L’OMS prône l’interdiction immédiate des filtres de cigarette à cause de ses implications environnementales et de santé publique. Explications.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), en tant qu’autorité majeure en matière de santé publique, a récemment exprimé son soutien pour l’interdiction immédiate des filtres de cigarette. Cette position audacieuse et influente reflète une prise de conscience croissante des dangers environnementaux et des préoccupations de santé liés à ces filtres. Nous  allons explorer les raisons de cette recommandation, ses ramifications et ce que cela signifie pour l’avenir du tabagisme.

Pourquoi l’OMS prend-elle position ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) plaide pour une interdiction immédiate des filtres de cigarette, considérés comme des plastiques nocifs, en prélude aux discussions entourant la troisième session des négociations du traité sur le plastique à venir au Kenya. Soulignant l’importance vitale de l’implication de la société civile, l’OMS est en phase avec la résolution du 2 mars 2022, adoptée par 175 pays, visant à éliminer la pollution plastique à travers un traité juridiquement contraignant. Ce processus, prévu pour s’achever en 2024 en Corée du Sud, s’articulera autour de cinq étapes clés.

Les dangers des filtres de cigarette pour l’environnement

En mettant l’accent sur les dangers des plastiques présents dans les produits nicotinés, l’OMS, avec l’appui de la Convention-Cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), dénonce particulièrement les filtres des cigarettes, sans effet bénéfique sur la santé mais nuisibles pour l’environnement. Se basant sur les conclusions du Conseil supérieur de la santé belge, l’OMS préconise l’éradication de tous plastiques des produits nicotinés. Si une action immédiate s’avère complexe, une élimination progressive de ces plastiques est impérative.

L’accent est également mis sur la nécessité d’une science rigoureuse, transparente et exempte de conflits d’intérêts pour guider ce traité. Les industries polluantes, telles que l’industrie du tabac, doivent être tenues à l’écart des débats, leurs objectifs étant en désaccord avec la vision écologique promue par ce traité. De nombreuses initiatives à travers le monde cherchent à aborder cette question, que ce soit par des programmes d’éducation, des poubelles spécifiques pour les mégots, ou par des mesures législatives visant à responsabiliser les fabricants de tabac pour le nettoyage des déchets liés aux cigarettes.

La cohérence politique et la priorité à la santé sont deux autres piliers fondamentaux de cette démarche. Les traités antérieurs doivent être respectés et servir de référence, renforçant ainsi l’influence du traité de la CCLAT, soutenu par 182 pays.

Pourquoi les filtres de cigarettes polluent-ils ?

Les filtres de cigarettes contribuent de manière significative à la pollution pour plusieurs raisons :

Composition en acétate de cellulose : la plupart des filtres de cigarettes sont fabriqués à partir d’acétate de cellulose, une forme de plastique. Contrairement à ce que pensent de nombreuses personnes, ces filtres ne sont pas biodégradables. Bien qu’ils puissent se fragmenter en petits morceaux sous l’effet des éléments, ils ne disparaissent pas complètement. Ces petits morceaux de plastique peuvent perdurer dans l’environnement pendant des années, voire des décennies.

Volume énorme de mégots jetés : les cigarettes sont l’un des déchets les plus couramment jetés de manière inappropriée à travers le monde. Chaque année, des milliards de mégots de cigarettes sont jetés dans l’environnement, ce qui représente une énorme quantité de déchets.

Toxines libérées : outre l’acétate de cellulose, les mégots de cigarettes contiennent les résidus de nombreux produits chimiques présents dans les cigarettes. Lorsqu’ils entrent en contact avec l’eau, ces mégots libérent ces produits chimiques, ce qui peut contaminer l’eau et nuire à la faune aquatique.

Impact sur la faune : les petits fragments de filtres de cigarettes peuvent être ingérés par les animaux, en particulier les organismes marins, ce qui entraînent des blocages respiratoires, une intoxication et parfois la mort.

Esthétique : les mégots de cigarettes contribuent également à la pollution visuelle, en particulier dans les zones urbaines, sur les plages, et dans d’autres zones publiques.

Coûts de nettoyage : les villes et les communautés dépensent des sommes considérables pour nettoyer les mégots de cigarettes de leurs rues, parcs et autres espaces publics.

L’OMS et les organisations sanitaires souhaitent l’interdiction des filtres de cigarettes

Nombre d’organisations sanitaires et écologiques, dont la Stop Tobacco Pollution Alliance (STPA) et le Comité national contre le tabagisme (CNCT), ont déjà pris position contre les filtres de cigarettes, insistant sur l’absence de solutions alternatives viables. Ces entités soulignent que l’interdiction est la seule voie viable pour réduire la pollution plastique.

La journée mondiale sans tabac, observée lors de la deuxième session de négociation à Paris, a été marquée par une déclaration conjointe de plus de 130 intervenants exigeant l’interdiction des filtres de cigarettes. Le professeur Yves Martinet, à la tête du CNCT, salue l’engagement de l’OMS, invitant les gouvernements à considérer les filtres comme des plastiques néfastes et à agir en conséquence. L’urgence est manifeste : chaque seconde, 132 000 mégots polluent notre environnement, exacerbant la crise écologique.

En conséquence, la pollution causée par les filtres de cigarettes est à la fois un problème environnemental et de santé publique. D’où l’interdiction par l’OMS des filtres de cigarettes.