La gastro-entérite est là. Comme chaque année allez-vous me dire. Avec le même refrain qui suit : « Lavez-vous les mains ! ». Le bon réflexe recommandé par l’INPES (Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé) pour éviter la diffusion des germes. Car l’hygiène des mains reste l’arme fatale contre les virus. Mais que faire après s’être lavé les mains ? Les essuyer, bien sûr ! C’est là que le bât blesse…

Depuis les dernières épidémies de gastro ou de grippe ou du Covid-19, les lieux publics (aéroports, facultés, stations, musées, gares, restaurants, bars, stations service, cinémas etc…) ont été envahis par des séchoirs à air pulsé pour se sécher les mains. Des appareils au design futuriste qui pulsent de l’air froid à 640 km/h et chassent la moindre goutte d’eau de la paume de vos mains en 10 secondes chrono. Des appareils qui ne nécessitent plus la livraison très régulière par un fournisseur de nouveau papier mais juste une prise électrique. Une solution de facilité donc pour un résultat qui semble impeccable à l’œil nu et totalement écologique puisqu’il n’y a pas de déchet. Mais c’est seulement en apparence que nous avons les mains propres avec ces séchoirs électriques, aussi perfectionnés soient-ils.

« Véritable aérosol à microbes qu’on inhale à pleins poumons »

Car ces appareils sont de formidables vecteurs de contamination et de propagation de bactéries.

En effet, selon les conclusions édifiantes d’une étude anglaise réalisée par la « School of Biosciences » de l’Université de Westminster à Londres, les séchoirs électriques dispersent les bactéries présentes dans l’environnement des toilettes.

«Quand vous vous lavez les mains, il reste toujours des germes et le sèche-main électrique agit comme un véritable aérosol à microbes qu’on inhale à pleins poumons. C’est une absurdité, il vaut encore mieux se sécher les mains à l’arrière de sa chemise», explique le docteur Frédéric Saldmann, auteur de On s’en lave les mains (Flammarion, 2007) dans les colonnes de 20 Minutes.

Même si les fabricants de séchoirs, comme Dyson ou Mitsubishi s’enorgueillissent d’être plus hygiéniques qu’avant. Les constructeurs revendiquent, à grand renfort de communication basée sur des études qu’ils financent, une meilleure hygiène grâce à leur nouvelle « formule 1 » équipée de filtre de qualité hospitalière. Mais c’est juste en comparaison aux simples souffleurs d’air chaud. Même ces études disent que ces séchoirs nouvelle génération ne sont, en aucun cas, mieux que le papier. Car toutes les études depuis plus de 20 ans arrivent à la même conclusion : pour se sécher proprement les mains après les avoir lavées, rien ne vaut la serviette en papier à usage unique. Surtout dans les hôpitaux et les autres lieux publics où l’hygiène est capitale.

Ce que confirme cette étude de la « School of Biosciences » de l’Université de Westminster à Londres. La serviette papier réduit le nombre moyen de tous les types de bactéries testées sur le bout des doigts et les paumes des sujets. Le séchoir à air chaud, au contraire, a augmenté le nombre moyen de ces bactéries. Tout comme le séchoir à air pulsé même si c’est dans une moindre mesure.

Par conséquent, l’affirmation des fabricants qualifiant le séchoir à air pulsé de « sèche-mains le plus hygiénique » est vraie, mais uniquement par rapport aux « séchoirs à mains» électriques. Car ses performances par rapport à l‘hygiène des serviettes en papier non réutilisables sont bien pires à tous les égards, selon l’étude.

Bref si c’est pour hériter de plus de bactéries sur les mains après les avoir séchées dans ces appareils dans l’environnement des toilettes qu’avant de les avoir lavées, autant boycotter le lavabo !

Rien ne vaut la serviette en papier à usage unique

Aussi, les auteurs de l’étude concluent que l’utilisation de sèche-mains à air chaud et sèche-mains à air pulsé devrait être considéré avec précaution dans les lieux ou le respect de l’hygiène est d’une importance capitale, comme dans les hôpitaux, les cliniques, les écoles, les maternités, les cuisines.

En outre, pour eux, l’utilisation d’essuie-mains en papier serait très bénéfique pour une meilleure hygiène dans les établissements ouverts au public, comme les usines, bureaux, bars et restaurants.

D’ailleurs, c’est ce que recommande depuis des lustres en France l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé).

Le lavage des mains plusieurs fois dans la journée, surtout si l’on s’occupe d’enfants et de personnes âgées, qui sont plus vulnérables. Ce geste est indispensable après s’être mouché, avoir toussé ou éternué, après avoir rendu visite à une personne malade, après chaque sortie à l’extérieur et bien sûr avant de préparer les repas, de les servir ou de les prendre. Pour un bon lavage des mains, on conseille d’utiliser un savon liquide (le pain de savon n’est pas aussi hygiénique car il reste humide) pendant trente secondes et de ne pas oublier de frotter les ongles et le bout des doigts, la paume et l’extérieur des mains, les jointures des doigts et les poignets. Une solution hydroalcoolique peut aussi remplacer le savon.

Et surtout, le séchage doit se faire avec une serviette propre ou à l’air libre.

A quoi jouent les pouvoirs publics ?

Alors comment se fait-il que les pouvoirs publics Français, malgré leurs recommandations, tolèrent que des séchoirs électriques poussent comme des champignons ces derniers temps au risque d’être vecteur d’épidémies?

S’il n’y a pas mieux que le papier pour avoir les mains vraiment propres après les avoir lavées, pourquoi ces essuie-mains disparaissent-ils au profit d’appareils plus technologiques mais beaucoup moins hygiéniques ?

D’autant plus, qu’en voyageant un peu, on se rend compte que tous les pays « modernes » (USA, Allemagne, pays nordiques) ont des lieux publics équipés d’essuie-mains à usage unique dans leurs toilettes.

Force est de constater que 2 ans seulement après le Covid-19 et la prise de conscience à l’époque de l’importance d’avoir les mains vraiment propres avec le boom des gels hydroalcooliques, nous sommes revenus à la case départ. Car les séchoirs électriques posent un véritable problème de santé publique.

Je n’ose imaginer qu’on puisse, en haut lieu, s’en laver les mains…

Arnaud Balme