Avez-vous le droit de ne pas travailler quand il fait trop chaud ? Découvrez ce que dit la loi, les obligations de l’employeur et les risques pour votre santé.

 

Vous vous demandez si vous avez le droit de ne pas travailler quand il fait trop chaud ? En période de canicule, face à une vague de chaleur ou à une température extérieure qui dépasse largement les 30°C, la question est essentielle pour votre santé et votre sécurité au travail.

Droit de ne pas travailler quand il fait trop chaud : ce que dit la loi

Depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, un nouveau décret (n° 2025‑482 du 27 mai 2025) renforce les obligations des employeurs face aux fortes chaleurs.
Ce texte, issu du Plan santé au travail 2023‑2027 et du Plan national d’adaptation au changement climatique, a modifié le Code du travail pour mieux protéger les salariés lors des vagues de chaleur.

Désormais, dès le niveau « vigilance jaune – épisode de chaleur intense » annoncé par Météo-France, les employeurs doivent :

  • évaluer les risques liés à la chaleur via le DUERP (nouvel article R. 4463‑2),

  • adapter l’organisation du travail : pauses régulières, modification des horaires, voire suspension des tâches physiques aux heures les plus chaudes,

  • aménager les postes : ventilation, brumisateurs, zones d’ombre,

  • assurer l’accès à au moins 3 litres d’eau fraîche par jour en l’absence d’eau courante (article R. 4463‑4),

  • fournir des équipements adaptés (vêtements respirants, casquettes, lunettes filtrantes),

  • et former les salariés à reconnaître les signes du coup de chaleur.

L’inspection du travail peut désormais mettre en demeure l’employeur, avec obligation de se conformer sous 8 jours sous peine de sanctions.

Contrairement à ce que l’on croit parfois, le Code du travail en France ne fixe aucune température maximale précise au-delà de laquelle un employeur serait obligé d’arrêter toute activité.
Mais l’article R. 4121-1 du Code du travail est clair :

« L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. »

Autrement dit, dès que le thermomètre grimpe, votre employeur doit adapter les conditions pour garantir votre bien-être et réduire les risques liés aux fortes chaleurs.
Depuis juillet 2025, cette obligation a été complétée par de nouveaux articles (comme le R. 4463-2) qui précisent les mesures à prendre dès un épisode de chaleur intense.

Quelles obligations pour l’employeur en cas de fortes chaleurs ?

Dès que la température ambiante devient élevée, votre employeur est tenu par la loi de mettre en place des mesures pour éviter les problèmes liés à la déshydratation, à la transpiration excessive et à l’augmentation de votre température corporelle.

Cela comprend notamment :

  • Fournir de l’eau fraîche et potable, en accès libre, comme l’impose l’article R. 4225-2 du Code du travail.

  • Adapter les horaires de travail pour éviter les heures les plus chaudes, typiquement entre 12h et 16h.

  • Installer des dispositifs pour rafraîchir l’air, comme des ventilateurs, des stores ou des systèmes de climatisation.

  • Prévoir des pauses fréquentes dans un endroit climatisé ou à l’ombre pour aider le corps à se refroidir.

Le plan canicule, déclenché par Météo-France lors d’alertes vigilance orange rappelle régulièrement ces obligations aux entreprises.

Quels sont les risques pour votre santé si vous travaillez sous une forte chaleur ?

Lorsque vous travaillez dans un environnement très chaud, votre organisme augmente la transpiration pour se rafraîchir grâce à l’évaporation. Cela vous expose à plusieurs risques. Voici les effets de la chaleur sur votre corps :

  • Déshydratation, car vous perdez beaucoup d’eau et de sels minéraux ;

  • Crampes musculaires, liées à ces pertes hydriques ;

  • Fatigue accrue et baisse de la vigilance ;

  • Et dans les cas les plus graves, un coup de chaleur : forme d’hyperthermie où la température corporelle dépasse 40°C, nécessitant une prise en charge médicale immédiate.

Le Dr Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil et présidente du Réseau Morphée, souligne :

« La chaleur excessive est un facteur de risque majeur. Elle altère la concentration, augmente la fatigue et peut conduire à des urgences vitales comme l’hyperthermie ou l’insolation. »

Pouvez-vous exercer votre droit de retrait quand il fait trop chaud ?

Vous ne pouvez pas simplement décider de ne pas travailler parce qu’il fait chaud. En revanche, vous pouvez exercer votre droit de retrait si vous estimez que la chaleur constitue un danger grave et imminent pour votre santé.
C’est ce que prévoit l’article L. 4131-1 du Code du travail :

« Le travailleur peut se retirer d’une situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. »

Concrètement, si votre employeur refuse de prendre des mesures adaptées et que vous présentez des signes alarmants dus à un coup de chaleur (comme des vertiges, une soif intense, des maux de tête ou des nausées), vous pouvez alerter et exercer ce droit.

Attention cependant : ce droit doit être justifié. Un usage abusif pourrait vous exposer à des sanctions disciplinaires.

Comment se protéger efficacement pendant une vague de chaleur ?

Pour limiter les risques liés à la forte chaleur, aux températures élevées et combattre la chaleur voici quelques conseils simples à appliquer sur votre lieu de travail :

  • Boire de l’eau fraîche (mais attention pas glacée) en petite quantité tout au long de la journée et ce, même sans sensation de soif, pour maintenir votre hydratation (n’attendez jamais d’avoir soif, ce signal indique que vous êtes déjà déshydraté)

  • Porter des vêtements amples et légers, qui facilitent l’évaporation de la transpiration et réduisent la sueur excessive.

  • Utiliser un brumisateur pour vous mouiller la peau et aider votre corps à se rafraîchir.

  • Faire des pauses fréquentes dans un endroit frais, à l’ombre ou idéalement climatisé.

  • Éviter les efforts physiques soutenus en période de canicule et pendant les heures les plus chaudes.

 

Questions fréquentes sur le droit de ne pas travailler quand il fait trop chaud

 

Peut-on refuser de travailler quand il fait trop chaud ?

Le Code du travail ne fixe aucune température maximale pour arrêter l’activité. Vous pouvez néanmoins exercer votre droit de retrait si la chaleur présente un danger grave et imminent pour votre santé.

À partir de quelle température peut-on arrêter de travailler ?

Il n’y a pas de seuil légal précis. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande d’adopter des mesures dès 30 °C pour un travail sédentaire et 28 °C pour un travail physique.

Que doit faire l’employeur en cas de fortes chaleurs ?

Il doit fournir de l’eau fraîche, adapter les horaires, installer des ventilateurs ou de la climatisation, et protéger les salariés des risques de déshydratation et de coup de chaleur.

Quels sont les risques si on travaille sous une forte chaleur ?

Vous pouvez souffrir de déshydratation, de crampes, d’hyperthermie et de coup de chaleur, nécessitant parfois une intervention médicale rapide.

En résumé : avez-vous le droit de ne pas travailler quand il fait trop chaud ?

Il n’existe pas en France de seuil officiel au-delà duquel le travail doit s’interrompre à cause de la chaleur. En revanche, votre employeur a l’obligation d’assurer votre sécurité et de prévenir les risques liés aux fortes chaleurs, aux vagues de chaleur, à la déshydratation et à l’hyperthermie. Si ces mesures ne sont pas prises et que votre santé est menacée, vous pouvez exercer votre droit de retrait pour vous protéger.

 

 

Sophie Madoun