La lèpre, maladie infectieuse chronique, pourrait bientôt bénéficier d’un traitement simplifié grâce à la bédaquiline, un antibiotique déjà utilisé contre la tuberculose multirésistante.

 

La lèpre : vers la simplification du traitement de la maladie ? Une étude au Mali montre que la bédaquiline, déjà utilisée contre la tuberculose résistante, pourrait réduire la durée du traitement antibiotique et améliorer la lutte contre les formes résistantes de Mycobacterium leprae.

La lèpre : vers la simplification du traitement de la maladie grâce aux recherches de Sorbonne Université, de l’Inserm et du CNRS

La lèpre, ou maladie de Hansen, reste une maladie infectieuse chronique qui touche près de 200 000 personnes par an dans le monde. Son traitement antibiotique, basé sur une polychimiothérapie d’une durée d’environ un an, est efficace mais reste long, lourd et contraignant.
Une équipe du Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses (rassemblant Sorbonne Université, l’Inserm et le CNRS) a participé à un essai clinique innovant au Mali. Les résultats, publiés dans le New England Journal of Medicine, montrent que la bédaquiline pourrait représenter une avancée majeure pour simplifier le traitement de la lèpre et mieux contrôler les souches résistantes.

La lèpre : une maladie infectieuse encore présente en 2025

  • Causée par la bactérie Mycobacterium leprae, la lèpre reste une maladie tropicale négligée.

  • Elle se transmet par voie aérienne lors de contacts prolongés.

  • Sans soins, elle entraîne lésions cutanées, atteintes nerveuses et handicaps irréversibles.

  • Chaque année, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense environ 200 000 nouveaux cas, surtout en Inde, au Brésil et en Afrique.

 

Traitement de la lèpre : pourquoi une simplification est nécessaire ?

 

Le protocole actuel, recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé, repose sur une polychimiothérapie associant trois antibiotiques : rifampicine, clofazimine et dapsone.

  • Durée moyenne : 6 à 12 mois.

  • Contraintes : prises quotidiennes, suivi médical strict.

  • Effets secondaires : anémie, troubles digestifs, coloration de la peau.

  • Problème majeur : apparition de souches résistantes.

Ces limites expliquent l’importance de trouver des alternatives pour simplifier le traitement de la maladie et améliorer l’observance thérapeutique.

La bédaquiline : un antibiotique au service de la simplification du traitement de la lèpre4

 

La bédaquiline, utilisée depuis 2012 contre la tuberculose multirésistante, agit en bloquant une enzyme vitale pour les bactéries. Des travaux scientifiques ont montré son activité antibactérienne contre Mycobacterium leprae.

L’essai clinique au Mali

Au Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses (Sorbonne Université / Inserm / CNRS), une équipe a participé à un essai clinique à Bamako (Mali) impliquant 30 patientes et patients atteints de lèpre.

Le protocole :

  • 8 semaines de monothérapie à la bédaquiline,

  • suivies de la polychimiothérapie recommandée par l’OMS.

Les biopsies cutanées ont été analysées grâce à la microscopie, la PCR quantitative, des tests de viabilité moléculaire et des tests murins.

Résultats : la bédaquiline simplifie-t-elle vraiment le traitement de la lèpre ?

Les résultats publiés dans le New England Journal of Medicine sont très encourageants :

  • Réduction massive de la charge bactérienne,

  • Baisse significative de la viabilité des bacilles (un seul patient présentait encore des bactéries vivantes après traitement),

  • Amélioration clinique rapide, avec disparition des symptômes actifs chez la majorité des participants.

Les chercheurs concluent : « Ces résultats suggèrent une possible réduction de la durée du traitement, une meilleure maîtrise des formes résistantes et un espoir de progrès thérapeutique pour cette maladie souvent négligée. »

Tableau comparatif : traitement actuel vs bédaquiline

 

AspectTraitement actuel (polychimiothérapie)Avec bédaquiline (perspectives)
Durée12 moisPotentiellement réduite à quelques mois
MédicamentsRifampicine, Clofazimine, DapsoneBedaquiline + polychimiothérapie OMS
ContraintesPrises quotidiennes, suivi lourdProtocole plus simple et court
Effets secondairesAnémie, troubles digestifs, coloration cutanéeTolérance possiblement meilleure
RésistancesRisques croissantsActif sur souches résistantes
GuérisonOui, mais traitement difficileVers une guérison plus rapide et accessible

 

FAQ – La lèpre et la bédaquiline

La lèpre existe-t-elle encore aujourd’hui ?

Oui, environ 200 000 nouveaux cas sont recensés chaque année dans le monde, notamment en Inde, au Brésil et en Afrique.

Quel est le traitement actuel de la lèpre ?

La polychimiothérapie de l’OMS dure environ un an et associe rifampicine, clofazimine et dapsone.

La bédaquiline peut-elle simplifier le traitement de la lèpre ?

L’essai clinique au Mali montre que 8 semaines de bédaquiline suivies de la polychimiothérapie pourraient réduire la durée du traitement antibiotique et améliorer la lutte contre les formes résistantes.

La lèpre est-elle une maladie curable ?


Oui, la maladie de Hansen peut être guérie avec un traitement adapté mais l’objectif est désormais de le rendre plus court, tolérable et accessible.

Sophie Madoun