Selon une étude, ChatGPT est plus efficace que les médecins pour la prise en charge de la dépression. Explications.

Une étude publiée dans la revue Family Medicine and Community vient de mettre en avant le rôle que pourrait jouer ChatGPT dans la prise en charge de la dépression. Comparant ses recommandations à celles de médecins généralistes, les résultats pourraient bien redéfinir notre approche de la santé mentale.

La dépression touche 5 % des adultes à l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale de la santé. Face à cette maladie mentale caractérisée par une tristesse persistante, des troubles du sommeil et une perte d’intérêt, les individus se tournent principalement vers leur médecin traitant. Ce dernier, essentiel dans la détection et l’orientation thérapeutique, doit poser un diagnostic rapide et précis.

ChatGPT, pourrait jouer un rôle déterminant dans cette démarche. Sans être influencée par des préjugés, ChatGPT offre une analyse efficace et éclairée, surpassant parfois les choix des professionnels de santé. La prise en charge rapide de la dépression, qu’elle soit légère ou sévère, est cruciale. Et la technologie, en soutien au corps médical, pourrait s’avérer être une alliée de taille pour garantir des soins adaptés aux patients dépressifs.

L’intelligence artificielle ChatGPT 3.5 et 4 face aux médecins généralistes

Une récente de chercheurs de l’Oranim Academic College (Israël) et de l’Imperial College London, révèle que le robot conversationnel d’Open AI, notamment ChatGPT versions 3.5 et 4, montrent des performances impressionnantes dans la prise en charge de la dépression.

« L’étude suggère que ChatGPT… a le potentiel d’améliorer la prise de décision dans les soins de santé primaires ».

Dans cette étude vivante, les chercheurs se sont interrogés sur la capacité de ChatGPT à rivaliser avec 1 249 médecins généralistes, comprenant une majorité de femmes (73%), lors de la détermination de l’approche thérapeutique idéale pour traiter la dépression et les troubles de l’humeur.

ChatGPT meilleur que les médecins pour traiter la dépression ?

La question a été : « Que pensez-vous qu’un médecin de premier recours devrait suggérer dans cette situation ? » Et ChatGPT a reçu des suggestions de réponses, parmi lesquelles : rester en alerte tout en patientant, recommander une psychothérapie, prescrire des traitements pour la dépression, l’anxiété et les troubles du sommeil, combiner psychothérapie et médication, ou n’adopter aucune de ces démarches thérapeutiques.

Rappelons qu’en mai 2020, après la pandémie de Covid, 13,5% des personnes âgées de plus de 15 ans estimaient avoir été atteints d’un épisode dépressif ou encore être atteints de dépression et/ou d’anxiété. La majorité de ces individus sollicitent en premier lieu leur médecin généraliste pour une assistance. Les recommandations de traitement sont alors basées sur des directives cliniques éprouvées, qui préconisent généralement une stratégie adaptée à l’intensité de la dépression.

Pour les cas de dépression moins sévères, la HAute autorité de Santé (HAS) conseille généralement des approches douces comme la psychoéducation. Toutefois, en présence d’une dépression plus accentuée, le recours à la psychothérapie et à la médication devient nécessaire. Cependant, ces directives ne sont pas systématiquement appliquées. Les choix thérapeutiques peuvent également être influencés par des éléments tels que l’historique médical du patient, ses souhaits personnels ou d’autres troubles associés.

« On estime que 5 à 16 % des adultes en Europe et aux États-Unis se voient prescrire des antidépresseurs chaque année », expliquent les chercheurs de l’étude. Or, cette prescription est loin d’être justifiée surtout si les patients sont faussement diagnostiqués comme dépressifs sévères. « Lorsqu’ils prennent des décisions cliniques, les praticiens de soins de santé primaires sont fortement influencés par leurs compétences et leur formation », déclarent-ils.

Psychothérapie, médicaments ou une combinaison des deux ?

Afin d’obtenir des résultats pertinents, des vignettes ont été créées, mettant en scène divers profils de patients souffrant de dépression légère à modérée, accompagnés de symptômes tels que des troubles du sommeil et une perte d’appétit. Ces vignettes étaient variées, reflétant différents genres, origines ethniques et classes sociales. Suite à cela, ChatGPT a été sollicité pour donner son avis sur l’orientation thérapeutique à privilégier.

L’IA en accord avec les directives cliniques

Les résultats sont éloquents. Seulement 4% des médecins ont suggéré la psychothérapie comme solution unique en cas de dépression légère, en ligne avec les recommandations cliniques. En revanche, ChatGPT 3.5 et 4 ont recommandé une thérapie dans 95% et 97,5% pour les personnes ayant un syndrome dépressif. L’IA s’est également démarquée par son absence de préjugés liés au genre ou à la classe sociale, contrairement à certains praticiens.

La prescription médiale choisie ?

Dans 67,5 % des situations, les médecins ont prescrit des psychotropes avec une combinaison d’antidépresseurs inhibiteurs de la sérotonine ou autres (si idées suicidaires), d’anxiolytiques et de somnifères. Ils optent pour l’administration exclusive d’antidépresseurs dans 18 % des cas et se limitent à des anxiolytiques et somnifères dans 14 % des situations.

De son côté, ChatGPT tend davantage à recommander l’usage unique d’antidépresseurs, à hauteur de 74 % pour la version 3.5 et 68 % pour la version 4. Par ailleurs, ChatGPT-3.5 et ChatGPT-4 suggèrent, respectivement dans 26 % et 32 % des cas, l’association d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et de somnifères, une proportion plus élevée que celle des médecins.

Les implications futures de ChatGPT dans le domaine médical

Bien que l’étude souligne le potentiel indéniable de ChatGPT à améliorer la prise de décision dans les soins primaires, il est essentiel d’aborder les implications éthiques, en particulier en ce qui concerne la sécurité des données de santé et les risques potentiels de remplacer les médecins par l’IA. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour répondre à ces préoccupations.

« L’IA ne devrait jamais se substituer au jugement clinique humain dans le cadre du diagnostic ou du traitement de la dépression« .

 

Sources : Identifying depression and its determinants upon initiating treatment : ChatGPT versus primary care physicians, Family Medicine and Community Health (2023). DOI : 10.1136/fmch-2023-002391