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A L’horizon 2020, 1 français sur 5 sera touché par un trouble de santé mentale au cours de sa vie. L’âge de survenue de ces troubles psychiques diminue avec le temps : les premiers signes se déclarent autour de l’âge de 14 ans. Malgré une prise de conscience publique de cette problématique majeure de santé, malgré la reconnaissance du handicap psychique comme constitutif de cette maladie invalidante, malgré la création de réponses d’accompagnements adaptés en aval de l’hospitalisation2, le problème ne cesse de croître. Heureusement des solutions existent.

 Les adolescents sont particulièrement exposés aux troubles de santé mentale, preuve d’une certaine fragilité naturellement liée au jeune âge. Cette tendance se confirme chez les jeunes adultes qui sont eux aussi particulièrement touchés par ce phénomène. Heureusement des solutions existent!

L’une des premières difficultés réside dans le fait d’intervenir dès l’émergence des premiers symptômes, de savoir repérer les signes précurseurs. Puberté, crise d’adolescence, drogue, alcool… S’agit-il d’un changement de comportement, d’une fragilité émotionnelle ou d’un problème plus grave et sous-jacent ?

Une importante stigmatisation

Les préjugés autour des troubles de santé mentale sont très répandus et l’on comprend mal ces situations. Bien qu’il existe des traitements efficaces, on persiste à penser qu’il n’est pas possible de traiter les troubles mentaux, que les personnes qui en sont atteintes sont dangereuses et asociales et qu’elles sont incapables de prendre seules des décisions.

Aujourd’hui, rien n’est pire que ce diagnostic qui fait des maladies mentales les injures les plus graves faites à autrui, jusque dans les cours d’écoles ! (« t’es schizo, t’es un malade mental, t’es ouf… »). Cette stigmatisation entraîne de la maltraitance, l’exclusion et l’isolement des personnes et leurs proches, dissuadant ainsi les personnes touchées d’avoir recours à des soins ou à du soutien.

Des pathologies occasionnant de graves complications

Les maladies mentales et leurs traitements associés accroissent le risque de contracter d’autres maladies : maladies cardio-vasculaires ou diabète, mais aussi infection au VIH. Les suicides sont très fréquents dans cette population : 12 000 suicides par an, dont une part importante chez les jeunes ; 20% des personnes souffrant de troubles bipolaires par exemple. Plus de la moitié d’entre elles ont entre 15 et 44 ans. Or ces suicides pourraient être évités par de justes soins et un juste accompagnement.

 L’entourage de ces jeunes en souffrance

Pourtant, c’est du diagnostic précoce que va dépendre le pronostic et le devenir du jeune malade.

Ces troubles sont donc difficiles à diagnostiquer. Qui peut imaginer un problème de maladie mentale ? Ce diagnostic représente un tel séisme dans une famille que personne n’ose y penser. « Et puis çà ne peut pas nous arriver à nous ! Pas à lui ! Pas à notre enfant ! »… Cet enfant qui, lui-même, continue à faire bonne figure, à dire que tout va bien, à s’isoler, s’extraire des regards inquiets en se disant avec les copains, quitte à rester seul en errance avec son mal être… c’est l’étape du déni et cette étape peut être très longue, plusieurs années parfois.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Chaque année, 12 000 personnes souffrant de troubles de santé mentale se suicident, dont une part importante d’adolescents. Les familles face au désarroi d’un enfant malade

 

L’importance du diagnostique précoce tant pour les familles que pour le malade

Le retard dans l’accès aux soins, le temps nécessaire pour poser un diagnostic, la durée des hospitalisations pour caler les traitements et stabiliser la personne, l’entraînent souvent vers l’âge adulte… quand il n’est pas déjà adulte lors de la première crise… C’est donc tardivement, lorsque le cap de la priorité aux soins est franchie, que l’on constate la désinsertion du malade et sa conséquence sur les proches : il (elle) a interrompu ses études, revient à la maison sans autonomie, sans ressource, sans projet… l’envie de redémarrer dans la vie se confronte à la réalité : manque de formation, CV avec des vides qu’il va falloir commenter, sans compter la fatigue ou les besoins de temps pour maintenir les traitements… comment construire la convalescence ? Comment rebondir ? Heureusement la famille, les parents sont là. Oui, mais ?…

La cohabitation est souvent difficile : « secoue toi ; va chercher un job ; prend tes médicaments» … Ces formules masquent le plus souvent la grande détresse des parents. Chacun espère encore que les choses vont redevenir comme avant.

Le lien entre maladie mentale et difficile adaptation sociétale est majeur. C’est l’absence de prise en compte de cette réalité qui fait le plus souvent le lit de la rechute.

Car le parent doit endosser les rôles les plus ingrats : celui de gardien de la santé, par la prise des médicaments, de régulateur de l’humeur pour garder le meilleur climat possible par la limite des tensions et éviter de nouvelles crises, de stimulateur pour aider son proche à garder ou retrouver confiance en lui-même, de protecteur, notamment s’il est le gardien des biens de son enfant ou si celui-ci se replie sur lui-même face aux préjugés ou violences dont il peut être victime…

Et voilà qu’à leur tour les parents deviennent eux même victimes de la maladie, car l’entourage se délite autour d’eux par peur ou méconnaissance de la maladie, parce qu’ils se sentent abandonnés avec leur problème, parce que personne ne leur offre de solution, pas plus à court qu’à moyen ou long terme… que faire ?

Les troubles de santé mentale peuvent toucher n’importe qui, n’importe quand. Personne n’est préparé à affronter pareille situation qui modifie tous les paramètres de la vie quotidienne et de la vie sociale.

Et que dire lorsque la maladie touche un époux, père ou mère de famille ? Que dire pour le conjoint ? Que dire pour l’enfant ou les enfants ? Pour la fratrie ? Le rôle de la famille, des proches, est essentiel, car ce sont eux qui sont amenés à soutenir et accompagner la personne tout au long de sa vie. Mais c’est là très lourde charge ! Trop lourde sans aucun doute.

Heureusement des solutions existent : l’accompagnement par des professionnels spécialisés et formés.

Les solutions

Ces solutions, le Docteur Jean-Pierre Falret avait commencé à les déployer avec succès. Bien sûr, chaque personne est unique et chaque forme de maladie est spécifique. L’accompagnement à mettre en place doit donc être, comme celui des proches aidants, du sur-mesure. Plus l’autonomie de la personne est préservée , plus l’insertion sociale et la citoyenneté doivent être stimulées.

– Un logement adapté (résidence accueil…),

– un soutien par des pairs (Groupes d’Entraide Mutuelle…),

– l’élaboration et la mise en place d’un projet de vie (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale…), par exemple, vont permettre à la personne d’enfiler ses habits d’adulte et retrouver sa place de citoyen dans le monde, tout autant que dans la famille grâce à la distance nécessaire à son épanouissement.

– Les soins ambulatoires lui permettront, non seulement de demeurer stable dans la maladie, mais également de s’adapter aux évolutions de son projet, de formation ou de travail notamment.

Moins l’autonomie sera grande, plus la famille aura besoin d’être épaulée .

– Un accueil permanent pourra être envisagé dans un établissement médicosocial adapté, recrutant des personnels formés à l’accompagnement de ces malades. Parce que, là encore, la distance (et non l’abandon), entre la famille et le proche en souffrance, va permettreà chacun de retrouver une juste place, l’un par rapport à l’autre. Mais également, parce que la structure adaptée pourra offrir une stimulation, des moyens de mobilisation, une ouverture sociale et culturelle qui fera progresser la personne accueillie ou, à tout le moins, lui permettra de maintenir ses acquis.

L’âge des parents , l’âge du proche malade , conduisent souvent à la question de l’ « après soi »

Et cet « après soi » doit se préparer avant ce moment de la séparation pour être bien vécu par la personne accompagnée, pour qu’elle n’ait pas le sentiment d’être abandonnée deux fois, par la perte du parent et par la perte de ses habitudes de vie.

Entre ces deux extrêmes, tout une variété de solutions existe, qui permettent à des personnes d’apprivoiser leurs symptômes, d’évaluer leur potentiel professionnel, de se ré-entrainer au travail, de réapprendre à vivre seul, à gérer ses biens…

Si ces solutions existent, elles sont en nombre notoirement insuffisant. La reconnaissance récente (2005) des incapacités liées à la maladie mentale n’a pas encore permis d’offrir aux familles des solutions adaptées de proximité partout sur le territoire.

La santé mentale n’est pas simplement l’absence de troubles mentaux. Elle se définit comme un état de bien-être dans lequel chaque personne réalise son potentiel, fait face aux difficultés normales de la vie, travaille avec succès de manière productive et peut apporter sa contribution à la communauté1.

 

Besoin d’aide? De conseils? Rendezvous :  www.fondation-falret.org

1. Loi du 11 février 2005

2. En nombre trop réduits malheureusement