Licenciés à cause Chatgpt ! Dans une interview accordée au Washington Post, deux créateurs de contenus qui ont récemment perdu leur emploi au profit de ChatGPT partagent leur expérience. Malgré les limitations de qualité des articles générés par l’IA, leurs employeurs ont opté pour cette transition, motivés par des considérations économiques. Cette situation soulève des questions sur l’impact de l’automatisation sur l’emploi et la priorité accordée aux coûts plutôt qu’à la qualité.

La montée en puissance de ChatGPT suscite des inquiétudes quant à la perte d’emplois dans certains secteurs. Selon un sondage récent, 48 % des entreprises ayant adopté ChatGPT ont déjà procédé à des licenciements. Les prédictions pessimistes d’OpenAI suggèrent même que 80 % des emplois pourraient être impactés par cette technologie. Et d’après une étude de Goldman Sachs, l’intelligence artificielle menace désormais l’emploi de 300 millions de travailleurs. Du point de vue des employeurs, le choix est simple : l’utilisation du chatbot développé par OpenAI coûte bien moins cher qu’un salarié. Dans l’article du Washington Post, il est présenté deux témoignages poignants d’un salarié et d’une travailleuse indépendante, tous deux créateurs de contenu, qui ont été licenciés à cause de ChatGPT. Car être licencié et remplacé par une intelligence artificielle (IA) est une réalité qui soulève de nombreuses questions sur le plan légal et éthique. L’expérience de ces deux personnes révèle les conséquences émotionnelles et professionnelles désastreuses de cette transition.

La transition vers ChatGPT : une décision axée sur les économies

Lors de l’interview, les créateurs de contenus ont expliqué que leurs employeurs ont choisi de remplacer leur expertise par ChatGPT en raison de son coût nettement inférieur à celui d’un salarié. Malgré la qualité moindre des articles produits par l’IA, les entreprises ont préféré privilégier les économies financières à la valeur ajoutée apportée par des professionnels.

Les limites de ChatGPT : une qualité inférieure

Les témoignages mettent en évidence les lacunes de ChatGPT en termes de qualité par rapport à des créateurs de contenus humains. Les articles générés par l’IA peuvent manquer de créativité, de précision et d’originalité, ce qui diminue la valeur et l’impact des contenus produits. Malgré cela, les employeurs ont choisi de faire confiance à l’efficacité et à la rentabilité de ChatGPT.

Les conséquences pour les créateurs de contenus

La transition vers ChatGPT a, de fait, eu un impact significatif sur les créateurs de contenus licenciés. Outre la perte de leur emploi, ils ont dû faire face à des incertitudes professionnelles et à une baisse de confiance en eux-mêmes. La préférence donnée à l’intelligence artificielle plutôt qu’aux professionnels qualifiés a engendré des répercussions émotionnelles et professionnelles pour ces individus.

Licenciés à cause de Chatgpt : 2 témoignages poignants

Eric Fein : Une perte d’emploi dévastatrice

Eric Fein, 34 ans, avait passé les dix dernières années à rédiger des textes pour diverses marques, gagnant jusqu’à 60 euros de l’heure. Cependant, en mars, son plus gros client l’a abandonné au profit de ChatGPT, ce qui a entraîné la perte des neuf autres clients qui ont suivi le mouvement. Cette situation l’a profondément affecté. Bien qu’il ait averti ses clients que ChatGPT ne pouvait pas reproduire sa créativité, sa précision technique et son originalité, ces derniers ont préféré opter pour l’abonnement mensuel de 25 euros du robot. Eric a dû se reconvertir dans la réparation de climatiseurs pour subvenir à ses besoins.

Olivia Lipkin : Un licenciement injuste

Olivia Lipkin, 25 ans, a été licenciée en avril après avoir été surnommée « Olivia/ChatGPT » sur la messagerie privée de son entreprise. Elle a découvert après coup que sa suppression de poste était due à ChatGPT. La simple mention de ChatGPT suscitait en elle un sentiment de manque de confiance et d’anxiété quant à son remplacement. Aujourd’hui, elle travaille comme promeneuse de chiens pour gagner sa vie. Ce témoignage reflète les conséquences réelles de l’intelligence artificielle sur les individus.

L’IA : une menace pour l’emploi

Savez-vous que 48 % des entreprises qui ont adopté ChatGPT ont effectué des licenciements ? Cette statistique troublante met en évidence l’impact de plus en plus réel de cette technologie sur le marché du travail. Alors que ChatGPT offre des capacités de conversation et de rédaction avancées, il suscite également des inquiétudes quant à la possibilité de remplacer des emplois humains. Les entreprises, cherchant à optimiser leurs coûts et à améliorer leur efficacité, sont parfois amenées à prendre la décision difficile de licencier des employés au profit de cette intelligence artificielle. Cette réalité soulève des questions sur les implications sociales et économiques de l’intégration croissante de ChatGPT dans le monde professionnel.

Les licenciements liés à l’adoption de ChatGPT

Si 48 % des entreprises ayant adopté ChatGPT ont déjà procédé à des licenciements, il semble que ce ne soit que le début. En effet, selon une enquête récente, 33 % des chefs d’entreprise prévoient « certainement » des licenciements d’ici la fin de l’année, tandis que 26 % évoquent la « probabilité » de telles mesures. À moyen terme, 63 % des chefs d’entreprise estiment que l’utilisation de ChatGPT entraînera des licenciements. Même parmi les entreprises n’ayant pas encore adopté l’IA mais envisageant de le faire, 28 % envisagent de licencier des collaborateurs au profit de ChatGPT.

Ces projections ne sont pas surprenantes si l’on considère que 99 % des entreprises utilisant déjà ChatGPT ont déclaré avoir réalisé des économies depuis son adoption. Parmi elles, 48 % ont économisé plus de 50 000 dollars, 25 % ont économisé 75 000 dollars, et 11 % ont économisé 100 000 dollars.

Comme l’avait prévu David Autor, professeur d’économie du travail au MIT, l’IA tend à dévaloriser les compétences administratives et de bureau traditionnelles. Les résultats de l’enquête confirment cela, avec 66 % des organisations utilisant ChatGPT pour générer du code informatique, 58 % lui confiant la rédaction de contenu, et 57 % automatisant des tâches liées au service client. Toutefois, l’utilisation de ChatGPT soulève également des préoccupations, notamment en ce qui concerne les biais sexistes et racistes constatés par certains utilisateurs.

Outre les licenciements, l’adoption du chatbot entraîne des changements dans les modes de travail et conduit à des ajustements de postes. Par exemple, dans les entreprises informatiques, la rédaction de code est confiée à l’IA, permettant aux employés de se concentrer sur des tâches plus stratégiques nécessitant des compétences spécifiques.

Une grande majorité des chefs d’entreprise se déclare « impressionnée » par la qualité du travail produit par l’IA. Ainsi, 55 % les considèrent comme « excellents » et 34 % les trouvent « très bons ». D’où les personnes licenciées à cause de Chatgpt, En conséquence, 93 % des entreprises ayant déjà adopté ChatGPT envisagent d’étendre son utilisation. De plus, 9 chefs d’entreprise sur 10 estiment qu’avoir une expérience ou une compétence en ChatGPT et en IA/chatbot est un avantage sur le marché du travail. Cette évolution est perçue comme logique par Stacie Haller, conseillère en ressources humaines, qui affirme que les compétences des travailleurs doivent évoluer avec la technologie.

Avec l’essor de l’intelligence artificielle, l’avenir du travail est en pleine transformation, et il est crucial de trouver un équilibre entre les avantages et les préoccupations liés à l’automatisation.

Licenciement par une IA : quelle protection légale pour les travailleurs ?

En France, le code du travail offre une protection aux travailleurs, mais qu’en est-il de ces situations particulières ? Quelles sont les dispositions légales existantes et les aspects juridiques entourant le remplacement d’un employé par une IA ?

La législation française et le licenciement :

Selon la législation française, un employeur ne peut licencier un employé que pour une cause réelle et sérieuse. Sinon ce licenciement est considéré comme abusif et vous pouvez aller aux Prud’hommes faire entendre vos droits. Cependant, il n’existe pas de disposition spécifique concernant le remplacement d’un employé par une IA dans le contrat de travail. Dans ces cas, si un employé est licencié en raison du remplacement de son poste par une IA, cela peut être considéré comme un licenciement pour motif économique.

Le licenciement sans cause réelle et sérieuse

En France, l’article L1232-1 du Code du travail établit que tout licenciement doit être fondé sur une cause réelle et sérieuse. Cela signifie que l’employeur doit justifier d’un motif valable et légitime pour mettre fin au contrat de travail. L’absence de cause réelle et sérieuse rend le licenciement abusif et peut donner lieu à des conséquences juridiques pour l’employeur.

Conséquences pour l’employeur :
Si un licenciement est reconnu sans cause réelle et sérieuse, l’employeur peut être condamné à verser des indemnités au salarié concerné. Le montant de ces indemnités varie en fonction de plusieurs facteurs, tels que l’ancienneté du salarié et la gravité du préjudice subi. En outre, l’employeur peut être contraint de réintégrer le salarié dans son poste d’origine.

Recours pour le salarié :
En cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse, le salarié peut contester la décision devant les tribunaux. Il doit saisir le Conseil de Prud’hommes dans un délai de 12 mois à compter de la notification de son licenciement. Le tribunal examinera les preuves et les arguments présentés par les parties et décidera s’il y a lieu d’accorder des indemnités compensatoires et/ou de prononcer une réintégration.

Importance de la preuve :
Pour obtenir gain de cause dans une affaire de licenciement sans cause réelle et sérieuse, le salarié doit fournir des éléments de preuve solides. Cela peut inclure des documents, des témoignages ou d’autres éléments démontrant l’absence de motif valable. Il est recommandé de recueillir des preuves dès que possible et de consulter un avocat spécialisé en droit du travail pour obtenir des conseils juridiques adaptés.

Le licenciement pour motif économique :

Un licenciement pour motif économique est encadré par le code du travail. L’employeur doit suivre une procédure spécifique, notamment la consultation des représentants du personnel, la recherche de solutions alternatives et la proposition de mesures d’accompagnement telles que la formation ou le reclassement.

Les obligations de l’employeur :

L’employeur a l’obligation légale de garantir la santé, la sécurité et le bien-être de ses employés. Lorsqu’une IA remplace des employés, il est essentiel que l’employeur veille à ce que cette transition ne porte pas atteinte aux droits des travailleurs. Cela inclut le respect des conditions de travail, de rémunération et de protection sociale.

Formation et reclassement :

Si l’utilisation de l’IA conduit au licenciement d’employés, l’employeur est tenu de proposer des mesures de formation ou de reclassement afin de favoriser leur réinsertion professionnelle. Cela peut comprendre des programmes de formation spécifiques visant à acquérir de nouvelles compétences adaptées aux emplois émergents.

Réalisation de prophéties autoréalisatrices

Il convient de noter que ce n’est pas ChatGPT lui-même qui a licencié ces personnes, mais les employeurs qui ont choisi de privilégier la réduction des coûts, parfois au détriment de la qualité. Les sociétés commercialisant ces systèmes ont souvent prédit l’avenir sombre de l’emploi face à l’IA, et certaines entreprises ont agi en conséquence. Sarah T. Roberts, chercheuse spécialisée dans le travail numérique, soulève des questions cruciales sur la qualité et les motivations derrière cette transition.

 

Sophie Madoun