Particulièrement actives au printemps et à l’automne, les tiques sont les principaux vecteurs d’agents pathogènes responsables de maladies infectieuses en Europe. Chez l’Homme, elles transmettent notamment la bactérie à l’origine de la maladie de Lyme. Les piqûres peuvent avoir lieu en forêt mais aussi dans les jardins.  Alors attention aux tiques y compris dans les jardins !

Certaines espèces de tiques peuvent transmettre des virus, bactéries ou parasites aux animaux et à l’Homme. En France, la principale maladie humaine liée aux tiques est la maladie de Lyme, provoquée par une bactérie du groupe Borrelia burgdorferi. En cas d’infection, un halo rouge caractéristique apparaît sur la peau quelques jours après la piqûre, le plus souvent autour de cette dernière, et s’étend de façon circulaire. En l’absence de traitement, la maladie peut provoquer des atteintes cutanées, musculaires, neurologiques et articulaires, parfois très invalidantes.
Pour éviter ce risque, quelques précautions peuvent être prises :

  • Utilisez des répulsifs, en privilégiant ceux disposant d’une autorisation de mise sur le marché et en respectant leurs conditions d’emploi : l’ensemble de ces informations figurent sur l’étiquette, l’emballage et/ou la notice des produits.
  • Portez des chaussures fermées et des vêtements couvrants de couleur claire, pour mieux repérer les tiques sur la surface du tissu.
  • Evitez de marcher au milieu des herbes hautes, des buissons et des branches basses et privilégiez les chemins balisés.
  • Inspectez-vous au retour de vos promenades.
  • En cas de piqûre, détachez immédiatement les tiques fixées à l’aide d’un tire-tique, d’une pince fine ou, à défaut, de vos ongles. N’utilisez en aucun cas de l’éther ou tout autre produit et désinfectez la plaie.
  • Surveillez la zone de piqûre pendant plusieurs jours et consultez votre médecin en cas de symptômes.

 

Si le risque de piqûre de tiques est souvent associé aux promenades en forêt, ce risque existe également dans les jardins : le taux de déclarations de piqûres est passé de 28% entre 2017 et 2019, à 47% lors du premier confinement, de mars à mai 2020. Ces  piqûres de tiques ont été signalées via l’application Signalement Tique développée par INRAE et le CPIE de Nancy-Champenoux, dans le cadre du programme de recherche participative CiTIQUE, auquel l’Anses est partenaire.

À Nancy, une chasse aux tiques dans les jardins pour aider les chercheurs

Si on sait qu’une partie des piqûres de tiques a lieu dans les jardins, peu d’études ont été faites dessus. Le projet de recherche participatif TIQUoJARDIN vient d’être lancé. Il est porté par l’Anses, INRAE, le labex ARBRE (recherches avancées sur la biologie de l’arbre et les écosystèmes forestiers), l’Université de Lorraine et le CPIEde Nancy-Champenoux. Les participants devront collecter les tiques présentes dans leur jardin, les apporter aux laboratoires et répondre à un questionnaire. Le but est de connaitre les espèces de tiques présentes, les agents pathogènes qu’elles transportent et les facteurs qui influencent la présence de tiques dans les jardins ainsi que les risques de piqûres : distance et connectivité avec une forêt, type de végétation dans le jardin, activités pratiquées…
En raison de la logistique liée à la remise du matériel nécessaire à la capture des tiques, le périmètre de l’étude est d’une trentaine de kilomètres autour de Nancy. La campagne de collecte se déroulera du 15 mai au 11 juillet. Pour connaître les modalités de participation, consultez le communiqué de presse.

Cartographie des tiques

Plus de 56 000 signalements de piqûres de tiques sur l’ensemble du territoire (humains et animaux confondus), plus de 35 000 tiques transmises et archivées dans la seule « tiquothèque » française de tiques piqueuses, plus de 2 500 tiques analysées : c’est le bilan remarquable du programme de recherche participative CiTIQUE, coordonné par INRAE depuis près de quatre ans, dans le cadre du Labex ARBRE, en partenariat avec l’Université de Lorraine, de l’ANSES et du CPIE Nancy Champenoux. Cartographier le risque de piqûre de tique en France est un programme qui mobilise les citoyens et les chercheurs pour mieux comprendre l’écologie des tiques et des maladies associées, dont la maladie de Lyme.

La maladie de Lyme est une zoonose, une maladie infectieuse transmissible de l’animal à l’être humain, qui peut se déclarer suite à une piqûre de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato. En 2019, le réseau Sentinelles a répertorié 50 133 cas en France métropolitaine, principalement dans le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne Rhône-Alpes et la Nouvelle Aquitaine. Grâce aux tiques collectées depuis 2017, le programme CiTIQUE a montré que 15% des tiques qui piquent les êtres humains étaient porteuses de cette bactérie, et 14% étaient porteuses d’un autre agent pathogène potentiellement dangereux pour la santé humaine et animale. Pour limiter l’apparition de ces maladies, qui touchent l’être humain et plusieurs espèces d’animaux domestiques et sauvages, CiTIQUE a depuis son lancement l’objectif de prévenir les risques liés aux tiques, en établissant une cartographie du risque de piqûres de tiques sur le territoire, en repérant les périodes et les origines des piqûres, tout en s’appuyant sur la sensibilisation et la formation des publics.

Dans le cadre du premier plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, lancé en 2016, CiTIQUE, coordonné par INRAE, s’est appuyé dès juillet 2017 sur la création de l’application gratuite « Signalement TIQUE » en partenariat avec le Ministère des Solidarités et de la Santé, mise à disposition de tous les citoyens. L’application, dont une nouvelle version[1] a été rendue publique en mai 2020 pour faciliter les remontées d’informations et personnaliser le suivi des piqûres, a été téléchargée plus de 70 000 fois en moins de quatre ans.

Risque de proximité : une forte hausse des piqûres de tiques signalées dans les jardins au printemps 2020

Alors qu’entre 2017 et 2019, 28% des personnes avaient déclaré s’être fait piquer dans un jardin privé en France, le taux de déclaration des piqûres dans ce lieu s’est élevé à 47% entre mars et avril 2020 sur l’ensemble du territoire métropolitain. Cette période liée au premier confinement strict du printemps 2020 (sorties interdites à plus d’1km du domicile) vient ainsi confirmer l’importance du risque de piqûres dans les jardins, ce milieu familier étant souvent moins perçu comme à risque par les particuliers que les sorties en forêt.

Alors que les principaux lieux de présence de tiques identifiés par le grand public sont les forêts, les zones boisées et humides, et les herbes hautes des prairies, le risque de piqûre dans les jardins publics et privés nécessite désormais des recherches spécifiques pour améliorer la compréhension de ce phénomène et rendre visible ce risque auprès des pouvoirs publics, des citoyens et des professionnels de santé.

Connaître les facteurs de présence des tiques dans les jardins : le projet original TIQUoJARDIN

TiQUoJARDIN est un dispositif original, porté par INRAE et l’Anses, qui doit permettre de mieux connaître le risque lié à la présence de tiques dans les jardins, comprendre les caractéristiques de ces jardins et identifier si ces tiques sont porteuses d’agents pathogènes.

À partir d’un kit de prélèvement transmis aux foyers volontaires de la ville de Nancy et des communes voisines, ce sont plus de 200 jardins qui vont être investigués et vont permettre à des citoyens volontaires de participer à des recherches novatrices, selon un protocole bien défini. L’ensemble des résultats sera mis à disposition de la communauté scientifique nationale et internationale ainsi que des citoyens, comme pour tous les résultats issus du programme CiTIQUE.

« Le projet TIQUoJARDIN est lancé localement dans un premier temps pour nous permettre de tester le protocole et d’optimiser notre organisation avant d’envisager un changement d’échelle. Cette première étape va nous permettre d’acquérir de nouvelles connaissances utiles pour prévenir ce risque de proximité. L’extension du dispositif à d’autres territoires nécessitera auparavant de consolider les soutiens au programme CiTIQUE dans son ensemble, comme observatoire des risques liés aux tiques. Pascale Frey-Klett, coordinatrice du programme CiTIQUE.

Participer à CiTIQUE c’est bien, ne pas se faire piquer c’est mieux ! Alors, en forêt comme dans les jardins, quelques rappels de prévention pour toute sortie :

  • Avoir un tire-tique et un désinfectant toujours à portée de main
  • Porter des vêtements longs, clairs et couvrants, et utiliser si possible un répulsif (il existe des répulsifs pour les vêtements et pour la peau, se renseigner en pharmacie sur les contre-indications enfants et femmes enceintes).
  • Porter un chapeau couvrant la tête et le cou, notamment pour protéger les enfants, qui ont la tête à hauteur des herbes hautes et des buissons.
  • Porter des chaussures hautes, le bas de pantalon dans les chaussettes, la blouse dans le pantalon.
  • Au retour, changer les vêtements et les passer au lave-linge à 60° ou au sèche-linge pendant au moins 1 heure car la tique n’aime pas la chaleur sèche.
  • Observer méticuleusement toutes les zones du corps, notamment les plis et les parties intimes, passer la main sur la peau pour sentir des éventuelles tiques accrochées. Se faire aider pour les parties difficiles à atteindre (dos, nuque, cuir chevelu, etc.). Répéter l’action le lendemain.
  • En cas de piqûre, retirer la tique avec le tire-tique. Toute autre méthode est à proscrire (huile, alcool, éther…).
  • Surveiller la zone de piqûre et son état de santé général pendant au moins J+30.

 

Un des objectifs de CiTIQUE est de collecter des données sur la répartition géographique des piqûres de tiques et des agents pathogènes qu’elles transportent en France, en fonction des milieux, de la météorologie et des saisons. CiTIQUE associe chercheurs et citoyens de tous âges, à toutes les étapes du programme, pour collecter ces données. Il s’appuie sur un large réseau de partenaires impliquant des scientifiques, des professionnels de différents secteurs, des acteurs publics et de l’éducation, et des associations. Un réseau de bénévoles s’est également organisé autour du Centre Permanent d’Initiatives pour l’environnement Nancy Champenoux, partenaire facilitateur de CiTIQUE, pour appuyer et faire rayonner le programme. Grâce à la forte mobilisation des citoyens, une première cartographie des piqûres de tiques et des agents pathogènes qu’elles transportent a pu être établie à l’échelle nationale et régionale, qui a vocation à s’enrichir des données nouvelles collectées quotidiennement par les citoyens. https://www.citique.fr/

Télécharger l’application > Pour Android : www.citique.fr/android – Pour iOS : www.citique.fr/ios

 

[1]Depuis le lancement de la version de mai 2020, on comptabilise 22 017 nouveaux utilisateurs pour 27 884 signalements de piqûres en une année.

 

INRAE

ANSES