Des scientifiques explorent le rôle des hormones sexuelles pour comprendre la sclérose en plaques : Les hormones masculines pourraient-elles être la clé pour une régénération de la gaine de myéline chez les femmes ?

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune chronique et évolutive qui affecte le système nerveux central (cerveau, moelle épinière et nerfs optiques). Dans cette maladie, le système immunitaire attaque la myéline, une substance qui protège les fibres nerveuses et facilite la transmission des informations entre le cerveau et le reste du corps. Cette attaque de la myéline provoque des lésions qui peuvent entraîner divers symptômes, tels que des problèmes de vision, des douleurs, des troubles de la coordination et de l’équilibre, une faiblesse musculaire, une fatigue intense, etc. La sclérose en plaques est une maladie incurable qui peut évoluer de manière très variable d’une personne à l’autre, mais elle peut être traitée pour réduire les symptômes et ralentir sa progression.

Qu’est-ce que la myéline ?

La myéline est une substance graisseuse et blanchâtre qui entoure les fibres nerveuses du système nerveux central et périphérique. Elle agit comme une gaine isolante et protectrice qui permet une transmission rapide et efficace des signaux électriques le long des fibres nerveuses. La myéline est produite par des cellules spécialisées appelées oligodendrocytes dans le système nerveux central et par les cellules de Schwann dans le système nerveux périphérique. Dans la sclérose en plaques, la myéline est attaquée et détruite par les cellules immunitaires, ce qui perturbe la transmission des signaux nerveux et entraîne divers symptômes.

Les androgènes protègent les femmes de la sclérose en plaque

Des chercheurs travaillent actuellement à mieux comprendre les mécanismes de la sclérose en plaques afin de développer de nouvelles thérapies qui pourraient empêcher les patients d’entrer dans la phase progressive de la maladie, en favorisant la régénération de la myéline. La chercheuse Élisabeth Traiffort et son équipe de l’unité « Maladies et hormones du système nerveux » (Inserm/Université Paris-Saclay) se concentrent notamment sur les différences entre les femmes et les hommes face à la sclérose en plaques. Étant donné que la maladie touche essentiellement les femmes, les chercheurs s’efforcent de déterminer s’il serait utile d’adapter les traitements en fonction du sexe des patients.

Dans une étude récente, l’équipe de recherche s’est intéressée aux androgènes, des hormones masculines que l’on retrouve également en petite quantité chez les femmes. Les androgènes ont déjà été étudiés pour leur rôle protecteur chez les hommes atteints de sclérose en plaques, mais leur impact sur la maladie chez les femmes est moins connu.

Les chercheurs ont observé que le récepteur AR, qui permet aux androgènes de transmettre leur signal, est fortement exprimé dans les tissus nerveux des femmes atteintes de la maladie, suggérant un rôle essentiel des androgènes dans ces zones. Les chercheurs ont également constaté que même en faible quantité, les androgènes favorisent la régénération de la myéline détruite chez les souris femelles utilisées comme modèle de la maladie, et ont des effets anti-inflammatoires importants dans les tissus nerveux démyélinisés des femmes.

Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles pistes de recherche pour mieux comprendre l’impact des androgènes sur la sclérose en plaques chez les femmes et pour développer des traitements plus efficaces.

« Alors que les faibles taux d’androgènes détectés chez les femmes pouvaient laisser présager un rôle mineur pour ces hormones dans la maladie, nous montrons que ce n’est pas le cas. Nos données suggèrent l’utilisation de doses appropriées d’androgènes chez les femmes atteintes de sclérose en plaques et la nécessité de prendre en considération le sexe du patient dans l’approche thérapeutique de cette pathologie et vraisemblablement des autres pathologies mettant en jeu une destruction de la myéline du système nerveux central. »

Élisabeth Traiffort

A savoir : Il existe deux modes évolutifs de la maladie. La forme récurrente-rémittente est la plus fréquente. Elle représente 85% des cas au début de la maladie. Son évolution se fait sous forme de poussées, avec l’apparition de symptômes en quelques heures ou en quelques jours, souvent associés à une fatigue extrême et inhabituelle évocatrice du diagnostic. Puis, les symptômes disparaissent totalement ou partiellement en quelques semaines. La forme progressive dite ‘primaire’ ne représente que 15% des cas. Elle correspond à une aggravation lente et continue des symptômes neurologiques, sans poussées et sans rémission.

Les résultats de ces recherches sont publiés dans la revue Nature Communications.

INSERM