La dépression et les troubles bipolaires, bien que partageant des symptômes similaires, nécessitent des approches thérapeutiques distinctes. La confusion entre ces deux pathologies peut entraîner des traitements inappropriés, exacerbant les souffrances des patients. Mais voici le premier test sanguin pour différencier la dépression et les troubles bipolaires.

Voici une avancée majeur pour diagnostiquer les troubles bipolaires : un test sanguin ! Fini l’errance thérapeutique.

Qu’est-ce qu’un trouble bipolaire ?

Les troubles bipolaires se manifestent par un balancement entre des périodes d’excitation intense, ou phases « up », et des épisodes de profonde tristesse, ou phases « down ». Les personnes atteintes par cette pathologie psychiatrique passent d’un état à l’autre. En 2019, on estimait à 40 millions le nombre de personnes diagnostiquées avec cette condition à travers le monde, et en France, jusqu’à 2,5 % de la population pourrait être touchée, ce qui représente environ 1,6 million d’individus.

Cependant, les spécialistes s’accordent à dire que ces chiffres sont probablement sous-estimés. En moyenne, il se déroule entre 8 et 10 ans depuis l’apparition des premiers symptômes jusqu’au diagnostic. Ainsi, des centaines de milliers de personnes pourraient vivre avec des troubles bipolaires sans le savoir, exposées à divers troubles associés et comorbidités, comme l’abus d’alcool, les troubles paniques, les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles alimentaires, le surpoids, le diabète, et les maladies cardiovasculaires. Généralement, ces troubles apparaissent à l’âge jeune adulte, entre 18 et 24 ans.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les troubles bipolaires font partie des 10 maladies les plus invalidantes. Ce sont des affections psychiatriques sévères pouvant mener à l’isolement social, à des difficultés scolaires ou professionnelles, à des comportements à risque, à des addictions, à des troubles du sommeil, et chez la moitié des personnes concernées, à des tentatives de suicide. Notamment, un patient sur deux risque de tenter de mettre fin à ses jours au cours de sa vie, et 15 % succomberont à une telle tentative. Les individus souffrant de troubles bipolaires ont également une espérance de vie réduite de 10 ans en moyenne par rapport à la population générale, en grande partie à cause des comportements suicidaires et des comorbidités physiques telles que les maladies cardiovasculaires.

Les troubles bipolaires se déclinent en plusieurs types :

  • Type I : marqué par au moins un épisode maniaque ou mixte.
  • Type II : caractérisé par un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs et au moins un épisode d’hypomanie.

Les causes de ces troubles sont multifactorielles, englobant des éléments génétiques, biologiques, psychologiques, et environnementaux. Bien que l’origine exacte des troubles bipolaires reste difficile à déterminer, une forte prédisposition familiale est souvent observée.

Les symptômes du trouble bipolaire varient selon la phase du trouble :

  • Phases maniaques : suractivité sociale, professionnelle ou sexuelle, comportements à risque, sensation de toute-puissance, difficulté à maintenir l’attention, besoin constant de parler, et réduction du besoin de sommeil.
  • Phases dépressives : sentiment de désespoir profond, perte d’intérêt pour les activités quotidiennes, ralentissement des gestes et de la pensée, troubles de l’attention, baisse de l’estime de soi, et fatigue intense ou insomnies.

 

Comment diagnostiquer les troubles bipolaires ?

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Jusqu’à récemment, en France, les professionnels de la santé n’avaient pas à leur disposition d’outils biologiques spécifiques ou de biomarqueurs détectables, par imagerie ou analyses sanguines, officiellement reconnus pour le diagnostic des troubles bipolaires. La détection de ces troubles se basait principalement sur un examen clinique psychiatrique approfondi, incluant des entretiens et l’utilisation de questionnaires et échelles validés. Ce processus, fondé sur l’analyse des symptômes rapportés et observés, permettait au médecin de déterminer la présence de troubles bipolaires.

Néanmoins, établir un diagnostic fiable s’avère souvent être un parcours long et semé d’embûches, où les tentatives de traitement sont marquées par des essais et des erreurs. Les retards dans la reconnaissance de ces troubles peuvent avoir des conséquences dévastatrices, tant sur le plan mental et physique pour le patient, que sur les plans familial, social, et professionnel.

Les troubles bipolaires sont fréquemment confondus avec d’autres affections telles que la dépression, les troubles anxieux, les addictions ou les troubles de la personnalité. Plusieurs facteurs contribuent à cette confusion : les symptômes de la dépression apparaissent souvent en premier, les premiers épisodes maniaques peuvent sembler bénins, voire agréables, et les variations d’humeur à l’adolescence sont parfois considérées comme normales. De plus, l’abus de substances peut cacher les symptômes sous-jacents, menant à un diagnostic erroné.

Le diagnostic des troubles bipolaires pendant une phase dépressive est particulièrement ardu. Environ un quart des patients initialement diagnostiqués avec une dépression unipolaire manifestent une phase hypomaniaque ou maniaque dans les années suivantes, révélant ainsi un trouble bipolaire.

Une mauvaise interprétation des symptômes peut conduire à un traitement inadéquat, aggravant l’état du patient et augmentant le risque de suicide. La distinction entre la dépression et les troubles bipolaires est cruciale car les traitements pour ces deux conditions diffèrent considérablement.

L’importance d’un diagnostic précis et rapide est donc indéniable, permettant l’administration d’un traitement adapté et évitant des répercussions graves sur la santé mentale et physique des patients. Dans un contexte où environ 300 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression, et jusqu’à 40 % pourraient être mal diagnostiquées avec des troubles bipolaires, l’urgence d’améliorer les méthodes de diagnostic est palpable.

Le témoignage de Renaud Maigne, président de l’association Bipolarité France, souligne le long parcours vers un diagnostic correct et la nécessité d’une meilleure prise en charge. De même, le Pr Chantal Henry, psychiatre et directrice scientifique de la Fondation Pierre Deniker, rappelle l’importance vitale d’améliorer le diagnostic des maladies mentales, responsables de milliers de suicides chaque année, en s’appuyant sur des biomarqueurs pour une approche plus personnalisée.

Premier test sanguin pour différencier la dépression et les troubles bipolaires

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Dans une avancée significative pour la santé mentale, SYNLAB et ALCEDIAG ont lancé un nouveau test sanguin révolutionnaire, nommé myEDIT-B, en France. Ce test innovant est conçu pour distinguer avec précision entre la dépression et les troubles bipolaires, marquant une étape majeure dans le domaine de la psychiatrie de précision. Dès avril 2024, les patients pourront accéder à ce test dans les laboratoires SYNLAB à travers la France.

Le myEDIT-B promet de changer la donne. Avec une sensibilité et une spécificité supérieures à 80%, le test utilise une technologie de séquençage de nouvelle génération et un algorithme basé sur l’intelligence artificielle pour analyser l’ARN dans le sang. Cette approche permet d’identifier une signature biochimique spécifique à chacune des pathologies, offrant ainsi une aide précieuse au diagnostic clinique.

L’importance de ce test réside dans sa capacité à réduire considérablement le temps nécessaire pour poser un diagnostic correct. Historiquement, diagnostiquer les troubles bipolaires pouvait prendre jusqu’à 8 ans, mais avec myEDIT-B, ce délai peut être réduit à moins d’un mois. Cela représente une évolution significative, car un diagnostic et un traitement précoces sont cruciaux pour améliorer le pronostic et la qualité de vie des personnes atteintes.

La mise au point de myEDIT-B est le fruit d’une collaboration entre SYNLAB et ALCEDIAG, combinant expertise en laboratoire et innovations technologiques. Ce test n’est pas seulement un progrès technique ; il est également un pas en avant vers une prise en charge plus personnalisée et efficace des troubles mentaux. En identifiant avec précision la nature du trouble psychiatrique d’un patient, les psychiatres peuvent élaborer des stratégies de traitement sur mesure, évitant les essais et erreurs et favorisant une récupération plus rapide.

Le lancement de myEDIT-B en France ouvre la voie à une nouvelle ère dans le diagnostic des troubles de l’humeur, avec l’espoir d’une adoption internationale à l’avenir. Cette innovation représente non seulement une avancée pour les professionnels de la santé mentale mais aussi une lueur d’espoir pour les millions de personnes touchées par la dépression et les troubles bipolaires, leur offrant la perspective d’un avenir meilleur.

 

Sophie Madoun