Les temps changent ! Et les pères prennent de plus en plus de congés paternité. Hélas, des inégalités persistent. Voici les tendances.

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur les congés pris par les parents à l’occasion de la naissance d’un enfant. Elle présente des résultats inédits sur l’évolution des pratiques entre 2013 et 2021 en termes de recours, durée et périodes de ces congés parmi les parents dont le plus jeune enfant a moins de 3 ans. Elle livre également des premiers constats sur la réforme du congé de paternité intervenue en juillet 2021. On découvre ainsi que de plus en plus de pères choisissent de prendre un congés paternité, mais nous allons également voir que les inégalités avec les femmes persistent malgré cette tendance croissante. Plongeons-nous dans les données récentes pour mieux comprendre ces changements.

Hausse de la prise des congés paternité par les pères

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié une étude révélant des résultats inédits sur les congés pris par les parents lors de la naissance d’un enfant. Cette étude couvre la période de 2013 à 2021 et se penche sur l’évolution des pratiques en termes de recours, de durée et de périodes de ces congés chez les parents ayant un enfant de moins de 3 ans. Elle comprend également des constats préliminaires concernant la réforme du congé de paternité mise en place en juillet 2021.

Évolution du congés paternité de 2013 à 2021 et premiers constats de la réforme de juillet 2021

Les données utilisées dans cette étude proviennent de la quatrième édition de l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants (MDG), menée par la DREES entre le 1er octobre 2021 et le 9 février 2022 auprès de ménages ayant au moins un enfant de moins de 6 ans. Ces données sont enrichies par les résultats d’une enquête qualitative réalisée auprès de pères bénéficiaires de la réforme du congé de paternité. Cette enquête vise à évaluer l’évolution des pratiques et des représentations paternelles au cours des trois premières années de la vie de l’enfant. La première phase de cette enquête à long terme a été menée entre avril et septembre 2022.

Taux de recours selon le statut professionnel et les secteurs d’activité

Une tendance notable est que les pères sont plus souvent éligibles au congé paternité que les mères ne le sont au congé de maternité. En 2021, parmi les parents ayant un enfant de moins de trois ans, 94 % des pères étaient éligibles au congé de paternité à la naissance de leur plus jeune enfant, tandis que seulement 82 % des mères étaient éligibles au congé de maternité (Graphique 1).

Toutefois, malgré leur éligibilité, les pères font moins souvent valoir leur droit au congé paternité que les mères au congé maternité. Seulement 71 % des pères éligibles prennent le congé paternité, comparé à 93 % des mères éligibles prenant le congé maternité. Cette différence est particulièrement marquée lorsque les pères sont au chômage, où seulement 13 % d’entre eux prennent le congé paternité, tandis que 76 % des pères en emploi le prennent. Cette moindre prise de congé par les parents au chômage pourrait résulter d’une méconnaissance de leurs droits, certains pensant qu’ils ne sont pas éligibles en raison des restrictions généralement associées à leur statut. De plus, chez les pères, le sentiment d’illégitimité lorsqu’ils sont au chômage peut être plus fort, malgré une durée de congé nettement plus courte.

Persistance des inégalités malgré l’augmentation des congés paternité

Une autre tendance révélée par l’étude est que les indépendants ont de plus en plus recours au congé paternité, bien que moins fréquemment que les salariés en contrat stable. Depuis sa mise en place en 2002 pour encourager les liens père-enfant, l’équilibre des tâches familiales et l’égalité professionnelle entre hommes et femmes, le congé paternité a connu un succès croissant. Entre 2013 et 2021, le taux de recours a légèrement augmenté, grâce à une augmentation du nombre de pères éligibles (passant de 91 % en 2013 à 94 % en 2021) et une hausse du recours parmi les pères éligibles (68 % à 71 %). Cependant, le taux de recours parmi les indépendants reste inférieur à celui des fonctionnaires et des salariés en CDI dans les secteurs public et privé. Les salariés en contrat court ou discontinu se situent entre les deux extrêmes. De plus, le recours partiel au congé paternité est plus fréquent parmi les pères indépendants ou en contrat court, suggérant un compromis entre la norme de présence paternelle et les contraintes professionnelles pour eux.

Enfin, une évolution significative est que les pères commencent plus fréquemment leur congé de paternité dans la semaine suivant la naissance. En 2021, avant la réforme du congé paternité, 72 % des pères ont entamé leur congé dans la semaine suivant la naissance de leur enfant, contre seulement 49 % en 2013 (Graphique 2). Cette augmentation montre une valorisation croissante du temps d’accueil du nouveau-né. Les premiers jours après la naissance sont de plus en plus considérés comme importants, que ce soit pour le premier enfant ou pour les naissances suivantes. Outre le congé paternité, environ deux pères sur cinq en emploi salarié déclarent, en 2021, avoir pris d’autres types de congés en complément, principalement des congés annuels. La durée de ces congés complémentaires varie considérablement. Depuis la réforme de juillet 2021, qui a allongé la durée du congé paternité de 11 à 25 jours et autorisé le fractionnement du congé, 65 % des pères bénéficiaires ont déjà pris la totalité des 25 jours de congé, principalement en une seule fois. Le fractionnement du congé répond à plusieurs logiques, notamment pour les pères cadres qui divisent le temps afin de ne pas s’absenter trop longtemps du travail en raison de leurs responsabilités managériales. Il peut également résulter d’ajustements organisationnels liés aux contraintes familiales et au mode de garde de l’enfant. Dans certains cas, les pères choisissent de passer du temps seul avec leur enfant à la fin du congé de maternité.

 

DREES