Révélé par RTÉ Investigates et foodwatch  voici un nouveau scandale alimentaire européen : un trafic de chevaux impropres à la consommation. Pour comprendre l’ampleur de la fraude, les failles du système de traçabilité et les mesures nécessaires pour protéger les consommateurs, lisez ce qui suit.

 

Vous n’allez pas en croire vos yeux : un vaste réseau de trafic de chevaux destinés à la chaîne alimentaire vient d’être révélé ! RTÉ Investigates, avec la contribution de foodwatch, lève le voile sur cette fraude choquante dans un documentaire explosif en deux parties. Découvrez comment des chevaux impropres à la consommation sont transformés en viande de qualité douteuse,  circulant librement à travers l’Europe. Et un nouveau scandale de la viande !!!

 

Trafic de chevaux : un scandale européen

 

Retour sur un scandale majeur : Plus de dix ans après l’affaire des lasagnes à la viande de cheval, l’enquête menée par le journaliste Conor Ryan expose une fraude massive impliquant des chevaux de course. Ces animaux, destinés normalement à la compétition, voient leurs passeports et puces électroniques falsifiés pour pouvoir entrer dans notre chaîne alimentaire. Cette tromperie permet à des produits alimentaires impropres à la consommation de se retrouver sur nos tables, mettant en danger la santé publique. Des réseaux criminels opèrent sans entrave en Irlande, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni et France, profitant des failles du système de traçabilité actuel.

 

Les détails choquants d’un scandale européen

En Irlande, bien que la consommation de viande de cheval soit rare, le pays joue un rôle central dans ce trafic. RTÉ Investigates a filmé en caméra cachée l’unique abattoir agréé irlandais, montrant des milliers de pur-sang abattus et envoyés à travers l’Europe, au mépris (tant de la part des vétérinaires que de l’industrie agroalimentaire) des règles sanitaires. Ces images révèlent des pratiques inacceptables : des chevaux, dont certains sont des animaux de course, sont abattus sans vérification adéquate de leur statut sanitaire.

 

Un système de contrôle défaillant

Malgré les mesures prises depuis le scandale de 2013, les contrôles restent insuffisants. La base de données européenne, censée garantir la traçabilité des équidés, est souvent mal utilisée ou mal sécurisée, facilitant ainsi les fraudes.

Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch et auteure de « Manger du faux pour de vrai. Les scandales de la fraude alimentaire », explique :

« Cette fraude est possible parce qu’elle rapporte beaucoup d’argent avec peu de risques d’être pris. À travers l’Europe, les autorités de contrôle sont en sous-effectifs, et la fraude alimentaire ne figure pas parmi les priorités politiques. Cette enquête montre que les criminels n’hésitent pas à exploiter les faiblesses du système dénoncées depuis des années par foodwatch : peu de contrôles, des bases de données nationales qui ne communiquent pas forcément entre elles et une opacité qui les protège. Car cette viande impropre entre bel et bien dans notre chaîne alimentaire. Pourtant, aucune information n’est donnée aux consommateurs. »

 

Un phénomène inquiétant

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Le réseau d’alerte européen RASFF a relevé près de 200 alertes en cinq ans concernant des problèmes d’identification ou de passeports de chevaux. Ces alertes ont impliqué plusieurs pays à chaque fois, soulignant l’ampleur du problème.

En France, la consommation de viande de cheval a chuté de façon spectaculaire depuis l’affaire des lasagnes à la viande de cheval en 2013, passant de 17% de consommateurs de viande de cheval à seulement 5% aujourd’hui. Malgré cette baisse, la France a importé environ 2500 tonnes de viande de cheval en 2023, dont 400 tonnes en provenance d’Irlande. Cela représente l’équivalent de 1,6 million de steaks de 250 grammes, de viande de bœuf soi-disant, dont la traçabilité est aujourd’hui sérieusement questionnée. Parce que pensez-vous que sur l’étiquette cette tromperie du consommateur sera mentionnée ? Un formidable trafic de viande !

 

Dans quels produits peut-on trouver de la viande de cheval sans le savoir ?

 

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La viande de cheval peut donc se retrouver dans divers produits sans que vous en soyez conscient.

  • Les plats préparés (surgelés ou non) avec les produits transformés comme les lasagnes, les plats cuisinés  et les raviolis sont souvent au cœur des scandales, comme l’affaire des lasagnes en 2013.
  • Dans des fast-foods et restaurants, la viande de cheval peut être utilisée à la place du bœuf en raison de son coût inférieur, surtout dans des plats où la viande est mélangée avec d’autres ingrédients (et oui, avec ces denrées alimentaires à base de carcasse ou de viande chevaline plus ou moins avariée, les professionnels de l’agroalimentaire n’ont cure de faire passer de la viande de cheval pour de la viande de bovins, et ce en faisant fi du bien-être animal et de la sécurité sanitaire).
  • Les supermarchés et boucheries peuvent parfois vendre de la viande de cheval mal étiquetée, due à des erreurs de traçabilité. Vivent les steaks hachés à la viande de cheval !!!
  • Les produits carnés mélangés tels que les saucisses et pâtés peuvent également contenir de la viande de cheval sans que cela soit clairement indiqué. Dans les marchés internationaux, particulièrement dans les pays où la consommation de viande de cheval est plus courante, des produits importés peuvent cacher cette viande sans mention explicite.

 

Des réformes nécessaires

Les autorités européennes ont agi depuis le scandale de 2013, en adoptant un nouveau règlement sur les équidés en 2015, puis en 2021. Selon le règlement 2021/963, chaque pays européen doit maintenir une base de données obligatoire permettant de déterminer si un cheval est propre ou non à la consommation humaine. Cette base de données doit être vérifiée avant que le vétérinaire de l’abattoir ne prenne la décision d’envoyer la viande dans la chaîne alimentaire. Les États membres doivent s’assurer que tous les opérateurs concernés et les autorités compétentes ont accès à ces bases de données.

Cependant, le système reste largement déficient. La Commission européenne a souligné, dans le règlement de 2021, la nécessité d’encourager l’échange de données électroniques entre les États membres pour faciliter la traçabilité des équidés et les contrôles de l’intégrité des bases de données. Il y a urgence à améliorer ce système pour éviter de futurs scandales.

 

Une base de données européenne interopérable : un progrès nécessaire

Pour foodwatch, il est impératif de créer une base de données européenne interopérable. Cette base de données permettrait d’accéder à des informations normalisées dans tous les pays de l’UE, en libre accès. Cela représenterait, certes, un énorme travail pour la Commission européenne, car il s’agit d’un projet informatique complexe impliquant 27 États membres. Mais c’est une nécessité pour assurer la sécurité de notre chaîne alimentaire.

 

Un appel à l’action : votre voix compte !

foodwatch exige des réponses claires : Où et par qui ces tonnes de viande impropre ont-elles été commercialisées ? C’est une question cruciale pour protéger les consommateurs. Ces fraudes doivent cesser immédiatement pour garantir la sécurité alimentaire de tous.

foodwatch ne veut pas tergiverser : face aux trafics de chevaux persistants en Europe, la transparence totale à travers toute l’Europe est la réponse la plus raisonnable. L’association souhaite que nos décideurs prennent ces menaces au sérieux et prennent des mesures concrètes pour protéger les consommateurs européens contre la fraude alimentaire. Les consommateurs ont le droit d’exiger une protection totale contre ces pratiques frauduleuses.

En France, une pétition interpellant les ministres de l’agriculture et de l’économie, rassemblant plus de 57 000 signatures, réclame plus de contrôles, plus de transparence et des sanctions sévères. C’est le moment d’agir ! Ne restez pas dans l’ignorance, exigez la vérité et un système alimentaire sûr. Ensemble, faisons pression pour un changement réel et durable.

Ne laissez pas ces pratiques continuer sans réaction ! Les consommateurs européens méritent d’être informés et protégés contre ces scandales alimentaires qui mettent en péril leur santé. Rejoignez le mouvement pour une Europe plus sûre et transparente. Faites entendre votre voix et exigez des actions concrètes dès aujourd’hui. L’heure est à l’action !

 

Découvrez la bande-annonce du documentaire « Horses – Making a Killing » : Regardez maintenant

 

Sinon ne ratez pas deux documentaires de RTÉ Investigates à ne pas rater : ‘Horses – Making a Killing’ diffusés mercredi 12 juin à 22h35 et jeudi 13 juin à 22h35 (heure de Paris, 21h35 heure de Dublin) sur RTÉ One et RTÉ player

 

 

Pour faire cesser ce scandale alimentaire avec ce trafic de chevaux signez la pétition ICI

 

 

Sophie Madoun