Nestlé se retrouve impliqué dans un scandale de contamination d’eau minérale. L’Anses révèle des faits préoccupants sur la qualité de l’eau, mettant en lumière des risques pour la santé publique. Alors attention, sur ce que vous buvez.

Des inquiétudes quant à la sécurité de l’eau en bouteille que nous buvons vient d’être révélé par franceinfo et le journal Le Monde ce jeudi 4 avril. En effet, le Nestlé, le géant de l’industrie agroalimentaire, se retrouve au cœur d’un scandale de contamination due à la présence de substances chimiques dans des eaux minérales. Une enquête menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) met en lumière des niveaux préoccupants de pollution dans plusieurs sources d’eau minérale naturelle appartenant à Nestlé en France, incluant des noms bien connus comme Hépar, Perrier, Vittel, et Contrex.

Eaux minérales, des révélations inquiétantes

L’étude, initiée par une demande d’appui scientifique et technique de la part des agences régionales de santé (ARS), a révélé une série de non-conformités alarmantes. Des bactéries coliformes*, Escherichia coli, et entérocoques ont été détectées en concentrations élevées, bien au-delà de ce que la réglementation permet pour les eaux minérales naturelles. De plus, la présence de Pfas, surnommés « polluants éternels » pour leur persistance dans l’environnement, ainsi que des résidus de pesticides, dépasse les seuils réglementaires, mettant en doute la pureté vantée de ces eaux.

A savoir :

Les bactéries coliformes sont un groupe de micro-organismes que l’on retrouve couramment dans l’environnement, notamment dans le sol, dans l’eau et dans les matières fécales d’humains et d’animaux. Elles sont souvent utilisées comme indicateurs pour évaluer la qualité microbiologique de l’eau, car leur présence peut signaler une contamination par des sources fécales et donc potentiellement par d’autres pathogènes plus dangereux comme des germes, des rejet de plombs, de chlore qui peuvent causer des maladies.

En termes simples, si les tests d’eau révèlent une présence significative de bactéries coliformes, cela suggère que l’eau pourrait avoir été contaminée par des déchets, des eaux usées ou des écoulements qui n’ont pas été correctement traités. Cela pose des risques sanitaire spour la santé publique, car l’eau contaminée transporte des agents pathogènes susceptibles de provoquer des diarrhées, des infections gastro-intestinales et d’autres maladies bien plus graves.

Une tromperie de longue date de Nestlé ?

Qu’en est-il de assainissement de ces eaux souterraines, des canalisations, de l’épuration ? Ce rapport soulève des questions sur les pratiques de Nestlé, notamment l’utilisation présumée de filtres cachés destinés à échapper aux contrôles sanitaires, une manœuvre qui, si elle était confirmée, constituerait une tromperie grave. Nestlé a rétorqué, affirmant que ces mesures étaient destinées à garantir la sécurité sanitaire de ses produits. Cependant, l’Anses conteste cette affirmation, pointant un « niveau de confiance insuffisant » dans la qualité sanitaire des eaux de Nestlé.

Arrêtez de boire du Perrier, de la Vittel, de la Contrex, de l’Hepar

Cet épisode jette une ombre sur la fiabilité des certifications d’eau minérale naturelle et souligne la nécessité pour les consommateurs de rester vigilants quant à l’origine de l’eau qu’ils boivent. Il rappelle également l’importance de la transparence et de la régulation stricte dans l’industrie de l’eau en bouteille, un secteur qui repose sur la confiance du public en la pureté de son produit. Car, il est essentiel que ces eaux soient complètement dépourvues de bactéries, à tout moment, avant comme après l’embouteillage.

Pour une eau plus sûre

Face à ces révélations, l’Anses recommande une surveillance accrue des sites d’embouteillage de Nestlé et appelle à une réévaluation de la méthode de certification des eaux minérales naturelles. Pour les consommateurs, il devient crucial de s’informer sur la provenance et les tests de qualité de l’eau qu’ils consomment, et d’envisager des alternatives, comme l’utilisation de filtres à domicile, pour garantir la sécurité de leur eau. L’Anses demande au ministère de la Santé de mettre en place un « plan de surveillance intensifié ».

Foodwatch demande le rappel de toutes les bouteilles d’eaux minérales de Nestlé

Face à l’absence de réaction du gouvernement français, foodwatch a interpellé Stella Kyriakides, Commissaire européenne à la santé, dans une lettre datée du 19 février, appelant à une intervention. L’organisation a réclamé un audit de la France par la Commission européenne et a souhaité que le sujet soit discuté au sein du comité des autres États membres, qui importent ces eaux. Cette démarche a été couronnée de succès.

Le 30 avril, la France devra fournir des explications devant les autres États membres lors d’une réunion du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (Scopaff). Jusqu’à présent, aucune alerte n’a été émise via le réseau d’alerte européen, RASFF, en raison de l’absence de communication par la France sur les risques sanitaires. Les récentes révélations journalistiques pourraient changer la situation, surtout que ces eaux françaises sont exportées dans de nombreux pays, comme l’eau Perrier dans des restaurants de luxe à Berlin.

La Commission européenne, reconnaissant l’ampleur du problème qui dépasse les frontières françaises, demande à tous les États membres d’intensifier leurs contrôles sur les eaux minérales naturelles et de partager les résultats.

En réponse à la sollicitation de foodwatch pour un audit, la Commission européenne procédera à une vérification sur le terrain des actions menées par les autorités françaises en matière de conformité aux normes européennes relatives aux eaux minérales naturelles. Les conclusions de cet audit, qui incluront les engagements de la France, seront publiées.

L’urgence de la situation est soulignée, alors que des entreprises comme Nestlé continuent de commercialiser leurs produits en violation des réglementations, se croyant intouchables. Un rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) en juillet 2022 avait déjà mis en avant dix recommandations pour améliorer la transparence sur la qualité des ressources en eau et les traitements appliqués.

La mobilisation citoyenne s’intensifie avec la pétition de foodwatch, qui réclame davantage de transparence, de contrôles et de sanctions appropriées. À ce jour, plus de 69 000 personnes ont rejoint cet appel, adressé quotidiennement aux ministres Bruno Le Maire et Marc Fesneau.

 

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