Des chercheurs viennent de découvrir que les macrophages du cerveau jouent un rôle crucial dans la protection post-AVC et la modulation de la réponse immunitaire. Une nouvelle perspective thérapeutique pour limiter les séquelles neurologiques est en route.

 

Les macrophages associés au système nerveux central (CAMs) sont des cellules immunitaires spécifiques présentes au niveau de la barrière hémato-encéphalique  (une frontière protectrice qui sépare le cerveau de la circulation sanguine). Cette barrière joue un rôle clé en filtrant les nutriments nécessaires tout en bloquant les agents pathogènes et les toxines.

Les macrophages et la barrière hémato-encéphalique

Les CAMs sont positionnés de manière stratégique à cette interface pour surveiller les intrusions indésirables. Leur rôle est de :

  • Nettoyer les débris cellulaires et autres molécules nuisibles,
  • Communiquer avec d’autres cellules immunitaires en cas de menace,
  • Maintenir l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique, empêchant ainsi des réactions immunitaires excessives.

Cependant, avec le vieillissement, la barrière hémato-encéphalique devient plus perméable, permettant à davantage de cellules immunitaires du sang d’accéder au cerveau, ce qui peut déclencher une réponse inflammatoire dangereuse. Les macrophages du cerveau jouent donc un rôle crucial dans la régulation de cette réponse.

 

Vieillissement et adaptation des CAMs : quelles implications ?

 

Schéma des macrophages du cerveau après un AVC

 

En vieillissant, les macrophages associés au système nerveux central (CAMs) subissent eux aussi des modifications. Les recherches menées par Marina Rubio et Denis Vivien à l’Inserm montrent que bien que le nombre de CAMs reste stable, leur fonction évolue.

Adaptation des macrophages au vieillissement

Les CAMs acquièrent à leur surface une molécule spécifique : le récepteur MHC II, qui est crucial pour la communication intercellulaire. Cette adaptation permet aux CAMs de mieux coordonner la réponse immunitaire et d’empêcher une inflammation excessive après un AVC ischémique.

En effet, en vieillissant, la barrière hémato-encéphalique devient plus poreuse, mais les CAMs semblent compenser cette faiblesse en renforçant leur capacité de surveillance et de modulation de l’inflammation.

 

Une découverte confirmée chez la souris et l’humain

Pour mieux comprendre cette interaction, les chercheurs ont conduit des expériences sur des modèles murins (souris) et sur des tissus cérébraux humains. Ils ont comparé la réponse immunitaire après un AVC chez des souris âgées normales avec celle de souris sans CAMs ou dont le récepteur MHC II avait été inhibé.

Les macrophages et les traitements post-AVC chez les personnes âgées

Les résultats montrent que l’absence de CAMs ou l’inhibition du récepteur MHC II augmente la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique après un AVC, laissant passer davantage de cellules immunitaires. Ce phénomène provoque une inflammation excessive dans le cerveau, aggravant les dommages neurologiques.

Ces expériences prouvent que les macrophages du cerveau jouent un rôle clé dans la modération de la réponse inflammatoire, et qu’ils limitent les séquelles neurologiques en maintenant l’intégrité de la barrière cérébrale.

 

Vers des thérapies personnalisées pour protéger le cerveau post-AVC

Les résultats de cette étude offrent de nouvelles perspectives thérapeutiques pour traiter les séquelles neurologiques post-AVC, notamment chez les personnes âgées. L’équipe de recherche se concentre désormais sur la compréhension des mécanismes moléculaires qui régissent le dialogue entre les CAMs et les cellules des vaisseaux sanguins cérébraux.

Cibles thérapeutiques pour moduler la réponse immunitaire

L’objectif à terme est de développer des traitements personnalisés capables de moduler la réponse immunitaire cérébrale après un AVC. Cela permettrait d’adapter les thérapies selon l’âge et l’état de santé de chaque patient, réduisant ainsi les risques d’inflammation excessive et préservant la santé neurologique.

 

Les macrophages associés au système nerveux central (CAMs) apparaissent comme des acteurs cruciaux dans la protection du cerveau après un AVC ischémique. Leur capacité à moduler la réponse inflammatoire et à réguler la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique est essentielle pour limiter les dommages neurologiques, en particulier chez les patients âgés. Ces découvertes ouvrent la voie à des traitements ciblés et adaptés aux besoins spécifiques de chaque patient.

 

 

Sources scientifiques :

  • Levard D., Seillier C., et al. Central nervous system-associated macrophages modulate the immune response following stroke in aged mice, Nature Neuroscience (à paraître).
  • Inserm, CHU Caen Normandie, Université de Caen Normandie.

Ces travaux sont parus dans Nature Neuroscience : https://doi.org/10.1038/s41593-024-01695-3

 

 

AVC et cellules immunitaires : comment le cerveau se protège des dégâts