Un rapport de l’ARS d’Occitanie alerte sur des contaminations et pratiques non conformes chez Perrier. L’arrêt de la production d’eau minérale naturelle à Vergèze est envisagé. Quelles conséquences pour l’icône des eaux gazeuses ?

L’eau gazeuse la plus célèbre du monde en danger ?

Un rapport révélateur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie séme le doute sur la production d’eau minérale naturelle de Perrier. Entre contaminations répétées et pratiques controversées, l’avenir de l’emblématique usine de Vergèze est menacé. Retour sur une affaire qui fait trembler les amateurs de bulles.

 

Une usine emblématique au cœur d’une tempête sanitaire

Située à Vergèze, dans le Gard, l’usine Perrier est un symbole mondialement reconnu de l’eau minérale gazeuse. Mais un rapport de l’ARS, daté d’août 2024 et révélé par France Info, accuse le site de pratiques non conformes. Des contaminations répétées, des traitements jugés illégaux, et une qualité d’eau remettant en question l’appellation d’« eau minérale naturelle »… Le rapport évoque même, pour la première fois, la possibilité d’un « arrêt de la production ».

Contaminations : des épisodes alarmants

L’état des lieux dressé par l’ARS est glaçant. En avril dernier, un des puits a été fermé après la détection de germes fécaux, entraînant la destruction de trois millions de bouteilles. D’autres analyses ont relevé des « résultats microbiologiques inhabituels », incompatibles avec les normes strictes des eaux minérales naturelles. Ces incidents répétés, qualifiés d’« inacceptables », mettent en lumière une instabilité des eaux brutes. Plusieurs puits de forage présents dans l’usine ont été suspendus cet été après des inspections révélant une contamination d’origine fécale. Mais aujourd’hui, c’est tout le site de production qui est mis en cause.

 

Des pratiques controversées dans la ligne de mire

L’usine de Vergèze a cessé certains traitements interdits, mais utilise encore des dispositifs de microfiltration. Selon l’ARS, ces filtres « masquent » les contaminations sans les éliminer totalement. Ils ne protègent pas contre certains virus comme les norovirus ou l’hépatite A, exposant les consommateurs à un « risque virologique ». Cette stratégie permet à Perrier de continuer à commercialiser ses produits sous le label « eau minérale naturelle » malgré des écarts jugés graves par les inspecteurs.

Précédents alarmants

En 2016, une épidémie de gastro-entérite en Catalogne, liée à une eau traitée par microfiltration, avait touché plus de 4 000 personnes. Malgré cet avertissement, le gouvernement français avait autorisé temporairement l’utilisation de ces filtres en 2023, alors que l’Agence nationale de sécurité sanitaire s’était opposée à leur usage pour des raisons de santé publique.

 

Un avenir incertain pour l’icône des eaux gazeuses

L’usine de Vergèze, qui emploie plus de 1 000 personnes, se retrouve à la croée des chemins. La préfecture du Gard devra trancher sur la demande de renouvellement d’exploitation de la « source Perrier » d’ici le premier semestre 2025. Un rapport confidentiel de l’ARS évoque clairement l’arrêt total de la production si Nestlé Waters ne garantit pas une meilleure sécurité sanitaire.

Adaptations stratégiques en cours

Pour anticiper une possible perte de son label d’eau minérale naturelle, Perrier a lancé une nouvelle gamme « Maison Perrier » qui ne bénéficie pas du même niveau d’exigence réglementaire. Cette stratégie pourrait sauver l’image de la marque tout en continuant à exploiter le site de Vergèze dans un cadre différent.

 

Une affaire qui inquiète les consommateurs

Pour les consommateurs fidèles, cette affaire soulève des questions cruciales sur la transparence et la qualité des produits. L’eau minérale naturelle est censée être un symbole de pureté, et ces révélations pourraient ternir durablement l’image de Perrier. L’avenir de cette icône française est donc suspendu aux résultats d’enquêtes approfondies.