Alors que la France s’apprête à accueillir une session de négociations sur le futur traité international sur la pollution plastique en mai, l’association No Plastic In My Sea et ses partenaires, Réseau Consigne, Réseau Vrac et l’Institut du Commerce, lancent un appel pressant à accélérer les transformations en matière de production et de distribution, ainsi qu’à appliquer sans délai l’ensemble des articles de loi AGEC dans le pays.

Le rapport intitulé « 500 solutions à la pollution plastique et 12 recommandations » met en évidence la maturité des modes de conception et de distribution alternatifs du plastique, notamment autour du réemploi et du vrac. Les auteurs du rapport invitent les grands groupes et les distributeurs à adopter les solutions recensées, qui permettent d’éliminer de nombreux plastiques à usage unique et de s’engager fortement dans le réemploi. Cette invitation arrive à un moment opportun, alors qu’un budget de 50 millions d’euros est ouvert par les éco-organismes.

«Tous les rapports internationaux appellent à développer des actions plus ambitieuses contre la pollution plastique; l’Union européenne estsur cette ligne en proposantnotamment d’inscrire dans le futur traité international des objectifs de réduction de la production de
plastique1.

Notre rapport démontre que de nombreuses solutions de réduction et de réemploi sont aujourd’hui suffisamment matures pour pouvoir être déployées à large échelle. Il appartient aux acteurs économiques de s’en saisir sans attendre, pour enfin réduire la courbe exponentielle de la production de plastique».

Muriel Papin, Déléguée Générale de Plastic with my sea

La lutte contre la pollution plastique : des actions insuffisantes en France et en Europe

Malgré l’interdiction de certains types de plastiques et de produits à usage unique par la Directive européenne sur les plastiques à usage unique et la Loi AGEC, les actions menées en France et en Europe demeurent incomplètes. Les bouteilles en plastique continuent d’être largement mises sur le marché, constituant le premier plastique à usage unique retrouvé sur les plages européennes. Les pollutions liées aux emballages de la consommation nomade, aux microplastiques, aux mégots et au matériel de pêche ne sont pas suffisamment évitées.

« Le réemploi des emballages doit être une priorité absolue afin d’en finir avec l’usage unique. Les structures du réemploi, fédérées au sein de Réseau Consigne se développent partout en France et sur tous les secteurs. Elles peuvent accompagner les entreprises dans cette nécessaire transformation afin de démocratiser l’accès aux emballages réemployables. »

Alice Abbat, Coordinatrice de Réseau Consigne

Pire encore, la mise en application de la loi rencontre des résistances et des difficultés, notamment en ce qui concerne le développement de points d’eau et la réduction de 50% des bouteilles en plastique d’ici 2030. Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’urgence d’agir a été rappelée par la pollution aux granulés de plastique sur la façade atlantique et par trois rapports récents dénonçant l’insuffisance des mesures actuelles et la nécessité impérieuse de réduire la production de plastique.

Référencement de plus de 500 solutions pour combattre la pollution plastique

Le rapport « 500 solutions à la pollution plastique et 12 recommandations » compile des solutions innovantes en France et à l’étranger pour réduire l’emballage, promouvoir le réemploi et encourager l’éco-innovation. Ces initiatives rentables, qui s’éloignent des modèles de consommation traditionnels, sont compatibles avec les contraintes industrielles. Pourtant, il est essentiel de les mettre à l’échelle pour qu’elles deviennent la nouvelle norme.

12 recommandations pour une application efficace de la loi Agec

Pour lutter contre la crise de la pollution plastique et microplastique, les associations ont mis en place 12 recommandations pour accélérer la réduction des plastiques à usage unique et soutenir les jeunes entreprises françaises pionnières dans les solutions alternatives. Ces recommandations visent également à se conformer à un cadre réglementaire en évolution constante et à une prise de conscience mondiale de la nécessité de lutter contre les sources de pollution plastique et microplastique.

« Pour faire disparaître le plastique de nos océans, le mieux est de les supprimer depuis nos placards. Régler les problèmes à la source est toujours plus efficace que d’agir sur les conséquences. La consommation en vrac tend à éliminer le plastique à usage unique de nos habitudes plutôt que d’autres aient à le ramasser sur nos plages. »

Célia Rennesson, Directrice du Réseau Vrac

Pour agir contre la pollution plastique en accélérant la transformation de nos modes de production et distribution voici les recommandations des associations

agissons-contre-la-pollution-plastique-en-accelerant-la-transformation-de-nos-modes-de-production-et-distribution1/ Nous encourageons les producteurs et distributeurs de boissons et d’eau en bouteille à proposer un plan visant à réduire de 50 % les bouteilles en plastique mises sur le marché d’ici 2030 par rapport à 2020, conformément à l’objectif fixé par la loi Agec. Il est temps de ne plus se concentrer uniquement sur le recyclage et de considérer les alternatives à la bouteille en plastique, qui peuvent réduire considérablement l’empreinte plastique.

2/ Nous encourageons tous les établissements recevant du public (ERP) qui n’ont pas encore installé et signalé les points d’eau requis par la loi Agec à rattraper leur retard d’ici juin 2023 (initialement prévu en janvier 2022).

3/ Nous appelons tous les secteurs concernés par l’obligation de 5 % de réemploi en 2023 à développer des solutions dès le premier semestre en utilisant le budget de réemploi de 50 millions d’euros annoncé par les éco-organismes, ainsi que les 500 solutions référencées dans notre rapport et les structures du réemploi industriel en France (lavage, logistique, traçabilité…).

4/ Nous demandons aux producteurs (et aux distributeurs pour leurs marques propres) de développer des recharges concentrées à diluer associées au réemploi d’une première bouteille pour les produits contenant de l’eau (boissons, entretien, soins du corps et des cheveux) et/ou les produits solides.

5/ Nous encourageons les chaînes de restauration à développer le réemploi pour la vente à emporter ou livrée, et les collectivités locales à soutenir des projets en utilisant le budget réemploi mis à disposition par les éco-organismes (une partie des 50 millions d’euros est dédiée aux collectivités locales).

6/ Nous appelons les grandes marques de consommation à proposer une partie de leurs produits en vrac et la grande distribution à anticiper ses obligations en matière de vrac. En effet, les magasins de plus de 400 mètres carrés doivent consacrer au moins 20 % de leur surface de vente à des produits vrac d’ici janvier 2030.

7/ Nous invitons les distributeurs à utiliser toutes les solutions mises en place par leurs homologues français et étrangers pour réduire le plastique, et à être exemplaires sur leurs marques distributeur.

8/ Nous encourageons à donner un signal favorable sur les prix du réemploi et du vrac dans une période d’inflation. Nous appelons les producteurs et les distributeurs à penser à leur offre de vrac et de réemploi/consigne de manière à envoyer un message positif aux consommateurs en termes économiques.

9/ Nous appelons le gouvernement, les éco-organismes et les entreprises à accompagner les consommateurs dans le réemploi par le biais de campagnes de communication massives, au même niveau d’investissement que celles réalisées depuis des années sur le tri.

10/ Nous encourageons la poursuite de l’optimisation des emballages à usage unique et des produits via l’éco-conception dans une logique de réduction des emballages inutiles, de recyclabilité/incorporation de matière recyclée et de substitution

« Et si je suis le seul à prendre le risque du changement? Et si ma hiérarchie ne me soutient pas? Et si nous investissons dans le mauvais système? Et si la concurrence me copie? Et si les consommateurs ne suivent pas? Et s’il est déjà trop tard…
Le temps du « et si » est révolu. Passons à l’action. Toutes les solutions sont disponibles dans ce guide pour faire autrement et sortir de notre addiction à l’usage unique.
L’Institut du Commerce accompagne depuis 2018 avec conviction, sérieux et enthousiasme son écosystème à faire cette bascule.
Nous faisons collaborer les marques, les enseignes, les prestataires, le monde académique, les autres organisations professionnelles pour que le parcours d’achat écoresponsable des
consommateurscitoyens devienne désirable et accessible partout et pour tous. »

Emilie Chalvignac, directrice des opérations de l’Institut du Commerce

 

Sources agissons contre la pollution plastique en accélérant la transformation de nos modes de production et distribution :

1 Etude d’impact de la comission européenne 

2 Index plastique de la fondation australienne  Minderoo , Rapport « Peak Plastics : Bending the cunsumption curve» de The Economist Impact et de la Nippon Foundation et Rapport de l’association 5 Gyres , qui alertent sur l’insuffisance des mesures actuelles.