Le député Cyrille Isaac-Sibille a déposé, mercredi 5 juin, une proposition de loi visant à taxer le sucre ajouté dans les produits ultra-transformés pour améliorer la santé publique dont la réduction de l’obésité et des maladies liées à une consommation excessive de sucre.

Saviez-vous qu’aujourd’hui, un Français sur deux est en surpoids ou obèse ? Cette situation alarmante s’est aggravée en seulement 25 ans, avec une multiplication par quatre de l’obésité chez les jeunes adultes. À l’origine de ce phénomène, on trouve principalement un déséquilibre alimentaire : trop de calories ingérées et pas assez d’énergie dépensée. D’où la proposition de Loi du député Cyrille Isaac-Sibille pour la création d’une taxe sur le sucre ajouté dans les produits ultra-transformés.

 

Surcharge pondérale et obésité : le coupable principal ? Le sucre !

Le sucre se cache partout, et pas seulement dans les bonbons. Il se glisse dans les plats préparés certes mais aussi dans nos boissons, nos soupes, nos légumes râpés, et même dans les petits pots pour bébés. Les industries agroalimentaires l’incorporent massivement dans les produits ultra-transformés qui représentent aujourd’hui 30 à 35 % des calories consommées par les adultes, selon une étude de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

 

Les différents noms du sucre dans les plats préparés : sans les plats préparés, le sucre peut apparaître sous divers noms. Il peut s’agir de termes tels que fructose, dextrose, ou encore sirop de maïs à haute teneur en fructose. Parfois, il se cache derrière des appellations comme miel, mélasse, ou nectar d’agave. Même des ingrédients comme le jus de fruits concentré ou la maltodextrine peuvent indiquer la présence de sucre. Ces différentes dénominations rendent souvent difficile la détection de la véritable teneur en sucre des aliments transformés.

Conséquences graves pour la santé de la consommation de produits ultra-transfomés

L’excès de graisse corporelle n’est pas qu’une question d’apparence. Il est lié à plus de vingt maladies évitables, dont des maladies cardiovasculaires, métaboliques (diabète de type 2, cholestérol,…), articulaires, respiratoires et certains cancers. Le surpoids a aussi un impact psychologique et social, provoquant dépression, isolement et mal-être. Chaque année, plus de quatre millions de décès sont imputables au surpoids et à l’obésité, dont plus d’un million en Europe.

Les plus jeunes en première ligne

Les enfants ne sont pas épargnés. Le phénomène des « bébés Coca », des enfants de moins de six ans avec des dents cariées par le sucre, illustre parfaitement ce problème. Les inégalités sociales aggravent la situation, certaines familles ayant un accès limité à des aliments sains et équilibrés.

Pour combattre cette épidémie, il est crucial de renforcer l’éducation à la santé dès le plus jeune âge. Cependant, il est tout aussi important de changer notre environnement alimentaire. Actuellement, le tabac, l’alcool et le sucre sont les trois principaux facteurs déterminants de notre santé. La surcharge pondérale, à l’instar du tabagisme et de l’alcoolisme, coûte à la société plus de 100 milliards d’euros par an.

 

Le sucre est-il vraiment un poison?

 

Les taxes sur le sucre des produits ultra-transformés : une réponse efficace ?

 

La taxation des produits sucrés est une mesure reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Des pays comme la Hongrie et le Mexique ont instauré des taxes sur les produits riches en sucre et en sel, ou les aliments très caloriques, avec des résultats encourageants. En France, la « taxe soda » mise en place en 2012 a eu un impact limité : l’augmentation de seulement 5 centimes par canette de 33 cl n’a pas suffi à inciter les industriels à reformuler leurs produits.

Taxer les produits contenant du sucre ajouté dans les produits ultra-transormés sert à plusieurs fins importantes, notamment en matière de santé publique et d’économie. Voici pourquoi cette mesure est cruciale :

  1. Réduire la consommation de sucre : En augmentant le prix des produits sucrés, la taxe incite les consommateurs à en acheter moins, ce qui peut aider à réduire la consommation globale de sucre.
  2. Améliorer la santé publique : La surconsommation de sucre est liée à de nombreuses maladies, notamment l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Réduire l’apport en sucre peut diminuer l’incidence de ces maladies et améliorer la santé globale de la population.
  3. Encourager des choix alimentaires plus sains : En rendant les produits sucrés plus chers, les consommateurs peuvent être davantage enclins à choisir des alternatives plus saines et moins transformées.
  4. Inciter les industries alimentaires à reformuler leurs produits : Face à des taxes plus élevées, les producteurs peuvent être motivés à réduire la teneur en sucre de leurs produits pour maintenir des prix compétitifs et attirer les consommateurs soucieux de leur santé.
  5. Générer des revenus pour financer des programmes de santé publique : Les fonds récoltés grâce à ces taxes peuvent être réinvestis dans des initiatives visant à promouvoir une alimentation saine, à financer des campagnes d’éducation nutritionnelle et à soutenir des programmes de prévention des maladies liées à l’alimentation.
  6. Réduire les coûts de santé : En diminuant la prévalence des maladies liées à la surconsommation de sucre, la société peut réaliser des économies significatives sur les dépenses de santé, allégeant ainsi la charge financière des systèmes de santé publique.

Vers une réforme nécessaire : la taxe soda

Un rapport parlementaire recommande de réformer la « taxe soda » pour la rendre plus efficace, en augmentant les taux d’accise et en réduisant les paliers de taxation. Actuellement, aucun autre produit ultra-transformé n’est soumis à une taxation spécifique malgré leur teneur élevée en sucre.

 

Vers une nouvelle législation du sucre dans les produits ultra-transfomés

 

Un projet de loi du  député Cyrille Isaac-Sibille propose deux articles majeurs :

  1. Réformer la taxe sur les boissons sucrées en adoptant un modèle à trois tranches avec des taux d’accise augmentés, similaire à celui du Royaume-Uni.
  2. Instaurer une taxe sur les sucres ajoutés dans les produits ultra-transformés, excluant les boissons déjà taxées.

Cette législation vise à réduire la consommation de sucre et à améliorer la qualité nutritionnelle de notre alimentation. Adopter de telles mesures est essentiel pour inverser la tendance de cette épidémie de surcharge pondérale qui menace la santé publique.