Collagène. Ce mot évoque pour beaucoup la cosmétique, la beauté ou la jeunesse mais ce qui est souvent méconnu, c’est le rôle très important joué par cette molécule dans toutes les parties du corps car le collagène est présent dans de très nombreux tissus. Des chercheurs du CHU de Dijon viennent de faire une découverte formidable dans l’utilisation du collagène. Explications.

 

LE COLLAGÈNE : UN PRODUIT UTILISÉ EN SANTÉ DEPUIS DES DÉCENNIES

Le collagène ou devrait-on plutôt dire les collagènes, car il en existe au moins 28 types différents, sont les protéines les plus abondantes de l’organisme et leur implication dans de nombreuses maladies est maintenant bien décrite (saignements/hémorragies, cicatrisation, cancer, maladies rares et inflammatoires …).

Le collagène, c’est avant tout un produit utilisé en santé depuis des décennies, notamment dans des dispositifs médicaux ou des produits de soin. Le marché du collagène en santé est ainsi évalué à 3,7 milliards de $ en 2017. Les collagènes utilisés sont majoritairement d’origine animale, associés à des risques de contamination et d’allergie. Ces dernières années, de nombreuses sociétés cherchent à développer des produits de substitution, plus sûrs voire plus actifs que ces collagènes naturels (collagènes marins, collagènes recombinants, peptides,…).

ET SI LE COLLAGÈNE DEVENAIT UN MÉDICAMENT ET PERMETTAIT DE SAUVER DES VIES !

Un chercheur, David VANDROUX et un clinicien, Emmanuel de MAISTRE, travaillant tous deux au CHU de Dijon, se sont posés cette interrogation il y quelques années, avec un objectif : développer de nouveaux collagènes pour apporter de réelles solutions, à l’origine d’une révolution dans un domaine bien précis : l’hémostase.

L’hémostase, c’est quoi ? C’est la discipline médicale qui traite des problèmes liés au sang, à la fois sur le versant hémorragique (saignement)  et sur le versant thrombotique (caillot sanguin). Au cœur de ces problématiques, une cellule : la plaquette sanguine.

Pourquoi le collagène ? C’est l’activateur plaquettaire le plus physiologique, impliqué très tôt dans l’arrêt des saignements lorsqu’un vaisseau est lésé. Il permet le recrutement sur site, l’activation puis l’agrégation des plaquettes et in fine la formation d’un caillot fibrino-plaquettaire.

Cependant, malgré son intérêt majeur, son emploi dans l’arrêt des saignements se limite actuellement à une utilisation uniquement locale (hémostatique local pour les saignements de nez, colles biologiques en fin de chirurgie), ne permettant pas de traiter les hémorragies dites sévères, pourtant l’une des 1ères causes de mortalité à l’hôpital et impliquées dans 30 à 40% des décès après un traumatisme.

Pourquoi n’est-il pas utilisé comme médicament injectable ?

Le collagène, c’est une molécule de grande taille qui, sous sa forme naturelle est organisée en macrostructures, principalement sous forme de fibres. Cette structuration fibreuse rend impossible son utilisation comme médicament injectable (risque thrombotique très élevé)

C’EST SANS COMPTER SUR LA RÉVOLUTION DES PROTÉINES ANALOGUES DU COLLAGÈNE

En appui des dernières avancées des biotechnologies, la grande innovation a alors consisté à retravailler et repenser toute la structure des collagènes pour créer des structures analogues possédant en plus de l’activité normale des collagènes, des propriétés et des applications nouvelles. Cette approche correspond au domaine de la biologie de synthèse et utilise des technologies d’ingénierie pour permettre le développement de nouvelles protéines. Ces dernières, produites de façon recombinante, éliminent tous risques de contamination, permettant d’obtenir un produit plus sécurisé.

Soutenu et financé dès l’origine par le CHU de Dijon, OSEO (maintenant BPI) et le Conseil Régional de Bourgogne, ces travaux ont permis le développement de protéines analogues du collagène actuellement valorisées par la société NVH Medicinal, créée à la suite de ces travaux. Ces molécules sont protégées par plus de 20 brevets, nationaux et internationaux.

Les résultats préliminaires, obtenus in vitro puis in vivo chez l’animal, d’un 1er candidat-médicament sélectionné, confirment le potentiel très prometteur de ce produit. L’objectif final est de pouvoir administrer ce produit sous forme injectable pour le traitement des hémorragies, notamment en urgence, en complément des transfusions sanguines et de l’administration de médicaments dérivés du sang. Cette innovation thérapeutique, basée sur un processus physiologique, viendra compléter l’arsenal de produits permettant de contrôler les saignements au cours d’une chirurgie ou à la suite d’un traumatisme comme un accident de la route et ainsi sauver des vies. Des travaux complémentaires sont actuellement en cours chez les animaux, avec l’objectif d’une évaluation chez l’homme d’ici 2 à 3 ans.

Le développement de cette molécule se poursuit en partenariat avec des cliniciens leaders d’opinion dans ce domaine, preuve de l’attente forte suscitée par ce nouveau produit. Par ailleurs, un dérivé de ce candidat-médicament a également démontré son intérêt en diagnostic comme nouveau réactif en hémostase, lors d’une étude clinique multicentrique, pour la maladie de Willebrand.

Plus largement, les protéines analogues du collagène permettent de répondre aux enjeux de demain et positionnent la société NVH Medicinal comme une pionnière et un leader dans le développement de médicaments dérivés du collagène  administrés par voie injectable. Au-delà de leur utilisation en tant que thérapies innovantes, ces protéines analogues du collagène apportent également des solutions sans équivalent dans d’autres indications et notamment dans le domaine de la médecine régénératrice. La 1ère grande application concernera son utilisation comme produit cosmétique de nouvelle génération de par leur structure totalement inédite et leur activité biologique supérieure aux collagènes naturels.