Le danger du cadmium est réel. Ce métal lourd toxique contamine les aliments courants. Découvrez les risques pour votre santé et comment s’en protéger.
Le danger du cadmium dans l’alimentation concerne chacun d’entre nous. Ce métal lourd toxique, classé cancérigène, s’est infiltré dans les aliments les plus banals : pain, céréales, pâtes, pommes de terre… sans que la plupart des Français en aient conscience. Issu notamment des engrais phosphatés importés, il contamine les sols, les cultures, puis notre organisme, où il s’accumule pendant des années, affectant les reins, le foie, les os et même les hormones. À l’approche de la Journée mondiale de l’environnement, les médecins libéraux sonnent l’alerte : ce poison invisible est un enjeu majeur de santé publique, et il est urgent d’informer, de prévenir et d’agir.
Quel est le danger du cadmium pour la santé humaine ?
Le cadmium est classé cancérigène certain pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Il agit à très faibles doses et son accumulation dans l’organisme est lente, insidieuse… et durable.
Ce métal provoque :
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Des maladies rénales chroniques,
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Une fragilisation des os (ostéoporose, fractures),
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Une altération de la fonction hépatique,
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Une perturbation hormonale (troubles du cycle menstruel, infertilité, prise de poids ou troubles de l’humeur) en raison de ses effets sur le système endocrinien,
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Une augmentation du risque de cancers, notamment du poumon et des reins.
Il peut rester plus de 20 ans dans l’organisme, en particulier dans les reins et le foie, sans s’éliminer naturellement.
Comment le cadmium se retrouve-t-il dans notre alimentation ?
Le principal vecteur d’exposition au cadmium est l’alimentation. Contrairement aux idées reçues, les aliments concernés ne sont pas des produits transformés ou importés, mais des produits de base :
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pain,
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pommes de terre,
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pâtes,
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céréales,
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riz.
Ces aliments sont contaminés par les engrais phosphatés riches en cadmium utilisés dans l’agriculture conventionnelle. Importés de régions où les normes sanitaires sont plus souples (notamment d’Afrique du Nord), ces engrais polluent durablement les sols français.
Les plantes absorbent le cadmium comme un nutriment, par leurs racines. Il entre ainsi dans la chaîne alimentaire et se retrouve dans notre organisme.
Des chiffres alarmants sur l’imprégnation des Français
Les études françaises sont formelles. Selon ESTEBAN (2014-2016) :
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Le taux moyen d’imprégnation au cadmium chez les adultes français a presque doublé en dix ans : 0,57 µg/g de créatinine contre 0,29 µg/g (ENNS 2006-2007).
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Ce taux est 3 fois supérieur à celui des adultes américains et 2 fois plus élevé que celui des Italiens.
Chez les enfants, la situation est encore plus préoccupante : les niveaux de cadmium détectés sont 4 fois supérieurs à ceux des enfants allemands ou américains.
Le danger du cadmium chez les enfants et les femmes carencées
Certaines populations sont particulièrement vulnérables :
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Les enfants, dont les organes en croissance sont plus sensibles aux toxines ;
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Les femmes ménopausées, souvent carencées en fer.
Pourquoi ? Parce qu’une carence en fer favorise l’absorption du cadmium. L’organisme compense le manque de fer en absorbant d’autres métaux… y compris les plus dangereux.
Jusqu’à 25 % des femmes ménopausées seraient concernées par cette carence, ce qui augmente fortement leur exposition.
Comment limiter le danger du cadmium dans l’alimentation ?
Il n’est pas possible de supprimer totalement l’exposition au cadmium, mais vous pouvez réduire les risques avec des gestes simples :
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Variez les sources de féculents : légumineuses, quinoa, riz, millet…
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Privilégiez les aliments bio : moins d’engrais chimiques = moins de cadmium.
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Évitez le tabac, une source directe et massive de cadmium.
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Corrigez une carence en fer, en consultant votre médecin.
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Consommez local et informez-vous sur les pratiques agricoles.
Le rôle des autorités : une réponse attendue
Face à l’ampleur du problème, les URPS Médecins Libéraux agissent sur deux plans :
Informer les citoyens
Des documents pédagogiques seront diffusés dans les cabinets médicaux pour sensibiliser la population aux risques du cadmium et aux moyens de prévention.
Interpeller le Gouvernement
Un courrier officiel a été envoyé pour demander un alignement sur les recommandations de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) concernant la teneur maximale autorisée en cadmium dans les engrais.
« Même en réduisant la contamination aujourd’hui, il faudra plusieurs décennies pour observer une baisse significative dans les sols », alerte l’ANSES.
« L’heure est au courage des solutions »
« Dans un contexte d’urgence sanitaire parfaitement documentée scientifiquement, il est de notre devoir d’interpeller la puissance publique pour actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre », déclare le Dr MEYVAERT, coordinateur du Groupe de Travail Santé Environnementale.
« La qualité de l’alimentation est également révélatrice des inégalités sociales. Il nous faut donc agir parallèlement sur la démocratisation de l’information pour permettre des mesures d’atténuation au sein des foyers. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. »
Foire aux questions (FAQ) : Tout savoir sur le cadmium
Qu’est-ce que le cadmium ?
Un métal lourd naturellement présent sur Terre, devenu toxique à cause de la pollution industrielle et agricole. Il est cancérogène et perturbateur endocrinien.
Quels aliments sont concernés ?
Pain, pommes de terre, pâtes, riz, céréales — tous issus de cultures exposées aux engrais phosphatés contenant du cadmium.
Quels sont les risques pour la santé ?
Maladies rénales, atteintes hépatiques, déminéralisation osseuse, cancers, dérèglements hormonaux.
Qui est le plus à risque ?
Les enfants, les fumeurs, et les femmes ménopausées en carence en fer.
Peut-on éliminer le cadmium ?
Non. Il s’accumule dans l’organisme pendant plus de 20 ans, principalement dans les reins et le foie.
Sophie Madoun