Le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (GIEC) publié ce lundi 20 mars vient d’être présenté et l’urgence climatique est bel et bien là. Explications.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son sixième rapport, soulignant que le changement climatique menace le bien-être de l’humanité et la santé de la planète. Selon le rapport, une fenêtre d’opportunité se ferme rapidement pour garantir un avenir vivable et durable pour tous. Les délégations de 195 pays ont approuvé le « résumé pour les décideurs » du rapport, qui résume les connaissances actuelles sur le changement climatique, ses conséquences et les solutions à y apporter. Cependant, les efforts actuels pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ne suffisent pas pour stabiliser le réchauffement climatique.
La Terre s’est déjà réchauffée de 1,1°C depuis l’ère préindustrielle
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappelle en premier lieu que les activités humaines, telles que la combustion des énergies fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz, ont entraîné une augmentation croissante des émissions de gaz à effet de serre. Cette situation a conduit à une concentration de CO2 dans l’atmosphère atteignant un niveau « la plus élevée depuis au moins 2 millions d’années ».
« Les activités humaines, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre, ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète »
En conséquence, il y a eu un réchauffement « incontestable » de la température moyenne de la Terre de +1,1°C par rapport à la période 1850-1900, ainsi qu’une augmentation du niveau de la mer de 20 centimètres entre 1901 et 2018. Le GIEC précise que la hausse attribuée aux activités humaines est de 1,07°C.
« Cela a conduit à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes, qui ont eu des effets de plus en plus dangereux sur la nature et les populations dans toutes les régions du monde », rapporte le Giec.
Un terrible réchauffement climatique
Ces dernières décennies, le réchauffement climatique a entraîné une multiplication d’événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations, les incendies et les cyclones tropicaux sont plus fréquents et plus intenses. Le rapport de synthèse souligne également que le niveau moyen de la mer a augmenté de 20 cm entre 1901 et 2019, que cette augmentation s’accélère et que le niveau de la mer continuera à augmenter pendant des siècles. Le GIEC constate également que les conséquences actuelles du réchauffement sont plus graves que ce qui avait été prévu. De plus, le rapport indique que plus de 40 % de la population mondiale, soit 3,3 à 3,6 milliards de personnes, vivent dans des contextes très vulnérables aux changements climatiques.
Des milliers d’espèces animales et végétales ont subi des disparitions locales, menaçant la biodiversité. Les risques sanitaires ont augmenté, entraînant une augmentation de la mortalité et de la morbidité liées à la chaleur, aux maladies et aux pénuries alimentaires. La production agricole mondiale est également affectée, menaçant la sécurité alimentaire dans certains pays, tandis qu’environ la moitié de la population mondiale connaît une grave pénurie d’eau pendant au moins une partie de l’année.
Ces conséquences sont souvent combinées, entraînant de nombreuses répercussions. Par exemple, l’augmentation des épisodes météorologiques extrêmes a exposé des millions de personnes à de graves problèmes de sécurité alimentaire et hydrique. Chaque dixième degré supplémentaire de réchauffement aura des conséquences plus graves touchant davantage de personnes. À l’heure actuelle, près de la moitié de la population mondiale est déjà exposée aux risques climatiques.
L’avenir sera conditionné par nos émissions de gaz à effet de serre
À court terme, le réchauffement de la planète devrait se poursuivre et atteindre 1,5°C (par rapport à 1850-1900) au plus tard au début des années 2030, selon le GIEC. Plusieurs scénarios ont été modélisés en fonction de nos émissions de gaz à effet de serre. Si ces dernières sont faibles, il sera possible de limiter le réchauffement à moins de 2°C, voire 1,5°C en cas de forte baisse. Toutefois, les politiques actuelles nous conduisent à un réchauffement de 3,2°C en 2100, ce qui signifie un monde invivable dans de nombreuses régions et pour de nombreuses espèces.
Seule une réduction rapide, forte et soutenue des émissions de gaz à effet de serre limiterait le réchauffement proche de 1,5°C ou sous 2°C
« Le réchauffement climatique lié aux activités humaines affecte déjà de nombreux extrêmes météorologiques et climatiques dans toutes les régions du monde », explique le rapport.
Il existe des solutions pour faire face à l’urgence climatique selon le GIEC
Il est possible de faire face à l’urgence climatique, comme l’a souligné le GIEC. Collectivement, nous disposons des connaissances, des outils et des capitaux mondiaux nécessaires pour relever ce défi, les gouvernements jouant un rôle crucial dans ce processus. Cela implique une transformation réelle de nos sociétés avec des mesures d’envergure dans tous les secteurs, déployées rapidement. Si les décideurs politiques sont alignés sur les objectifs climatiques, de nombreuses options réalisables, efficaces et peu coûteuses sont disponibles à court terme, certaines ayant même des impacts positifs immédiats. En outre, de nombreuses mesures climatiques ont des bénéfices connexes tels que la réduction des inégalités et la lutte contre la faim dans le monde. Par exemple, la lutte contre les émissions de méthane et la pollution atmosphérique aurait des avantages considérables pour la santé en plus de limiter les effets du réchauffement.
Le rapport souligne également l’ampleur de la tâche à laquelle doivent maintenant s’attaquer les citoyens et les pays du monde entier. En se basant sur les actions actuellement en cours, le président du GIEC, Hoesung Lee, a déclaré que « nous marchons alors que nous devrions courir ». Pour limiter le réchauffement à 1,5°C, il faudrait une réduction de 43 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 2019 et 2030, puis une réduction de 84 % d’ici 2050. Pour limiter le réchauffement à 2°C, la réduction serait mécaniquement moindre, mais tout de même importante (-21 % d’ici à 2030, -64 % d’ici à 2050).