Les maladies chroniques du foie se caractérisent par une inflammation persistante qui peut mener à une fibrose hépatique ou une cirrhose et, éventuellement, à une transplantation de foie. Mais une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’Inserm et d’Université Paris-Cité a montré que bloquer l’activation des lymphocytes T MAIT pourrait aider à stopper la progression de la fibrose et même la faire régresser. Cette découverte pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la prise en charge thérapeutique des patients atteints de maladies du foie.
La cirrhose est une maladie chronique du foie qui touche plusieurs centaines de milliers de personnes en France et qui peut entraîner la mort. Elle résulte d’une inflammation persistante qui provoque une fibrose hépatique, c’est-à-dire une cicatrisation excessive du tissu hépatique, conduisant finalement à une insuffisance hépatique nécessitant une transplantation. Les scientifiques cherchent donc à comprendre comment réguler cette inflammation pour développer de nouveaux traitements.
Qu’est-ce qu’une fibrose hépatique ?
La fibrose hépatique est une maladie chronique du foie caractérisée par une accumulation excessive de tissu cicatriciel qui se forme dans l’organe en réponse à une inflammation persistante. Lorsque l’inflammation dure longtemps, les cellules du foie appelées hépatocytes sont endommagées, ce qui stimule la formation de cellules appelées myofibroblastes. Ces dernières sont responsables de la production excessive de collagène, un composant clé du tissu cicatriciel.
Au fil du temps, le tissu cicatriciel se développe, ce qui peut entraîner une diminution de la fonction hépatique et une altération de la structure de l’organe. Si la fibrose hépatique n’est pas traitée, elle peut évoluer vers une cirrhose, qui est un stade plus avancé de la maladie. La cirrhose hépatique est souvent irréversible et peut entraîner une insuffisance hépatique, nécessitant parfois une transplantation du foie.
A quoi est-ce dû ?
Les principales causes de la fibrose hépatique sont l’alcoolisme, l’hépatite virale chronique et la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), qui est associée au diabète et à l’obésité. D’autres causes moins fréquentes comprennent les maladies auto-immunes, les maladies héréditaires du foie, l’exposition à des toxines hépatiques et les infections parasitaires.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes de la fibrose hépatique peuvent varier en fonction de la gravité de la maladie. Au début, les patients peuvent ne présenter aucun symptôme ou ressentir une fatigue et une perte d’appétit. À mesure que la maladie progresse, les patients peuvent développer des symptômes tels que des douleurs abdominales, une jaunisse et une accumulation de liquide dans l’abdomen.
Comment la diagnostiquer ?
Le diagnostic de la fibrose hépatique est généralement effectué à l’aide d’une combinaison d’examens médicaux, de tests sanguins, d’examens d’imagerie et de biopsies hépatiques.
Comment la traiter ?
Le traitement de la fibrose hépatique dépend de la cause sous-jacente de la maladie et de la gravité de la fibrose. Il peut inclure des modifications du mode de vie, telles que la perte de poids et l’abstinence d’alcool, des médicaments pour réduire l’inflammation et la fibrose, et dans les cas les plus graves, une transplantation du foie.
Faire régresser la fibrose hépatique
En 2018, l’équipe de la chercheuse Sophie Lotersztajn avait découvert que des cellules immunitaires appelées lymphocytes T MAIT contribuaient à la progression de la fibrose du foie. Dans leur nouvelle étude, les scientifiques ont montré que bloquer l’activation de ces cellules grâce à un traitement pharmacologique permettait de limiter l’inflammation et de stopper la progression de la fibrose, voire de la faire régresser.
Cette découverte est importante car elle ouvre de nouvelles perspectives de traitement pour les patients atteints de maladies chroniques du foie. Elle montre également l’importance de mieux comprendre les mécanismes inflammatoires qui conduisent à la fibrose et à la cirrhose.
« La cirrhose est un problème majeur de santé publique. Alors que le seul traitement est la transplantation de foie, notre travail permet d’ouvrir d’autres pistes thérapeutiques pour cibler l’inflammation et parvenir à stopper, voire même à faire régresser la fibrose. Il faut maintenant poursuivre les recherches, notamment pour développer des candidats médicaments ciblant et inhibant les MAIT », explique Sophie Lotersztajn.
Ce travail est le fruit d’une collaboration entre l’équipe des Drs Sophie Lotersztajn et Hélène Gilgenkrantz, (centre de recherche sur l’inflammation (CRI) Inserm-Université Paris Cité), l’équipe du Dr Valérie Paradis au CRI (également service de Pathologie hôpital Beaujon), le service d’anesthésie-réanimation (Pr Emmanuel Weiss), les équipes de l’Institut Curie (Dr Olivier Lantz), de l’Institut St Louis (Dr Michèle Goodhardt) et Génosplice (Dr Pierre de la Grange).
Cette étude fait l’objet d’une publication dans la revue Nature Communications.