Une équipe d’étudiants grenoblois a mis au point ExoSPY, une innovation qui pourrait transformer la prise en charge du cancer du pancréas, l’un des cancers les plus meurtriers. Diagnostic plus précoce, traitement plus ciblé : un pas de géant vers une médecine plus efficace.

 

Le cancer du pancréas, l’un des cancers digestifs les plus redoutés, pourrait bientôt bénéficier d’une innovation majeure grâce au projet ExoSPY.
Longtemps considéré comme un tueur silencieux, ce cancer reste aujourd’hui l’un des plus difficiles à dépister et à traiter.
C’est précisément ce défi que relève une équipe d’étudiants grenoblois : leur dispositif, baptisé ExoSPY, pourrait tout changer.
Grâce à de minuscules vésicules appelées exosomes, cette approche inédite vise à détecter plus tôt la maladie et à renforcer l’efficacité des traitements existants.

Un cancer du pancréas encore difficile à diagnostiquer

Le cancer du pancréas, tout comme le cancer du sein ou le cancer du poumon, fait partie des tumeurs malignes les plus complexes à diagnostiquer et à soigner.
En cancérologie, cette forme de cancer digestif se distingue par sa prolifération tumorale rapide et sa forte résistance aux traitements.
Son évolution silencieuse en fait un véritable défi pour les équipes médicales, les essais cliniques et les spécialistes de l’oncologie digestive.

Souvent, la maladie se développe sans provoquer de signes visibles.
Les premiers symptômes — douleurs abdominales diffuses, jaunisse, fatigue persistante ou perte de poids inexpliquée — apparaissent lorsque la tumeur pancréatique a déjà atteint un stade avancé.
C’est ce qui rend son diagnostic précoce particulièrement difficile : seule une biopsie ou un scanner peut confirmer la nature tumorale de la lésion.

Dans la majorité des cas, le cancer du pancréas est découvert trop tard pour permettre une ablation chirurgicale curative.
Les traitements existants, comme la chimiothérapie, la radiothérapie ou certaines formes d’immunothérapie expérimentale, ne parviennent pas toujours à stopper les métastases une fois installées.
Cette réalité explique pourquoi le pronostic vital reste sombre, malgré les progrès de la thérapie moléculaire et de la recherche sur les lymphocytes T dans la lutte contre le cancer.

Face à ce constat, la communauté scientifique se mobilise.
Les chercheurs multiplient les essais cliniques pour améliorer le dépistage, la prise en charge thérapeutique et les chances de guérison durable.
L’objectif est clair : détecter la maladie plus tôt, avant la prolifération métastatique, lorsque les cellules cancéreuses sont encore localisées et qu’une thérapie ciblée peut réellement changer le cours du traitement.

Détection précoce du cancer du pancréas : le rôle des exosomes

Avant de comprendre comment le projet ExoSPY s’en sert pour détecter la maladie, il faut savoir ce que sont les exosomes.
Ces nanovésicules biologiques, produites naturellement par les cellules souches, notamment celles de la peau, jouent un rôle crucial dans la communication entre cellules.
Elles transportent des protéines, de l’ARN et d’autres messages moléculaires qui influencent le fonctionnement cellulaire — y compris dans les tissus tumoraux et cancéreux.

Dans le domaine de l’oncologie, ces messagers minuscules ouvrent des perspectives inédites pour le cancer du pancréas, une pathologie particulièrement maligne et souvent métastatique.
Grâce à leur capacité à circuler dans tout l’organisme, les exosomes peuvent détecter des mutations précoces, repérer des cellules anormales et servir de vecteurs thérapeutiques ciblés.

En pratique, cela signifie qu’ils pourraient aider à établir un diagnostic plus fiable et à concevoir des thérapies de nouvelle génération capables d’atteindre la tumeur principale et ses ganglions lymphatiques.
Cette approche, encore expérimentale, s’inscrit dans la médecine de demain notamment pour guérir le cancer du pancréas : une cancérologie clinique plus précise, où chaque cellule devient à la fois indicateur et acteur du traitement.

ExoSPY : une piste prometteuse pour le cancer du pancréas

Le projet ExoSPY, développé par dix étudiants de Grenoble INP – Phelma, de l’UFR de pharmacie de l’UGA et du BUT Métiers du multimédia de Chambéry, s’appuie sur les exosomes : de minuscules vésicules naturellement sécrétées par nos cellules.

Les étudiants les ont modifiés génétiquement pour qu’ils deviennent de véritables capteurs biologiques.
À leur surface, ils portent une protéine spéciale – la claudine-4 – capable de se fixer sur les cellules tumorales du pancréas, reconnaissables à leur porosité accrue.

« Notre objectif est double : diagnostiquer le cancer du pancréas le plus tôt possible et proposer une thérapie ciblée qui améliore le pronostic des patients », explique Héloïse Ployon, étudiante-ingénieure en troisième année à Grenoble INP – Phelma, UGA.

Un diagnostic précoce du cancer du pancréas grâce à l’imagerie médicale

Le diagnostic du cancer du pancréas repose souvent sur des examens d’imagerie comme le scanner, l’IRM ou parfois une biopsie pour confirmer la nature tumorale des lésions. C’est ainsi que pour rendre ces cellules messagères visibles, les chercheurs en herbe les ont remplies de particules de gadolinium, un agent de contraste déjà utilisé lors des IRM.
Une fois fixés sur les tissus anormaux, les exosomes libèrent ce gadolinium, rendant les lésions précancéreuses détectables par imagerie.
C’est une étape cruciale : un diagnostic précoce contre le cancer du pancréas pourrait sauver des milliers de vies chaque année.

Vers un traitement plus ciblé du cancer du pancréas

Mais ExoSPY ne se contente pas de repérer les tumeurs cancéreuses : il aide aussi à les combattre.
Les étudiants ont intégré dans les exosomes des nanoparticules d’or.
Lors d’une radiothérapie, ces particules chauffent sous l’effet des rayons X, ce qui renforce l’action du traitement tout en diminuant la dose de rayonnement.
L’idée est simple : attaquer plus précisément la tumeur, en épargnant les tissus sains.

Ce principe de radiothérapie augmentée pourrait améliorer la tolérance des traitements, réduire les effets secondaires  et prolonger la survie des patients atteints d’un cancer du pancréas avancé.

Une aventure humaine et scientifique contre le cancer du pancréas née à Grenoble

Le projet réunit dix étudiants venus d’horizons complémentaires : ingénierie, pharmacie, biologie et communication.
Ils participeront fin octobre au concours iGEM 2025 du MIT, la plus grande compétition mondiale de biologie de synthèse.

Leur prototype a déjà été testé en laboratoire sur des lignées cellulaires, et les premiers essais d’irradiation sont en cours à l’Institut des neurosciences de Grenoble.
Au-delà de la prouesse technique, ExoSPY symbolise une nouvelle façon d’apprendre et d’innover : en équipe, en open science, avec un but concret.

« Ce projet nous confronte à de vraies problématiques de recherche et nous apprend à gérer un projet de A à Z », souligne Héloïse Ployon.
Les étudiants espèrent que leur travail, mis en libre accès, pourra être repris par d’autres laboratoires pour aboutir à une application clinique.

Comme pour d’autres types de cancers, notamment ceux du côlon, du poumon ou de la prostate, les avancées sur le cancer du pancréas reposent aujourd’hui sur une meilleure compréhension de la biologie moléculaire et du système immunitaire.
Les chercheurs explorent de nouvelles pistes thérapeutiques, allant de l’immunothérapie aux traitements moléculaires ciblés, en complément des approches chirurgicales et des chimiothérapies traditionnelles.
L’objectif reste le même : limiter la prolifération tumorale, prévenir les récidives et améliorer les chances de guérison durable.

Pourquoi cette avancée change la donne pour le cancer du pancréas ?

Le cancer du pancréas reste l’un des plus complexes à diagnostiquer et à traiter.
Aucune méthode de dépistage de masse fiable n’existe encore, et la prise en charge oncologique repose toujours sur la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, souvent à des stades avancés.

Le projet ExoSPY ouvre une voie totalement nouvelle : en combinant détection ultra-précoce et thérapie ciblée, il propose une approche double — mieux identifier la maladie et mieux la traiter, en réduisant les dommages sur les tissus sains.

L’utilisation d’exosomes capables de repérer les cellules cancéreuses et d’amplifier les effets de la radiothérapie pourrait, à terme, transformer la cancérologie clinique du pancréas.
C’est la promesse d’une médecine de précision, où biologie cellulaire et physique médicale se rejoignent pour améliorer le pronostic et offrir un nouvel espoir aux patients.

Perspectives

Si les essais confirment ces premiers résultats, ExoSPY pourrait devenir un outil clé du diagnostic et du traitement du cancer du pancréas.
Une avancée encore expérimentale, mais qui illustre à quel point la recherche biomédicale française avance sur des terrains que l’on pensait inaccessibles.

 

Tout savoir sur le Cancer du pancréas et le projet ExoSPY

Qu’est-ce que le cancer du pancréas ?

Une tumeur maligne qui se développe dans le pancréas, un organe essentiel à la digestion et à la régulation de la glycémie. La cancer du pancréas est souvent détecté tard, d’où son fort taux de mortalité.

Comment fonctionne ExoSPY ?

Ce système utilise des exosomes modifiés qui se fixent sur les cellules cancéreuses du pancréas, les rendent visibles à l’IRM et renforcent l’effet de la radiothérapie grâce à des nanoparticules d’or.

S’agit-il déjà d’un traitement du cancer du pancréas ?

Pas encore. ExoSPY en est à la phase expérimentale. Mais les premiers résultats montrent un potentiel réel pour améliorer le diagnostic du cancer du pancréas et la précision des traitements.

Pourquoi parle-t-on d’espoir pour le cancer du pancréas ?

Parce qu’une détection plus précoce du cancer du pancréas et une radiothérapie plus ciblée augmenteraient fortement les chances de survie des patients.