L’espérance de vie des Français s’est allongée de vingt-cinq ans en un siècle et le quart de la population a plus de 65 ans. L’amélioration de l’hygiène de vie et les progrès de la médecine expliquent cette évolution. Passée la retraite, comment vivre pleinement ces longues années ? Et si l’on vivait jusqu’à 100 ans ?
Le vieillissement commence par notre rapport à nous-même et aux autres. On ne se voit pas vieillir. Et l’on ne voit pas vieillir nos proches. Mais bien avant notre propre vieillesse nous sommes confrontés à celle de nos parents. Voir ses proches s’affaiblir, être plus souvent malades ou fatigués est souvent difficile. L’angoisse de mort est alors prégnante : pour eux mais aussi pour nous-même. Fini le temps de l’enfance. Notre place d’adulte s’ancre et avec elle une certaine perte d’insouciance. Ces angoisses peuvent nous empêcher ; et de fait empêcher nos parents ; de vivre pleinement le temps qui passe. Car nous ne pouvons ni l’escompter ni le prédire. Et si l’on vivait jusqu’à 10 ans après tout ? ! Rien ne sert d’avoir peur de la dépendance car elle n’est en rien inéluctable ! En effet, d’après l’étude de l’INSEE d’août 2007, seules 7 % des personnes des plus de 80 ans sont dépendantes et moins de 42% de la population des plus de 90 ans le sont. Prometteur !
Contrairement aux idées reçues, en vieillissant les cellules nerveuses ne disparaissent pas. Seules les personnes souffrant d’une maladie dégénérative perdent leurs neurones. Certes, le cerveau ne fonctionne pas de la même façon que lorsque l’on était plus jeune mais les capacités de raisonnement restent intactes. Il n’existe donc pas de sénilité liée à l’age ! De plus, contrairement aux moins de 70 ans pour lesquels les facteurs environnementaux sont décisifs pour atteindre un âge avancé, il n’en n’est rien pour les personnes plus âgées où le facteur génétique est prépondérant. Il n’empêche que même à un âge avancé l’hygiène de vie et une alimentation saine sont indispensables. Et ce d’autant plus que l’on croit à tort qu’en vieillissant nos besoins énergétiques diminuent. « Faux ! » nous explique Virginie Balès diététicienne, « beaucoup de personnes âgées sont sous-nutris ce qui entraîne de graves carences et des malaises. Avec l’âge il faut continuer à manger de tout même si les portions sont moindres ».
Vieillir c’est dans la tête !
En vieillissant les mouvements sont plus lents, l’ouïe plus faible, la vue moins perçante et les réflexes moins prompts. Ces affaiblissements successifs sont souvent mal vécus. Les exercices physiques deviennent alors indispensables.
Par un exercice physique régulier, il est alors possible de prévenir l’affaiblissement et les raideurs musculaires, la décalcification osseuse, les maladies cardio-vasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète. Pour ce faire, nul besoin de se rendre dans une salle de sport : la marche quotidienne, les tâches ménagères, le jardinage,… sont autant d’exercices à pratiquer sans modération. Mais toujours avec plaisir. Car le physique et le psychisme sont indissociables ! Un cercle vertueux entre ces deux composants est donc à établir. De plus, la curiosité est une composante clé. Pour l’entretenir, la lecture, l’écriture, les mots croisés ou les jeux de logique, le cinéma, le théâtre, la radio, sont autant de moyens de l’entretenir. Toutes ces activités permettent de ne plus se focaliser sur ses petites douleurs, de regretter le temps où il était possible d’accomplir les tâches quotidiennes sans difficulté aucune.
Comme l’explique le docteur Olivier de Ladoucette, psychiatre et gériatre : « On peut vivre avec ses soucis de santé sans que cela devienne le centre de sa vie. Il faut cesser d’imaginer que, bien vieillir, c’est vivre en bonne santé jusqu’à 90 ans ».
Il est donc impératif de cesser d’être l’esclave du faire ou de l’avoir, et se consacrer davantage à l’être. Pour garder son capital santé et psychique il est indispensable de cesser de culpabiliser et d’accepter le temps qui passe. Parfois, un travail sur ses regrets de n’avoir pas pu faire tout ce qu’on souhaitait lorsque l’on était jeune est à effectuer.
Une personne vieillissante a besoin de conserver une image intacte d’elle-même et se doit de profiter de la vie autant qu’avant. Le but étant d’explorer toutes ses ressources intérieures afin que le vieillissement soit une expérience heureuse et sereine. Cela peut se faire d’autant mieux qu’en vieillissant nous ne sommes plus astreints comme le déclare John Cowper Powys dans son essai sur l’art de vieillir aux « exigences, nécessités, devoirs obligations, responsabilités, quêtes, plaisirs, rivalités, aventures, passions, ambition, intrigues ».
Une liberté sans entrave est à porter de main. La liberté d’être soi.
Rompre la solitude
Cependant, pour être bien, le lien social doit être conservé. Il est important de maintenir des liens familiaux et sociaux. De nouer de nouvelles relations à travers des clubs, des associations, du bénévolat, de s’occuper des générations précédentes. Ce sont autant de moyens que l’on se donne pour changer son système de valeur et donner du sens à sa vie.
Comme le déclare Marie de Hennezel « La clé du bien vieillir est de faire confiance à la vie parce que la vie va toujours de l’avant et offre toujours quelque chose à découvrir. En ayant ce regard confiant et de curiosité c’est une force qui permet de vivre jusqu’au bout ».
De par son positionnement dans la hiérarchie générationnelle la personne âgée est indispensable. Si l’entourage est moins sollicitant, il vous observe, car un jour, il sera amené à explorer le monde qui est le vôtre. De ce fait, vous devenez utile sur le plan existentiel. C’est à vous, à présent, de montrer comment l’on peut réussir son avancée en âge, malgré les épreuves de l’existence. La transgénération est donc primordiale. Concluons par les dires du Professeur Forette, gérontologue ancrez-vous en tête que vieillir « n’est pas un problème mais un privilège ».
Philippe Pitaud, Docteur en sociologie et Directeur de l’Institut de gérontologie sociale de Marseille fournit dans son ouvrage Bien Vieillir : 100 ans et plus ? Une analyse précise sur les facteurs tant sociaux, psychologiques que physique pour garder la forme le plus longtemps possible. De précieux conseils sont distillés tout au long du livre.
Alors, si on vivait jusqu’à 100 ans ?
Voici les clés du bien vieillir :
– créer un projet de vie
– entretenir des liens familiaux et amicaux
– maintenir une activité sociale
– vivre le présent
– soyez curieux !
– soyez optimistes
– Mangez équilibré
– ayez une activité physique
– aimez les autres
– organisez vos journées
– ayez des projets
– ayez de l’autorité
– adapter votre habitation
Bibliographie :
Vieillir en pleine santé, Andrew Weil- Presses du Châtelet
Le syndrôme de Diogène, Régine Detambel – Actes Sud
Bien Vieillir : 100 ans et plus ? – Philippe Pitaud – Editions Erès
Rester jeune c’est dans la tête, Olivier de la Doucette – Odile Jacob
La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller, Marie de Hennezel – Robert Laffont
Sophie Madoun