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A ce jour, la recherche des anomalies moléculaires éligibles pour une thérapie ciblée s’effectue à partir de l’analyse d’un prélèvement de la tumeur. Les médecins de l’Institut Curie viennent de démontrer la fiabilité d’une technique peu invasive et moins douloureuse pour les patients : l’analyse de l’ADN tumoral circulant à partir d’une simple prise de sang.

Fer de lance de la médecine de précision, les thérapies ciblées ne peuvent être proposées qu’aux patients porteurs de l’anomalie moléculaire qu’elles visent.  « Leur prescription nécessite donc de rechercher dans les cellules tumorales si l’anomalie est bien présente » explique le Dr Christophe Le Tourneau, responsable du pôle Médecine de précision à l’Institut Curie. « Aujourd’hui cette recherche s’effectue principalement à partir des prélèvements de la tumeur. » Or la biopsie est un acte invasif pour le patient, parfois douloureux et pouvant nécessiter une hospitalisation.

« Une alternative serait de rechercher les anomalies moléculaires éligibles pour une thérapie ciblée dans l’ADN tumoral circulant obtenu à partir d’un simple prélèvement sanguin » se réjouit le Pr Jean-Yves Pierga, chef du département d’Oncologie médicale à l’Institut Curie et spécialiste des biomarqueurs circulants. Il existe en effet un phénomène naturel de dégradation des cellules normales ou tumorales dans l’organisme et ce, afin d’assurer le renouvellement des tissus. Les cellules tumorales sont dégradées et des brins d’ADN tumoral circulent dans l’organisme.

SHIVA : porte ouverte à de nombreuses avancées

« Dans le cadre de l’essai SHIVA, nous avons donc recherché chez 34 patients atteints de cancers différents (soit au total 18 types de cancer) les anomalies moléculaires dans les biopsies, mais aussi dans l’ADN tumoral circulant », commente le Dr Christophe Le Tourneau.

SHIVA[1] est un essai clinique innovant, coordonné par le Dr Christophe Le Tourneau dans lequel, pour la première fois en cancérologie, le choix thérapeutique est entièrement basé sur le profil moléculaire de la tumeur, sans tenir compte de la localisation tumorale.
Pour 27 patients, 28 des 29 anomalies moléculaires détectées dans les biopsies l’ont été dans l’ADN tumoral circulant. Par ailleurs, une anomalie non détectée dans les biopsies a été identifiée dans l’ADN tumoral circulant. Chez les 7 autres patients, la recherche des anomalies n’avait pas pu être effectuée dans les biopsies. En revanche, elle a été possible dans l’ADN tumoral circulant.

« Cette étude est la première à montrer la faisabilité de la recherche de plusieurs anomalies moléculaires éligibles pour une thérapie ciblée dans l’ADN tumoral circulant par des techniques utilisées en routine chez des patients métastatiques et atteints de différents types de cancer », commente le Pr Jean-Yves Pierga. « Au-delà d’être moins invasive, moins douloureuse et plus économique, la recherche des anomalies dans l’ADN tumoral circulant est une alternative fiable aux biopsies. »

En raison du développement de nouvelles thérapies ciblées, mais aussi de l’extension de leur prescription, le recours aux tests moléculaires est en pleine expansion. « Ces résultats présentent donc une alternative prometteuse, d’autant plus que les biopsies (surtout au niveau des métastases) ne sont pas toujours réalisables chez les patients », conclut le Dr Christophe Le Tourneau.

[1] L’essai clinique Shiva a été développé en majeure partie grâce à la générosité publique, au financement d’entreprises dont la Fondation EDF, Malakoff Médéric et Swiss Life, et d’associations fidèles de l’Institut Curie, ainsi que dans le cadre de la labellisation SIRIC (site de recherche intégré sur le cancer) obtenue par l’Institut Curie en 2011.