Le Centre Hospitalier « La Valette », vient d’aménager un jardin thérapeutique en psychiatrie. Intégré dans un processus d’accompagnement en post sevrage, le jardin est conçu pour se réconcilier avec la vie, aider les patients à retrouver leur indépendance et limiter les risques de rechute.
Le jardin thérapeutique en psychiatrie : un palliatif au rituel dans la prise de substances
La dépendance à certaines substances telles que l’alcool, drogue, tabac, alimentation… ou à des addictions sans produit (jeux d’argent, internet…) peuvent entraîner désocialisation, isolement, dépression, suicide… L’accompagnement d’un patient souffrant de troubles addictifs est complexe. Pour enrayer leur dépendance et détourner leur envie de consommer, ils doivent retrouver un sens à la vie, se sentir utiles et s’ouvrir à de nouveaux centres d’intérêts. Ce jardin Terramie de 700 m2 a été conçu pour répondre à des besoins médicaux, psychologiques, éducatifs et sociaux. Au travers de ses représentations, il s’agit de construire ou reconstruire des approches poétiques, esthétiques, occupationnelles, ludiques ou de sérénité dans un contexte thérapeutique.
Le jardin thérapeutique a plusieurs fonctions :
⁃ Jardin d’activités : les personnes dépendantes ont besoin de diversifier leurs habitudes. Elles doivent réapprendre le travail en s’occupant, en ayant des responsabilités, des horaires à respecter… « Les patients doivent à nouveau prendre soin d’eux et retrouver leur corps, ce dont ils n’ont souvent plus conscience. Ils doivent retrouver ce corps sain dans un esprit sain » indique Nathalie Joulié Morand, Directrice Développement Terramie.
« Sur le plan pédagogique et organisationnel, il faut impulser l’outil jardin à tous. Sur les 1ères approches, l’objectif est avant tout de recréer une dynamique de travail, de faire quelque chose à plusieurs et d’avoir un but dans la journée. Nous sommes dans l’offre de soins ». indique le Docteur Crouzet qui prescrit le jardin thérapeutique à ses patients. Les patients vont pouvoir s’occuper des potagers, des jardinières et des fruitiers, ils vont tailler les végétaux, embellir les plantations, créer de nouveaux massifs, agrandir cet espace : c’est avec l’équipe soignante qu’ils vont construire et développer ce jardin.
⁃ Jardin sensoriel : les 5 sens sont activés. L’ouïe et l’odorat ouvrant sur l’imaginaire, les patients réapprennent à trouver leur propre rythme et s’autorisent à « lâcher-prise ». Les fonctions cognitives sont également stimulées. Les patients redécouvrent qu’ils peuvent ressentir du plaisir, de la joie, du bien-être, d’autres sensations, autrement qu’avec l’objet d’addiction.
⁃ Jardin prise de parole : lors d’entretiens motivationnels, le jardin offre aux patients et aux soignants des espaces aménagés donnant une résonance au jardin protecteur. Il y a moins d’écart entre eux, on se parle d’égal à égal et les liens humains, l’empathie, le besoin de parler de soi et de son parcours sont encouragés. Dans un lieu neutre, la parole est plus aisée et libre, le travail d’accompagnement psychologique est facilité. Le jardin incite le patient à sortir de sa position de « malade » et lui permet de s’exprimer autrement, de ne pas systématiquement évoquer ce qui ne va pas, mais aborder son existence avec recul. Tout cela aide le patient à retrouver l’estime de soi, une harmonie intérieure et un sens à sa vie.
⁃ Jardin promenade : un autre rapport dans un lieu neutre, non médicalisé. « Quand les mots ne suffisent pas toujours à rendre compte et quand les souvenirs sont trop douloureux ou honteux face à ses proches, partager un moment différent, dans un lieu protecteur et naturel favorise la détente
et le réconfort avec la famille. Le jardin offre sans cesse des situations nouvelles permettant d’appréhender la réalité de manière différente, de rompre les préjugés » explique Nathalie Joulié Morand. Un support thérapeutique complémentaire à l’offre de soins globale du parcours de santé La filière addictologie assure la coordination des soins tout au long du parcours hospitalier du patient et prépare le projet thérapeutique individualisé après sa sortie. L’équipe soignante assure un suivi et un accompagnement vers la réinsertion via une prise en charge pluridisciplinaire, notamment par des entretiens, évaluation et suivi médicaux et psychologiques et l’organisation de séances d’activités thérapeutiques collectives et/ou individuelles. Chaque patient bénéficie d’un projet individualisé.
Le Jardin Terramie, comme support d’activités thérapeutiques, s’intègrera dans la prise en charge du patient. Ainsi les répercussions du jardin sur leur bien-être seront évaluées. Cette évaluation comportera également un volet portant sur la famille et l’entourage, permettant d’apprécier son utilisation comme lieu de rencontre et d’échanges interpersonnels.
Des fiches de suivi patient seront créées, facilitant ainsi le suivi des activités réalisées par chacun d’entre eux. Par exemple en cas de ré hospitalisation, les soignants pourront reprendre le projet avec eux. Il est également envisagé que les patients puissent repartir chez eux avec une bouture ou une plante dont ils se sont particulièrement occupés pendant leur séjour. « Un élément du jardin va leur rappeler ce qu’ils ont réussi à faire lorsqu’ils étaient en établissement » précise Nathalie Joulié Morand.
S.C.