Avez-vous déjà imaginé que l’urine, cette substance que vous éliminez tous les jours, pourrait être un engrais naturel et écologique pour votre jardin ? L’heure est venue de vous faire découvrir comment utiliser l’urine comme engrais pour cultiver vos plantes et contribuer à la préservation de notre planète.

L’utilisation de l’urine comme engrais remonte à plusieurs millénaires. Les civilisations anciennes, comme les Romains et les Chinois, utilisaient déjà l’urine pour fertiliser leurs cultures. En Chine, par exemple, la pratique de collecte de l’urine humaine et animale pour l’agriculture est attestée depuis environ 2000 avant J.-C. Les agriculteurs chinois utilisaient l’urine et les excréments humains pour enrichir le sol et améliorer la croissance des plantes.

Au fil des siècles, cette pratique a perduré et a été adoptée par différentes cultures à travers le monde. Les avantages de l’utilisation de l’urine comme engrais étaient reconnus pour sa teneur en éléments nutritifs essentiels.

Une alternative aux engrais chimiques

Aujourd’hui, l’intérêt pour l’utilisation de l’urine comme engrais a ressurgi en raison de la recherche d’alternatives durables et écologiques aux engrais chimiques. Les jardins écologiques, l’agriculture urbaine et le mouvement zéro déchet contribuent également à populariser cette méthode de fertilisation.

Quels pays utilisent l’urine comme engrais ?

L’utilisation de l’urine comme engrais est pratiquée dans divers pays à travers le monde, principalement en raison de ses avantages écologiques, économiques et de la richesse en nutriments qu’elle apporte aux sols et aux plantes. Pour un grand nombre d’agriculteurs des pays les plus modestes, l’achat d’engrais minéraux représente une dépense économiquement inabordable. Cependant, les eaux usées domestiques renferment d’importantes quantités de nutriments bénéfiques pour les plantes, tels que l’azote, le phosphore et le potassium. En réalité, presque tous les nutriments que nous consommons se retrouvent dans nos déchets corporels : principalement dans l’urine et, dans une moindre mesure, dans les matières fécales.

Voici quelques exemples de pays où cette pratique est répandue :

  1. Chine : comme mentionné précédemment, l’utilisation de l’urine et des excréments humains en Chine remonte à des milliers d’années. Les agriculteurs chinois continuent d’utiliser ces méthodes traditionnelles pour améliorer la qualité de leurs sols.
  2. Inde : dans certaines régions de l’Inde, l’urine humaine et animale est utilisée comme engrais pour les cultures. Des programmes éducatifs et de sensibilisation sont mis en place pour promouvoir cette pratique durable et écologique.
  3. Suède : c’est un pays pionnier dans l’utilisation de l’urine comme engrais à grande échelle. Des projets pilotes et des recherches sont menés pour étudier les avantages et les défis liés à la collecte et à l’application de l’urine dans l’agriculture.
  4. Pays africains : plusieurs pays africains, comme le Sénégal, le Kenya, l’Ouganda et le Malawi, ont également adopté l’utilisation de l’urine comme engrais pour stimuler la production agricole et réduire la dépendance aux engrais chimiques.
  5. États-Unis et Canada : bien que l’utilisation de l’urine comme engrais ne soit pas aussi répandue en Amérique du Nord, il existe néanmoins des communautés et des individus qui expérimentent et adoptent cette pratique pour leurs jardins ou leurs exploitations agricoles.

Il est important de noter que l’acceptation et la popularité de l’utilisation de l’urine comme engrais varient en fonction des cultures, des croyances et des réglementations locales. Toutefois, l’intérêt pour cette pratique continue de croître à mesure que les avantages environnementaux et économiques deviennent de plus en plus évidents.

Voici quelques données représentatives :

  • L’urine d’une personne sur un an permet de fertiliser environ 500 m² de champs.

  • Avec l’urine produite quotidiennement en Île-de-France, on pourrait fabriquer 25 millions de baguettes de pain chaque jour.

  • En collectant l’urine et en la valorisant dans un champ situé à moins de 100 km, les émissions de gaz à effet de serre liées au système alimentation-excrétion sont réduites de trois fois.

Pourquoi utiliser l’urine comme engrais ?

Tout d’abord, il est important de comprendre les raisons pour lesquelles l’urine est un engrais de choix. Riche en azote, phosphore et potassium, l’urine contient tous les éléments essentiels à la croissance des plantes. De plus, en l’utilisant comme engrais, vous réduisez votre empreinte écologique en évitant l’achat de produits chimiques et la production de déchets plastiques.

Des recherches probantes

Les chercheurs du programme de recherche-action OCAPI (Organisation des cycles Carbone, Azote, Phosphore dans les territoires), dirigé par l’École des Ponts ParisTech et le LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains), se penchent sur l’utilisation de l’urine dans l’agriculture en tant qu’engrais agricole. Les tests effectués ont révélé que l’urine humaine peut remplacer les engrais synthétiques, dont la production est polluante et dépend des combustibles fossiles.

La fabrication de fertilisants à base d’urine humaine encourage une agriculture circulaire et durable, et permet de réduire par quatre les émissions de gaz à effet de serre (en comparaison avec le système actuel où nous utilisons des engrais synthétiques et urinons dans l’eau potable des toilettes).

Comment préparer l’urine pour l’utilisation dans le jardin ?

Il est essentiel de diluer l’urine avant de l’utiliser sur vos plantes. En général, un mélange à 10 % d’urine et 90 % d’eau est idéal pour assurer la sécurité des plantes et éviter la surcharge d’éléments nutritifs. Vous pouvez également laisser reposer l’urine pendant 24 heures pour réduire son odeur.

Quelles plantes bénéficient le plus de l’urine comme engrais ?

L’urine convient particulièrement bien aux plantes à croissance rapide et gourmandes en azote, comme les tomates, les concombres, les poivrons et les courgettes. N’hésitez pas à expérimenter avec d’autres plantes pour découvrir les bénéfices de cet engrais naturel sur votre jardin.

Quelques conseils pour optimiser l’utilisation de l’urine comme engrais :

  1. Veillez à ne pas utiliser l’urine de personnes sous médication, car certains médicaments pourraient nuire à la santé des plantes.
  2. Évitez d’appliquer l’urine directement sur les feuilles, préférez l’arroser au pied des plantes.
  3. Alternez l’urine avec d’autres engrais naturels comme le compost, pour un apport nutritif équilibré.
  4. Utilisez de préférence l’urine fraîche, car elle contient moins de composés indésirables.
  5. Enfin, n’oubliez pas de respecter les règles d’hygiène en manipulant l’urine, notamment en vous lavant les mains après utilisation.

L’urine est, comme nos venons de le voir, une ressource précieuse pour l’optimisation de votre jardin et le développement de vos plantes. Adoptez cette pratique écologique et économique pour un jardinage respectueux de l’environnement et observez les résultats étonnants obtenus grâce à cette méthode naturelle.

Alors, êtes-vous prêts à transformer votre jardin en une oasis de verdure avec l’urine comme engrais ? N’hésitez pas à partager cet article avec vos amis et votre famille, et à nous faire part de vos expériences dans les commentaires ci-dessous.

 

Rendez-vous :

Dimanche 14 mars, de 12h à 19h à Paris, venez déguster des pâtisseries élaborées à partir d’une farine issue de blé nourri avec des engrais à base d’urine

Afin de promouvoir leur travail de recherche et de mettre en avant les avantages de cette alternative aux engrais traditionnels, la pâtisserie Tomo, située dans le 2e arrondissement de Paris et réputée pour son mélange de créations issues de la tradition du « Wagashi » japonais et de la pâtisserie française, s’associe le dimanche 14 mai au programme de recherche-action OCAPI pour proposer des pâtisseries issues d’une agriculture circulaire et durable. Tout au long de cette journée, les célèbres Dorayaki – des pancakes japonais fourrés à la pâte de haricot rouge – confectionnés par la pâtisserie Tomo, seront élaborés avec une farine provenant de blé fertilisé avec des engrais à base d’urine dans des champs expérimentaux en Île-de-France. Bien sûr, les Dorayaki eux-mêmes ne contiendront pas d’urine. Les fertilisants à base d’urine ont été utilisés pour enrichir les sols, afin de favoriser la croissance du blé. Avec le soutien de l’association Circulus, ce blé a ensuite été transformé en farine pour confectionner la pâte des Dorayaki.

Cette initiative marque une étape clé dans les travaux menés par les chercheurs du programme OCAPI, dirigé par l’École des Ponts ParisTech et le LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains). Ce projet est soutenu par l’association Circulus, dont l’objectif est de promouvoir la transition des systèmes alimentation/excrétion. L’enjeu de ce programme de recherche est de favoriser une transformation profonde de notre agriculture et de notre alimentation, en privilégiant la sobriété, la résilience, le retour des matières au sol, la convivialité et la justice sociale.

Pâtisserie Tomo : 11, rue Chabanais 75002 Paris (métro : Pyramides ou Quatre-Septembre)

 

Sophie Madoun