Deux gènes liés aux troubles du développement intellectuel viennent d’être découverts, ouvrant la voie à un meilleur diagnostic génétique et à une meilleure compréhension des maladies rares.
Les troubles du développement intellectuel concernent environ 1 % de la population. Trop souvent mal compris ou diagnostiqués tardivement, ils plongent des familles entières dans une longue errance médicale. Grâce à une nouvelle étude publiée dans Nature Genetics, des chercheurs français et allemands viennent d’identifier deux gènes responsables, une avancée majeure dans le champ des maladies génétiques rares.
Que sont les troubles du développement intellectuel ?
Les troubles du développement intellectuel (ou TDI) correspondent à des limitations durables de la capacité à comprendre, à apprendre et à s’adapter à la vie quotidienne. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) les définit comme une capacité sensiblement réduite à comprendre une information nouvelle ou complexe, et à appliquer de nouvelles compétences. Ces troubles impactent fortement la vie sociale, la scolarité, l’autonomie, les loisirs et parfois même la santé.
En France, environ 1 % de la population serait concerné, selon le ministère de la Santé.
Deux gènes identifiés dans les troubles du développement intellectuel
Dans le cadre du Plan France Médecine Génomique 2025, une équipe franco-allemande a analysé les génomes de 23 649 patients atteints de maladies rares. Cette analyse a permis d’identifier deux gènes jusqu’ici inconnus dans les troubles du développement intellectuel : RNU4-2 et RNU5B-1.
Ces gènes codent pour des petits ARN non codants, essentiels au bon fonctionnement du complexe d’épissage, une sorte de machinerie cellulaire qui prépare les ARN messagers avant leur transformation en protéines. En cas de mutation, ce mécanisme est perturbé, ce qui peut entraîner des retards intellectuels, des microcéphalies ou encore des épilepsies résistantes.
Selon Julien Thevenon, chercheur Inserm et co-dernier auteur de l’étude :
« Ce travail a permis d’identifier 145 patients porteurs de mutations de novo dans RNU4-2, et 18 autres pour RNU5B-1. Tous présentent une symptomatologie proche, notamment des retards intellectuels et des épilepsies sévères. »
Quels tests pour détecter ces troubles génétiques ?
Les chercheurs ont également mis au point deux tests innovants pour diagnostiquer plus précisément une maladie rare associée au gène RNU4-2 : le syndrome de ReNU.
Le test transcriptomique
Il permet de mesurer les quantités et les types d’ARN messagers produits par une cellule. Ces ARN sont les « copistes » des gènes avant la fabrication des protéines. En étudiant ces messagers, les chercheurs peuvent repérer les anomalies causées par la mutation génétique.
Le test épigénétique
Ce test s’intéresse non pas à la séquence de l’ADN, mais à ses modifications chimiques (comme la méthylation), qui influencent son activité. Ces signatures épigénétiques sont caractéristiques de certaines maladies rares.
Ces deux approches complètent l’analyse ADN classique, et sont particulièrement utiles quand celle-ci ne permet pas de poser un diagnostic clair.
Une étude collaborative au cœur de la médecine génomique
Cette recherche a mobilisé de nombreux acteurs français : Inserm, CNRS, CHU Grenoble-Alpes, AP-HP, universités de Nantes, Rouen et Grenoble, en collaboration avec l’université d’Essen en Allemagne. Elle s’inscrit dans la dynamique du Plan France Médecine Génomique 2025, qui a déjà permis de séquencer près de 100 000 génomes, avec pour objectif d’améliorer le diagnostic des maladies rares ou complexes.
Caroline Nava, chercheuse Inserm et première autrice de l’étude, souligne :
« C’est un travail collectif et une bonne organisation de la recherche qui ont permis cette avancée. »
Christel Depienne, chercheuse à l’université d’Essen et co-dernière autrice, ajoute :
« C’est grâce à la puissance des données et aux collaborations internationales que nous pouvons identifier des causes génétiques aussi rares. »
Quels bénéfices pour les familles concernées ?
Cette découverte permet de répondre à plusieurs besoins urgents des familles :
Mettre fin à l’errance diagnostique
Poser enfin un diagnostic précis après parfois des années de doutes, d’analyses infructueuses et d’interrogations.
Améliorer le conseil génétique
Informer les parents sur les risques de transmission génétique, afin de mieux anticiper les grossesses futures et d’adapter l’accompagnement familial.
Ouvrir la voie à des traitements ciblés
En comprenant précisément les mécanismes défaillants, la recherche peut initier le développement de thérapies personnalisées.
Ce qu’il faut retenir
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Les troubles du développement intellectuel touchent 1 % de la population.
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Deux nouveaux gènes en cause ont été identifiés : RNU4-2 et RNU5B-1.
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Une maladie rare, le syndrome de ReNU, est désormais mieux comprise.
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Des tests transcriptomiques et épigénétiques permettent un diagnostic plus précis.
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Cette avancée est le fruit d’une collaboration internationale dans le cadre du Plan France Médecine Génomique 2025.
Foire aux questions – Troubles du développement intellectuel
Quels sont les troubles du développement intellectuel les plus fréquents ?
Les troubles les plus fréquents incluent les retards de langage, les difficultés d’apprentissage, les troubles du comportement et parfois des handicaps moteurs ou sensoriels associés.
Comment diagnostiquer un trouble du développement intellectuel ?
Le diagnostic repose sur une évaluation neuropsychologique, un examen médical complet et, de plus en plus, sur des tests génétiques comme le séquençage du génome ou les analyses transcriptomiques.
Peut-on guérir un trouble du développement intellectuel ?
Il n’existe pas de « guérison » au sens strict, mais une prise en charge précoce et adaptée (orthophonie, ergothérapie, accompagnement scolaire) permet de développer au mieux les capacités de la personne.
Quels sont les gènes impliqués dans les troubles du développement intellectuel ?
Plus de 1 680 gènes sont aujourd’hui identifiés. Récemment, RNU4-2 et RNU5B-1 ont été associés à des formes rares de TDI, notamment dans le syndrome de ReNU.
Qu’est-ce que le syndrome de ReNU ?
C’est une maladie génétique rare causée par des mutations du gène RNU4-2. Elle entraîne des retards de développement intellectuel et moteur, des troubles du langage, parfois des microcéphalies et épilepsies.