Depuis les découvertes de l’effet de l’hydroxychloroquine contre le COVID-19 et par les chercheurs chinois et le professeur Raoult, la communauté scientifique est divisée. Et nous nous posons la question : la chloroquine est-elle efficace contre le coronavirus? Réponses.
La chloroquine est-elle efficace contre le coronavirus? Les Académies nationales de Médecine et de Pharmacie constatent, au vu des données actuelles de la science, que la démonstration de l’efficacité clinique de la chloroquine n’est pas faite à ce jour.
Des présomptions existent cependant, en particulier la négativation de la charge virale d’un certain nombre de patients, qui justifient sa prise en considération par la mise en œuvre urgente d’essais cliniques afin de tester ce produit sur des critères cliniques.
L’Académie nationale de Médecine considère que la libération par les pouvoirs publics de l’hydroxychloroquine pour les malades hospitalisés en détresse respiratoire ne saurait être une réponse adaptée pour des patients dont la charge virale est, à ce stade, le plus souvent inexistante et dont la maladie n’est plus une virose stricto sensu mais une défaillance pulmonaire (syndrome de détresse respiratoire aigu) liée à l’inflammation induite par le Sars-CoV-2.
Des essais cliniques en cours pour trouver un traitement contre le coronavirus à l’échelle européenne
Les Académies nationales de médecine et de pharmacie considèrent que l’essai européen Discovery dont la méthodologie répond aux critères internationaux de bonne pratique des essais cliniques, permettra de déterminer si l’hydroxychloroquine ou d’autres molécules antivirales ont une efficacité chez les patients Covid-19.
Mais, au-delà des débats en faveur ou en défaveur de l’hydroxychloroquine à utiliser dans tel ou tel stade de la maladie, les Académies nationales de médecine et de pharmacie s’inquiètent :
- des nombreux achats d’hydroxychloroquine par des personnes non atteintes, à des fins souvent plus préventives que curatives, alors que toute prescription hors AMM devrait relever de la seule responsabilité du prescripteur à l’hôpital ;
- de l’utilisation de ce produit à des posologies individuelles sans surveillance médicale stricte, en raison de possibles effets indésirables particulièrement délétères chez les sujets âgés ;
- de l’utilisation possible, sinon probable de ce médicament sans contrôle électrocardiographique initial ni suivi, notamment en raison de la possibilité de cardiomyopathies ou d’induction de troubles du rythme cardiaque ;
- du danger que représentent les interactions médicamenteuses ignorées des patients entre l’hydroxychloroquine et certains des médicaments qu’ils prennent habituellement, si l’hydroxychloroquine devait être utilisée sur de grands effectifs de sujets, en particulier chez des patients âgés et polymédiqués, même pour une durée brève ;
- de confusions possibles dans la population entre chloroquine et hydroxychloroquine ;
- de la vente d’hydroxychloroquine sur Internet, voire de la vente de médicament falsifié sous ce nom, alors que la délivrance de ce médicament doit impérativement respecter les circuits médicaux et pharmaceutiques officiels ;
- de la difficulté prévisible de se procurer l’hydroxychloroquine pour les patients présentant une maladie auto-immune ou un rhumatisme inflammatoire alors qu’elle est indispensable à la poursuite de leur traitement habituel.