Fleuron de la recherche française dédié aux maladies du rythme cardiaque, l’IHU Liryc – L’Institut de Rythmologie et modélisation Cardiaque – a été fondé à Bordeaux en 2012 dans le cadre du Programme des Investissements d’Avenir initié par l’État français. Engagé dans la mission de santé publique de dynamiser la recherche et l’innovation médicale en France, en matière de dysfonctions électriques du cœur, l’institut travaille à inventer la médecine de demain pour révolutionner les traitements et la prévention de ces maladies. Une des dernières grandes avancées scientifiques qui mobilise les équipes expertes de Liryc aux côtés des industriels pionniers du secteur est la thérapie d’ablation par électroporation pour la prise en charge des maladies du rythme cardiaque, les fibrillations auriculaires. Zoom.

L’année 2021 a été marquée par le lancement du projet européen BEAT AF, qui regroupe 9 centres cliniques de renommée européenne, porté par Liryc, pour contribuer à la réduction de l’énorme fardeau de la fibrillation auriculaire (maladies du rythme cardiaque) qui touche plus de 11 millions de personnes en Europe. Sous l’égide du Professeur Pierre Jaïs, Directeur Général de Liryc, ce projet de recherche s’étale sur 5 ans.

La thérapie d’ablation par électroporation, une révolution thérapeutique pour sauver 11 millions de personnes en Europe

Aujourd’hui, les traitements médicamenteux étant peu efficaces, les médecins ont de plus en plus recours à l’ablation par cathéter. Cette technique de référence à l’échelle internationale permet de traiter les fibrillations auriculaires par l’utilisation d’énergies thermiques pour isoler les veines pulmonaires, afin d’exclure les sources d’arythmie. Bien que la radiofréquence et la cryoablation aient évolué, elles comportent un risque intrinsèque de dommages collatéraux et de rechute. L’objectif de cette étude est de démontrer que l’isolement des veines pulmonaires par électroporation est plus efficace, plus rapide et plus sûr que les autres traitements de référence.

Les essais cliniques du programme BEAT AF permettront aux équipes de Liryc de fournir les preuves de la supériorité de l’électroporation pour la fibrillation auriculaire et d’ouvrir la voie à d’autres études nécessaires pour confirmer et étendre les résultats du projet. Le travail de validation clinique aux côtés de l’industriel américain Farapulse, qui a développé la technologie, permet déjà depuis mars dernier d’utiliser la technologie en routine clinique chez les patients souffrant de fibrillation auriculaire. L’électroporation a le potentiel pour devenir l’énergie de référence dans les recommandations internationales. Une avancée d’envergure puisqu’au cours des 30 dernières années, aucune nouvelle technologie n’a atteint ce niveau d’espoir dans ce domaine. Une recherche d’ailleurs distinguée par l’Union européenne qui lui attribue 6 millions d’euros dans le cadre du programme Horizon 2020. Cette subvention publique contribue à investir dans de nouveaux outils technologiques dédiés à la recherche et à créer 7 emplois sur le territoire girondin.

L’électroporation, qu’est-ce que c’est ?

La thérapie d’ablation par électroporation consiste à produire de micro-chocs électriques de haut voltage pour ouvrir des pores à l’échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques ciblées, sans dommage pour les tissus collatéraux non cardiaques. Le progrès majeur de cette technologie réside dans le fait qu’elle ne lèse que le tissu cardiaque.

« L’ablation par électroporation représente une élévation monumentale de la norme de soins pour le traitement des patients souffrant de fibrillation auriculaire. Tout comme l’introduction de la technique d’isolation de la veine pulmonaire, mise au point à Bordeaux il y a 23 ans, l’électroporation est en mesure d’ouvrir une nouvelle ère pour l’ablation de la fibrillation auriculaire », explique le Professeur Pierre Jaïs.

Un programme riche en projets pour les 5 prochaines années

Intégré dans un écosystème dynamique, Liryc ambitionne de relever les défis scientifiques majeurs en matière de traitement et de prévention des maladies du rythme cardiaque grâce à une recherche décloisonnée et à un programme de formation ambitieux pour former les futures générations.

L’institut projette de poursuivre les grands programmes de recherche internationaux destinés à :

  • guérir la fibrillation auriculaire grâce à une meilleure compréhension des mécanismes de déclenchement et l’invention d‘outils thérapeutiques
  • prévenir la mort subite cardiaque par l’identification des facteurs de risques individuels et la conception d’outils de dépistage non invasifs.
  • améliorer les traitements de l’insuffisance cardiaque en comprenant mieux les mécanismes de développement et les facteurs permettant d’anticiper l’évolution de la maladie.

En matière d’innovation, l’institut   s’engage   dans le développement de nouvelles solutions thérapeutiques avec l’acquisition d’outils dernière génération, le développement de l’intelligence artificielle pour une personnalisation des thérapies, l’amélioration des outils d’IRM et la création d’une plateforme bio-ingénierie cardiaque pour le développement in situ de prototypes. Pour cela, Liryc s’appuie sur ses partenaires académiques, industriels et ses 3 start-up spin off : inHEART, OP2 Drugs et Certis Therapeutics. L’institut ambitionne d’ailleurs de créer une start-up chaque année.

Pour assurer le transfert de connaissances auprès des étudiants et des professionnels du monde entier, Liryc conçoit plusieurs programmes de formation, et lance pour cette rentrée, avec l’université de Bordeaux, un master II qui s’intègre dans un programme de « Graduate School Cardiac Electrophysiology ». Liryc travaille également à la mise en place d’un centre de formation sur simulateur pour l’entraînement aux dernières procédures d’ablation. Enfin, il souhaite renforcer la mobilité internationale et l’accueil de chercheurs