Anxiété, dépressions, pensées suicidaires… A l’heure où la raréfaction des relations sociales imposée par les restrictions sanitaires contribue à une « usure psychologique » généralisée (cf données CoviPrev), la question de « l’isolement relationnel » des Français en général et des publics fragiles en particulier (ex : précaires, étudiants…) s’impose comme un enjeu de santé publique de premier plan.

La France est-elle condamnée à une épidémie de solitude? À l’occasion de la journée mondiale de solitude (23 janvier), le pôle société de l’Ifop a dressé pour l’association Astree un tableau plutôt sombre de la situation dont François Legrand tire les principaux enseignements pour la Fondation Jean Jaurès.

Une montée sans précédent du sentiment de solitude en France

Un Français sur deux (49%) admet se sentir seul régulièrement ou occasionnellement (dont 18% « souvent »), soit un niveau nettement supérieur à celui observé les années précédentes (44% en 2018, 39% en 2014).

Une situation particulièrement alarmante pour la jeunesse

Contrairement à certaines idées reçues, les plus touchés par ce sentiment de solitude ne sont pas les seniors mais les jeunes de moins de 25 ans (69%, contre 40% des seniors) et plus particulièrement les étudiants au sein desquels ce sentiment de solitude atteint un niveau très largement supérieur (75%) à la moyenne des Français (48%).

Interruption des cours en présentiel, fermeture des bars, fin des activités sportives en club, arrêt des jobs étudiants…

Les personnes suivant des études supérieures sont aussi celles qui ressentent cet isolement relationnel le plus fortement : 28% des étudiants admettent se sentir seuls régulièrement, soit 10 points au-dessus de la moyenne nationale (18%).

La proportion de Français estimant que la compagnie des autres leur manque actuellement augmente aussi fortement

(+14 points par rapport au niveau mesuré avant la crise), notamment chez les étudiants où elle monte à 75%.

Les répercussions psychologiques de cet isolement sont graves

Si l’on en juge les indicateurs qui montrent que ce sentiment de solitude mine le moral des gens : les personnes se sentant toujours ou souvent seules sont significativement plus enclines à consommer des médicaments psychotropes (43% en ont pris au cours de l’année contre 23% pour l’ensemble de la population française) ou plus sujettes à des pensées suicidaires : 63% en ont fait l’expérience au cours de leur vie, contre 31% dans la population française.

La France est-elle condamnée à une épidémie de solitude? Le point de Francois Legrand sur les résultats de l’étude

Alors que les Français sont enjoints au respect des gestes barrières depuis maintenant plusieurs mois, les résultats de cette enquête mettent en évidence une poussée du sentiment de solitude dans la population. Près d’un Français sur cinq s’y déclare toujours ou souvent confronté et deux tiers d’entre eux indiquent désormais souffrir du manque de la compagnie des autres, soit une hausse de 15 points par rapport à 2018. Les étudiants et les publics les plus fragilisés économiquement sont les plus concernés. A cet égard, alors que les conséquences économiques de la crise sont redoutées, ces publics gagneraient peut-être à faire l’objet d’une attention accrue au plan psychologique et médical.

François Legrand, Chargé d’Etudes – département Opinion et stratégies d’entreprise, Ifop.

A lire :

Un sentiment de solitude

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La période que nous vivons est particulièrement déstabilisante : on se sent « victime » avec très peu de pouvoir sur les choses, de grandes difficultés à se projeter dans l’avenir et de surcroît on se retrouve à la maison – en couple – avec des habitudes totalement bousculées qui engendrent des situations d’insatisfaction.

Pour ce qui concerne les gens seuls, cette solitude devient encore plus pesante et peut entraîner de graves troubles.

C’est cette expérience ainsi que les nouvelles problématiques auxquelles nous sommes confrontées que Monique de Kermadec peut vous présenter et apporter des solutions

Les consultations qu’elle donne et les demandes de patients actuelles sont extrêmement liées à la période que nous vivons.

Monique de Kermadec «Il existe deux versants à la solitude, positif et négatif. Mon expérience clinique me démontre tous les jours que les richesses de la solitude positive permettent d’être créatif et de s’épanouir. En revanche, la solitude négative provoque de la détresse. J’ai consacré de nombreuses années à écouter les adultes exposés à ce fléau mal connu. Ces rencontres m’ont menée à une question essentielle: Peut-on faire de la solitude une force? C’est justement en cela que consiste mon rôle : aider la personne à trouver une source de construction individuelle

Un sentiment de solitude, Monique de Kermadec – Albin Michel