Le 1er janvier 2018, une nouvelle norme; censée protéger les consommateurs; ISO 16 128 est une duperie sans nom! Christian Papineau s’en insurge car avec cette norme trompeuse le contrôle des produits naturels ou bio et les ingrédients qui composent les produits n’est guère effectué. Explications.

 

Monsieur le Ministre d’État,

Au 1e janvier 2018, la norme ISO 16 128 est entrée en vigueur.

Cette norme porte sur une définition unifiée des cosmétiques naturels à l’échelle internationale et sur le caractère biologique ou naturel des ingrédients qui les composent.

Sa mise en application permet aujourd’hui à des fabricants de commercialiser des produits estampillés « naturels » sans pourcentage minimal d’ingrédients bio, sans liste noire d’ingrédients et sans aucun contrôle. Un produit pourra ainsi se revendiquer naturel, mais comporter une part d’ingrédients potentiellement nocifs sur la santé, issus d’OGM ou de la pétrochimie.

Cette norme encourage au greenwashing les fabricants de cosmétique traditionnels, en alléguant de manière trompeuse un caractère naturel au produit sans respecter les bonnes pratiques déontologiques prônées par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.

Rétablir la vérité par respect de nos pratiques et des consommateurs

Conservateurs controversés et allergisants, perturbateurs endocriniens, solvants d’origine pétrochimique, ingrédients issus d’OGM ou dérivés d’animaux morts, silicones…selon la norme ISO 16128, aucun ingrédient nocif ou contesté n’est banni, et ce en toute légalité.

Aucun cadre n’a été fixé pour assurer la traçabilité des ingrédients et l’étiquetage des produits, reposant uniquement sur la bonne foi des fournisseurs et fabricants. Une décision sans aucun respect pour les consommateurs, qui, face à tant d’opacité, risquent d’être induits en erreur et de se sentir trahis. Une volonté qui s’oppose au respect de l’Homme, de la Nature et de l’Environnement.

Une définition trompeuse de la cosmétique bio

La norme ISO 16128 a été élaborée par l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation), une organisation non-gouvernementale qui réunit les instances de normalisation de 162 pays membres. Elle rassemble une série de recommandations formalisées par des experts de 40 pays qui prétendent doter tous les labels nationaux d’un langage commun permettant de qualifier les ingrédients naturels et biologiques ainsi que leurs dérivés.

Il en résulte un document d’application volontaire, censé uniformiser la définition de certaines catégories d’ingrédients utilisés pour la fabrication des produits cosmétiques ainsi qu’une méthodologie commune pour calculer la teneur en composés naturels ou biologiques qui apparaîtra dans la formulation finale. Cette harmonisation, qui porte sur les ingrédients biologiques, naturels et leurs dérivés, est en totale opposition avec les valeurs historiques, les engagements et les garanties du naturel et du bio portées par COSMEBIO et Ecocert.

Le profit avant l’éthique ?

La norme méprise et décrédibilise la rigueur qui anime la cosmétique bio et naturelle depuis près de 20 ans et qui s’exprime au travers d’un cahier des charges strict concernant ses procédés de récolte, d’approvisionnement, ou encore de transformation des ingrédients.

Ce n’est pas qu’un acte de commerce. Le travail d’exigence et de rigueur effectué jusqu’alors par les associations et les organismes de certification européens (COSMEBIO, Ecocert, BDIH, Soil Association, ICEA) avait abouti, début 2017, au référentiel COSMOS qui harmonise les différents produits cosmétiques commercialisés en Europe.

Ce référentiel qui a nécessité près de 10 ans de travail et qui représente plus de 2000 marques distribuées dans plus de 50 pays, offre ainsi les mêmes garanties pour tous les consommateurs européens.

Ces organismes de certification représentaient donc des interlocuteurs légitimes pour un cadrage unifié au niveau international. Ils ont finalement quitté la table des négociations pour dénoncer des discussions qui s’orientaient dans le sens des lobbyings industriels de la cosmétique conventionnelle au détriment de la transparence de l’information, des entreprises vertueuses, et des intérêts des consommateurs.

À propos des Laboratoires E.V. ROIG

Depuis plus de 45 ans, les Laboratoires E.V. ROIG portent et défendent des valeurs éthiques et environnementales dans une démarche d’amélioration continue afin de garantir des produits efficaces et sains à sa clientèle. L’entreprise se conforme aux critères de qualité les plus exigeants, en étant membre de COSMEBIO et certifié Ecocert. Elle est aujourd’hui ébranlée par une norme qui met à mal le processus engagé, pour des raisons purement économiques.

Monsieur le Ministre,

Le cadrage international actuel de la cosmétique bio et naturelle dessine un avenir inquiétant qui nous amène à questionner la position du nouveau gouvernement à travers son Ministère de l’Environnement. Nous souhaiterions, Monsieur le Ministre, que vous nous éclairiez sur les axes d’engagements de notre gouvernement quant à l’avenir de la cosmétique bio et naturelle qui est actuellement affaiblie par les orientations prises par les acteurs internationaux de la cosmétique.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre d’État, l’expression de ma haute considération. Christian Papineau

Président