Une étude de l’Université Johns Hopkins montre que la transplantation fécale (FMT) pourrait favoriser la réparation de la paroi intestinale, offrant de nouvelles perspectives pour le traitement des maladies chroniques.

 

Dans une étude révolutionnaire, des chercheurs de Johns Hopkins Medicine ont découvert la présence de matériel génétique masculin dans les intestins de patientes ayant reçu des transplantations de microbiote fécal (FMT). Cette découverte permet de mieux comprendre pourquoi et comment la transplantation fécale réussi à restaurer la santé intestinale.

 

La transplantation fécale : qu’est-ce que c’est et comment ça fonctionne ?

La transplantation de microbiote fécal (FMT) est une procédure médicale innovante visant à rétablir un microbiote intestinal sain chez les patients souffrant d’infections sévères et récurrentes, notamment celles causées par Clostridioides difficile (C. difficile). Cette bactérie, responsable de diarrhées sévères et d’inflammations du côlon, se montre particulièrement résistante aux traitements antibiotiques standards. La FMT consiste à introduire des selles de donneurs sains dans l’intestin des patients, rééquilibrant ainsi la flore intestinale et favorisant la guérison.

 

Une étude de l’Université Johns Hopkins démontre ses bienfaits sur les maladies chroniques

Des chercheurs de l’Université Johns Hopkins ont récemment mené une étude marquante, publiée dans le Journal of Gastro Hep Advances, qui a approfondi la compréhension des mécanismes par lesquels la transplantation fécale pourrait fonctionner. Ils ont découvert que, lors de la transplantation, des cellules épithéliales du donneur, en plus des bactéries bénéfiques, peuvent être transférées au receveur.

Ces cellules épithéliales, présentes dans la paroi intestinale, jouent un rôle vital dans la réparation et le maintien de l’intégrité de l’intestin. Les chercheurs ont détecté la présence de matériel génétique masculin, y compris le chromosome Y, dans les intestins de certaines patientes ayant reçu des FMT de donneurs masculins.

Cela suggère que la transplantation fécale peut aller au-delà de la simple restauration bactérienne et contribuer à la réparation épithéliale, a expliqué le Dr Sudhir Dutta, gastro-entérologue principal de l’étude.

 

Pourquoi cette découverte est-elle importante ?

Ces résultats révèlent que la transplantation fécale pourrait avoir des effets bien plus complexes qu’on ne le pensait auparavant. La possibilité de transférer des cellules épithéliales viables ouvre la voie à des traitements améliorés pour les patients atteints de maladies intestinales chroniques. Selon le Dr Sandeep Verma, co-auteur de l’étude : “Cette découverte montre que la FMT pourrait potentiellement aider à la réparation des tissus endommagés de l’intestin, modifiant l’environnement intestinal de manière plus profonde”.

L’étude a analysé des échantillons provenant de 30 donneurs sains et de 22 patients ayant reçu une FMT, et a montré que dans 33 % des cas, des signes de chromosomes Y étaient présents dans les intestins des patientes ayant reçu des transplantations de donneurs masculins. Cette observation souligne la complexité des interactions entre le microbiote du donneur et celui du receveur, suggérant un potentiel thérapeutique allant au-delà du simple transfert de bactéries.

 

Implications pour l’avenir de la transplantation fécale

Les implications de ces découvertes sont majeures. Si la transplantation de cellules épithéliales du donneur peut contribuer à la réparation de la paroi intestinale, cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches pour traiter les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et d’autres affections où l’intégrité de la muqueuse est compromise.

Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l’ampleur et l’impact à long terme de ce phénomène.

“Comprendre comment les cellules du donneur peuvent s’intégrer et interagir avec l’intestin du receveur est une priorité pour de futures études”, a ajouté le Dr Verma.

 

Un potentiel thérapeutique

Bien que la transplantation fécale ait déjà prouvé son efficacité pour le traitement des infections à C. difficile, les découvertes de l’étude de Johns Hopkins révèlent un potentiel bien plus grand.  En effet, grâce à cette avancée, la science dévoile des mécanismes insoupçonnés qui pourraient ouvrir la voie à de nouvelles approches pour traiter les maladies intestinales chroniques. Les chercheurs soulignent que ces résultats marquent une étape importante dans la connaissance des interactions complexes entre le microbiote du donneur et l’écosystème intestinal du receveur.