes décohabitants sortis d’études et sans emploi sont en situation de pauvreté monétaire, en France métropolitaine (Graphique). Beaucoup d’étudiants décohabitants font face à de faibles ressources propres et à une forte dépendance aux aides familiales. Les décohabitants sans emploi disposent de peu d’aides sociales et de revenus d’activité inconstants durant l’année, rendant leurs ressources particulièrement précaires. Les risques d’exposition à la pauvreté monétaire des décohabitants s’amplifient pour les jeunes qui ne vivent pas en couple ou qui sont issus d’un milieu social modeste.
Un quart des étudiants sont pauvres en conditions de vie
Sur l’ensemble des 18-24 ans, quatre jeunes sur dix se trouvent dans au moins une situation de pauvreté monétaire (niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian de l’ensemble de la population) et/ou de pauvreté en conditions de vie (privations déclarées sur certains biens de consommation ou certaines activités). Un jeune sur dix cumule les deux formes de pauvreté. Alors que les jeunes en emploi sont nettement moins souvent en situation de pauvreté monétaire que les étudiants, ils sont quasiment aussi souvent confrontés à des privations matérielles ou sociales : 24 % des étudiants sont pauvres en conditions de vie contre 21 % des jeunes en emploi.
Pour autant, les étudiants ont tendance à relativiser les difficultés liées à leur situation économique, en la percevant comme transitoire et en comptant sur le soutien parental en cas de fracture dans leur parcours. Comparés aux autres jeunes, ils sont moins nombreux à déclarer des difficultés financières alors même qu’ils se trouvent en situation de pauvreté monétaire, ce qui ne signifie pas que ce signal de vulnérabilité doit être ignoré, notamment en cas d’aléas dans leur parcours. Les difficultés financières et le sentiment de privation sont plus souvent déclarées par les jeunes sortis d’études et inactifs.