Le Docteur Lyonel Rossant*, Pédiatre, attaché au CHU de Nice et expert près la cour d’Appel d’Aix-en-Provence, répond aux questions que l’on se pose sur la prise de soja chez un bébé.
Les nourrissons et les enfants en bas âge ont des besoins nutritionnels spécifiques, différents de ceux des adultes. L’allaitement maternel est l’idéal pour le développement des bébés. Lorsque la mère ne peut ou ne souhaite pas allaiter, des solutions de substitution existent. Commercialisées en France depuis de nombreuses années, les préparations infantiles à base de protéines de soja (ou PPS) sont spécialement formulées pour répondre aux besoins nutritionnels des tout-petits, comme les préparations à base de lait de vache.
Quel est l’impact des préparations infantiles à base de protéines de soja sur le développement des enfants ?
Aujourd’hui, la controverse sur l’intérêt et la sécurité des PPS persiste. Son origine ? Des études menées sur des modèles animaux qui montreraient des troubles du développement et du fonctionnement endocrinien suite à la consommation d’isoflavones, phyto-oestrogènes présents notamment dans le soja mais aussi dans les pois chiches ou les lentilles. Mais le métabolisme des isoflavones des modèles murins (rats ou souris) est très différent de celui de l’Homme et ces données ne peuvent donc pas être extrapolées aux nourrissons Humains 1-2.
Une croissance et un développement normaux.
Aux Etats-Unis, les PPS sont commercialisées depuis plus de 40 ans et représentent près de 25 % des préparations infantiles consommées3. Le National Toxicology Program (NTP) a donc lancé une évaluation de la sécurité des PPS, et a conclu, en 2010, à un risque minime d’effets négatifs sur le développement des nourrissons nourris avec des protéines de soja (PPS4). En cohérence avec ce constat, l’étude de Badger et al.5 montre que les enfants nourris avec des PPS dès la naissance grandissent normalement. Quant au développement mental, moteur et verbal des enfants, il n’est pas contrarié par la consommation de PPS durant la petite enfance6.
Les aliments à base de soja trouvent leur place dans une alimentation diversifiée, à partir de l’âge d’un an. Ils s’inscrivent parfaitement dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée et d’un mode de vie sain.
Survenue précoce de la puberté ?
Dans son rapport de 2005, l’Anses constate que l’historique de consommation de PPS aux Etats-Unis ne met pas en évidence de troubles particuliers du développement endocrinien. Récemment, plusieurs études se sont penchées sur ce sujet polémique. Contrairement à ce qui est parfois affirmé, les résultats obtenus ne permettent pas de conclure à un lien entre consommation de PPS et précocité de la puberté 7-8-9. Par ailleurs, c’est parmi les pays traditionnellement consommateurs de soja que la puberté est la plus tardive10.
Allergies aux protéines de lait de vache et PPS : mise à jour des recommandations de la Société Française de Pédiatrie.
En 2011, le Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie11 a déclaré que, dans le cadre d’une allergie aux protéines de lait de vache, les PPS peuvent être utilisées à partir de 6 mois, si elles sont bien tolérées cliniquement par l’enfant. Cette déclaration soulève le risque d’une éventuelle allergie au soja subséquente à la consommation précoce de PPS. Un risque écarté par une étude démontrant que la consommation de protéines de soja par les enfants, dès les premiers jours de vie, n’induit pas d’allergie au soja par la suite12.
*Dr Lyonel Rossant est l’auteur de « Bien nourrir bébé de 0 à 3 ans » chez Odile Jacob et « Votre Enfant » chez Robert Laffont
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