Le MAN dénonce l’obstination des pouvoirs politiques à conserver le nucléaire comme méthode de fabrication de l’électricité. Chaque jour qui passe, la quantité de déchets radioactifs augmente et nous ne savons pas la gérer. Le combat légitime de Bure contre l’enfouissement de ces déchets montre l’impasse où la France continue d’avancer. Chaque jour qui passe, le risque d’un accident majeur augmente en France au regard du vieillissement du parc nucléaire. Comment serons-nous capables de gérer une situation type Tchernobyl ou Fukushima sur le sol français ?

 

Le MAN est stupéfait par la déclaration de Nicolas Hulot indiquant que la loi sur la transition énergétique prévoyant la baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production de l’électricité ne sera pas appliquée en 2025. Présentée comme un constat, cette déclaration est surtout l’aveu que le développement des énergies renouvelables n’a pas été à la hauteur des enjeux depuis 2015 ! Au contraire la France continue d’investir massivement dans l’énergie nucléaire, et non dans le renouvelable.

Il est temps de freiner le nucléaire au profit des énergies renouvelables pour l’arrêter en toute maîtrise au lieu d’en être contraints par des évènements dramatiques !

Sous la pression du lobby nucléaire et en particulier de l’entreprise EDF, les obstacles se multiplient visant à freiner l’installation du solaire, de l’éolien, de la micro hydraulique, de la géothermie : obligation de mettre le solaire en « intégration de toiture » (c’est à dire en remplacement des tuiles), baisse du montant de rachat de l’électricité aux particuliers, encouragement des associations anti éolien… Ainsi tous les arguments, jusqu’au passage des avions militaires, sont utilisés contre les autorisations d’implantation d’éoliennes. De même, l’usine ultra moderne de fabrication de panneaux photovoltaïques construite par Bosh à Vénissieux (69) a été fermée par manque d’engagement des pouvoirs publics, laissant à la Chine ce marché en plein développement.

Pourtant, le coût du Kwh nucléaire dépasse maintenant celui du Kwh renouvelable : EDF annonçait 60 € le MWh mais sans les surcoûts dû aux prolongements et aux démantèlements. Les estimations sont plutôt de l’ordre de 120 € le MWh. EDF a « vendu » l’EPR » à la Grande Bretagne à 100 € le MWh. L’éolien est aujourd’hui à 80 € le MWh.
EDF est dans une situation financière catastrophique, et n’existe encore que grâce aux apports financiers de l’État français. Ce sont les subventions publiques qui permettent à EDF de construire de nouvelles centrales nucléaires, alors que des citoyens sont obligés de financer des coopératives de production d’énergie renouvelable. L’engagement de l’Etat pour 3 milliards d’euros dans EDF pour « recapitalisation » en est la démonstration.
Dans le même temps les équipes de l’électricien se montrent déficientes en termes de capacité à mener à bout les deux seuls chantiers EPR en Europe, et ce avec des coûts dépassant largement les devis : EPR en Finlande initialement programmé pour 2009 à 3,5 milliards d’euros et toujours pas en service avec plus de 8 milliards d’euros (les pénalités sont payées par Alsthom). EPR de Flamanville chiffré au départ à 3,3 milliards d’euros atteint plus de 10,5 Mds aujourd’hui – ouverture prévue au départ en 2012 et annoncée aujourd’hui fin 2018.

La France a besoin d’une volonté politique pour engager sa transition énergétique

Les coûts de démantèlement des centrales nucléaires ne sont pas couverts par les réserves financières car largement sous-estimés. Le démantèlement est chiffré à près d’un milliard d’euros par réacteur en Allemagne, l’Italie prévoit 900 millions, quand l’EDF a évalué entre 350 et 500 millions, soit 2 fois moins !
Les premiers démantèlements de centrales montrent également les difficultés rencontrées. EDF doit aussi supporter les travaux de modernisation des 58 réacteurs français afin qu’ils puissent fonctionner jusqu’à 60 ans. Ce coût est estimé à 50 milliards d’euros par EDF alors que la Cour des comptes chiffre ce coût à… 100 milliards.

La gestion des déchets nucléaires sur les prochains milliers d’années est une gageure scientifique, financière et sécuritaire, dramatique. Que dirions-nous si nous avions hérité d’une gestion des déchets radioactifs qui nous aurait été imposée depuis plus de 2 000 ans ? C’est pourtant ce que les responsables politiques mettent en place. La solution d’enfouissement, tel que prévue à Bure, n’est pas sérieuse : les atomes forceront toutes les barrières un jour et il y aura des fuites ; il s’agit de demander l’impossible au béton, à la ferraille, à la croûte terrestre et à la mémoire humaine… D’autres pays ont d’ailleurs déjà fait l’expérience d’essais malheureux : réaction chimique entraînant explosion et incendie dans un site américain, fuite radioactive dans mine de sel en Allemagne…