À l’occasion de la 6ème édition du Défi Rose, une campagne d’appel aux dons pour soutenir la recherche contre le cancer du sein, l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) et ses partenaires appellent le public de la région à soutenir la recherche sur les cancers du sein métastatiques qui représentent plus d’1 cancer du sein sur 10.

Les métastases, principale cause de décès par cancer du sein

Un peu plus d’une femme sur 10 risque au cours de sa vie d’être touchée par un cancer du sein qui, avec plus de 50 000 nouveaux cas par an, reste le plus fréquent des cancers chez la femme. Aujourd’hui, un cancer du sein pris en charge à un stade précoce, de petite taille, est guéri dans 9 cas sur 10. Mais pour les 10 % de femmes touchées par un cancer du sein évoluant vers le stade métastatique, comme pour celles diagnostiquées à un stade déjà avancé, l’arsenal thérapeutique est insuffisant, expliquent médecins et chercheurs. Or les métastases qui envahissent les autres organes sont la principale cause de décès chez les personnes atteintes d’un cancer du sein.

Une recherche d’une ampleur inédite sur 617 cancers métastatiques

Le nombre de mutations retrouvées dans l’ADN des cellules tumorales varie de quelques dizaines à des centaines de milliers, mais seules quelques-unes sont responsables de l’évolution du cancer. Il est maintenant établi que les mutations responsables de la progression des cancers sont acquises au cours de l’évolution de la maladie.

Le groupe de recherche d’oncologie prédictive codirigé par le Pr François Bertucci, Professeur à Aix-Marseille Université et praticien hospitalier à l’IPC et le Dr Daniel Birnbaum, Directeur de Recherche à l’Inserm, cherche à dresser la carte d’identité des métastases pour mieux les comprendre, préciser les mutations associées, prédire quelles patientes sont susceptibles de résister aux traitements, optimiser les choix thérapeutiques et développer de nouveaux médicaments. En collaboration avec le laboratoire du Pr Fabrice André de l’Institut Gustave Roussy, membre de la Fédération Unicancer comme l’IPC, ils ont séquencé 617 cancers du sein métastatiques dans le cadre d’un essai clinique. C’est une première mondiale par le choix de centrer l’étude sur les métastases mais aussi par l’ampleur du séquençage.

De nouvelles classes de tumeurs identifiées comme résistantes

Ils ont ainsi pu identifier de nouvelles classes de tumeurs définies par des mutations de gènes qui prédisent la résistance aux traitements standard. Ces résultats ont donné lieu à une publication dans la prestigieuse revue Nature. Les hypothèses soulevées par leur recherche vont maintenant être approfondies pour exploiter les pistes de recherche mises en évidence. Pour y parvenir, l’équipe de recherche a besoin du soutien des donateurs privés et des mécènes dans notre région.

LE CANCER DU SEIN EN CHIFFRES

• Un cancer à la hausse : en 30 ans, le nombre annuel de cancers du sein a presque doublé.

• Le 1er cancer féminin : près de 4 500 nouveaux cas chaque année dans notre région.

• La 1ère cause de décès par cancer chez la femme

LES 4 GRANDES DÉCOUVERTES DES ÉQUIPES DE RECHERCHE

1- Pour tous les sous-types de cancer du sein (hormonodépendant, HER2+, triple négatif), il y a plus d’altérations dans les métastases que dans les cancers primaires localisés.

2- Les métastases des cancers hormonodépendants présentent un nombre particulièrement important d’altérations qui leur permettent de résister aux traitements. Parmi ces mutations mises en évidence, plusieurs sont déjà ciblées par des médicaments déjà sur le marché et utilisés dans d’autres cancers. Donc, ils devraient être utilisés le plus tôt possible au cours de l’évolution de la maladie avant que de nouvelles mutations, et de nouvelles résistances aux traitements, n’interviennent.

3- L’évolution de la maladie vers un stade métastatique est associée à une augmentation des signatures mutationnelles liées à des facteurs cancérogènes ou à des défauts de réparation de l’ADN. Certaines de ces signatures ont été mises en évidence du fait de leur nombre important.

4- Le nombre de mutations dans la tumeur, ou « charge mutationnelle » s’avère beaucoup plus important dans les métastases que dans les cancers localisés. Cette charge, liée à la résistance aux traitements et à la progression de la maladie, devrait créer des conditions favorables à une bonne réponse à l’immunothérapie.

À terme, il sera possible d’identifier les patientes dont la métastase est susceptible de résister à tel ou tel traitement, de mieux les traiter, plus tôt, au cours de l’évolution de la maladie.