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Où en est la recherche dans le traitement du cancer de l’enfant et de l’adolescent? Quelle est la différence entre un cancer d’un enfant et celui d’un adulte? Quelles sont les chances de guérison? Réponses.

 

1 – Quelles sont les spécificités des cancers de l’’enfant et de l’’adolescent ?

 

Les tumeurs pédiatriques sont des tumeurs rares : on estime leur incidence en France à environ 2000 nouveaux cas par an chez les moins de 18 ans. Il s’agit de cancers du sang et des organes lymphatiques pour 40% et de tumeurs d’autres organes pour 60%.

Les cancers chez l’’enfant ont deux particularités : une croissance pouvant être très rapide et une conservation prolongée de la bonne santé apparente.

Les tumeurs malignes observées chez les enfants et les adolescents sont très différentes de celles dont souffrent les adultes, ce qui impose une prise en charge spécifique dans un environnement adéquat. De plus, il existe une multitude de tumeurs pédiatriques et des tumeurs apparemment similaires peuvent avoir des comportements différents en fonction de leur profil génétique et de l’âge du patient.

A titre d’exemple, des études analysant les gènes exprimés dans le neuroblastome* ont ainsi mis en évidence que ces tumeurs, semblables au microscope, pouvaient présenter des profils moléculaires tout à fait différents d’un individu à l’autre. Le Centre Oscar Lambret participe actuellement à un protocole qui utilise ces données moléculaires pour déterminer le traitement des patients.

*Les neuroblastomes sont les tumeurs malignes solides extra-cérébrales les plus fréquentes chez le jeune enfant.

2 – Comment augmenter le taux de guérison de ces cancers si spécifiques ?

En évaluant de nouvelles stratégies thérapeutiques, les essais cliniques ont pour objectif d’’augmenter les taux de survie et de guérison des jeunes patients. Essentielles dans le traitement des tumeurs pédiatriques présentant les pronostics les plus péjoratifs, les études cliniques de phase précoce menées au Centre Oscar Lambret permettent aux jeunes patients du Nord-Pas-de-Calais-Picardie de bénéficier des dernières avancées thérapeutiques, d’accéder à de nouvelles molécules et à des traitements les plus innovants. A titre d’exemple, l’étude européenne VIT promue par le Centre Oscar Lambret, évalue l’’efficacité d’un agent antitumoral, le témozolomide, en complément d’une chimiothérapie standard chez les patients atteints d’un rhabdomyosarcome* réfractaire ou en rechute.
Environ 70% des jeunes patients du Centre ont bénéficié d’essais cliniques en 2015.
*Les rhabdomyosarcomes sont les sarcomes des tissus mous les plus fréquents chez l’enfant.

3 – Quel est le poids du Centre Oscar Lambret dans la recherche internationale dédiée aux cancers pédiatriques ?

En novembre dernier, le centre Oscar Lambret et son unité pédiatrique ont été de nouveau accrédités par le Consortium européen Innovative Therapies for Children with Cancer (ITCC) pour les essais thérapeutiques de phase I chez l’enfant. Seuls 19 centres européens dont 6 centres français ont obtenu cette accréditation. Elle souligne l’expertise du Centre Oscar Lambret dans sa mise en place et sa participation aux essais thérapeutiques de phase précoce avec 1e administration de nouvelles molécules chez l’enfant (essais de phase I).
Déjà labellisé par l’Institut National du Cancer (INCa) pour la réalisation d’essais précoces chez les adultes et en pédiatrie (Labellisation CLIP2), le Centre Oscar Lambret confirme ainsi l’excellence de sa recherche.

4 – Au-delà de la recherche, quelle prise en charge est proposée par le Centre Oscar Lambret aux enfants et aux adolescents ?

Pour les jeunes patients, le cancer est une épreuve à la fois physique et psychologique : ils doivent faire face à la séparation brutale avec leur milieu familial, leur environnement social et scolaire. Le Centre Oscar Lambret leur propose une prise en charge psycho-socio-éducative systématique afin d’améliorer leur qualité de vie durant et après la maladie. Chaque jeune patient est accompagné par une assistante sociale, un éducateur spécialisé et un psychologue. Ensemble, ils s’assurent de la bonne continuité de leur scolarité, préparent leur réinsertion scolaire ou encore professionnelle. Les équipes s’appuient également sur l’énergie et les compétences de nombreuses associations partenaires.*

Depuis septembre 2014, l’unité pédiatrique bénéficie également de la présence à temps plein d’une enseignante spécialisée. Son rôle : garantir autant que possible la connexion de l’enfant avec son programme scolaire et faire le lien avec les équipes éducatives à l’extérieur de l’hôpital. Une art-thérapeute et un professeur de sport adapté interviennent également dans le service, apportant une réponse adaptée à chaque enfant, en fonction de son âge, de sa pathologie et de son traitement.

Le Centre lancera prochainement son projet de nouvelle unité de pédiatrie. Installée au 4ème étage, elle va offrir plus d’espace et de confort aux patients et aux équipes. L’hôpital de jour doublera sa capacité d’accueil et proposera 6 chambres. Un espace de consultation externe permettra aux patients de venir en consultation sans passer par l’unité des soins Le service et les activités dédiées aux enfants (0-15 ans) seront bien distincts de ceux réservés aux adolescents et jeunes adultes avec de nouveaux espaces de vie plus confortables (espaces ludiques, salon des familles, salle de restauration…). La nouvelle unité verra le jour en 2017.

5 – Le Centre propose une approche spécifique des adolescents et des jeunes adultes, pourquoi ?

L’adolescence est une période de fragilité psychologique. C’est encore plus vrai pour les jeunes atteints du cancer. Depuis 2013, une équipe accompagne de manière spécifique les adolescents et jeunes adultes (AJA) âgés de 15 à 25 ans. C’est la seule au Nord de Paris. La modification de l’image induite par le cancer et les traitements (pâleur, perte de cheveux…) peut avoir un retentissement important sur les relations sociales avec les autres adolescents, le début de la vie amoureuse et sexuelle… La maladie et ses conséquences remettent parfois en question le projet de vie de l’adolescent : comment avoir un jour des enfants en cas d’atteinte de la fertilité ? Comment remettre en cause ses choix d’études ou de carrière du fait du traitement ?…Tous ces paramètres sont pris en compte dans une prise en charge pluridisciplinaire intégrant les attentes médicales, personnelles et professionnelles des ados et jeunes adultes.

Anne Sophie Defachelles