Les PFAS, polluants persistants du quotidien, affectent le placenta et le développement du fœtus. Découvrez l’étude Inserm sur les risques des PFAS pendant la grossesse.
Les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) ou « polluants éternels » sont présents dans notre quotidien : ustensiles de cuisine, emballages alimentaires, textiles imperméables et même cosmétiques. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Inserm, de l’Université Grenoble Alpes (UGA), du CEA et du CHU de Grenoble, publiée dans Environment International le 30 janvier 2025, révèle un impact préoccupant sur la grossesse en altérant : ces substances chimiques pourraient altérer le placenta et nuire au développement fœtal.
PFAS : des polluants omniprésents et persistants
Les substances perfluoroalkylées sont largement utilisées pour leurs propriétés imperméabilisantes, antiadhésives et résistantes à la chaleur. On les retrouve dans :
- Ustensiles de cuisine (poêles antiadhésives en téflon)
- Emballages alimentaires (boîtes à pizza, sacs de fast-food)
- Textiles (vêtements imperméables, tapis, mousses anti-incendie)
- Produits cosmétiques et soins personnels
Cependant, leur capacité à s’accumuler dans l’organisme et leur persistance dans l’environnement suscitent des inquiétudes grandissantes.
Quels sont les effets des PFAS sur la grossesse ?
Des études récentes ont montré que l’exposition aux PFAS pendant la grossesse peut entraîner :
- Faible poids de naissance
- Retard de croissance intra-utérin
- Prééclampsie et troubles hypertensifs
- Altération du développement placentaire
Selon une étude publiée dans ScienceDirect, les PFAS et la prééclampsie sont fortement corrélés, augmentant le risque de complications pour la mère et l’enfant.
Une nouvelle étude éclaire leur impact sur le placenta
Les chercheurs ont analysé les données de 367 femmes enceintes, recrutées entre 2014 et 2017. L’objectif était d’étudier l’effet de 13 PFAS spécifiques sur le placenta et le développement fœtal.
Les résultats montrent que trois PFAS – le PFHxA, PFHpA et PFTrDA – perturbent la structure des villosités placentaires, essentielles aux échanges entre la mère et le fœtus.
« Le placenta est un organe clé de la grossesse. Toute altération de son intégrité peut impacter l’apport en oxygène et en nutriments au bébé. »
Claire Philippat, chercheuse à l’Inserm
Un risque accru de prééclampsie et de faible poids de naissance
L’étude suggère que ces altérations entraînent une diminution des échanges entre la mère et le fœtus, ce qui peut compromettre la croissance du bébé.
Selon Nadia Alfaidy, directrice de recherche à l’Inserm :
« Les dérèglements des échanges fœto-maternels augmentent le risque de retard de croissance intra-utérin et de prééclampsie. »
La prééclampsie, complication grave de la grossesse, est caractérisée par une hypertension artérielle et une présence anormale de protéines dans les urines.
Un placenta plus léger chez les femmes exposées aux PFAS
L’étude montre également que les sept PFAS les plus courants (dont PFDA, PFOA et PFOS) sont associés à une réduction du poids placentaire.
Or, une baisse du poids du placenta peut être un indicateur de dysfonctionnements majeurs, affectant l’oxygénation et l’alimentation du fœtus.
Des résultats inédits pour mieux comprendre l’impact des PFAS
Si plusieurs recherches avaient déjà mis en évidence l’impact des PFAS sur la vascularisation placentaire, cette étude apporte une avancée majeure en utilisant des marqueurs histologiques spécifiques, permettant une analyse plus fine de la structure placentaire.
« Nos résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension des mécanismes d’action des PFAS sur la santé placentaire. »
Claire Philippat, Inserm
Comment réduire l’exposition aux PFAS pendant la grossesse ?
Face à ces résultats préoccupants, il est essentiel d’adopter des gestes simples pour limiter l’exposition aux polluants éternels :
- Éviter les poêles en téflon abîmées
- Privilégier des emballages alimentaires sans fluor
- Choisir des cosmétiques sans PFAS
- Filtrer l’eau du robinet (certains filtres à charbon actif éliminent ces substances)
Des mesures réglementaires et des alternatives plus sûres sont également nécessaires pour protéger la santé des femmes enceintes et de leurs bébés.
Sophie Madoun