L’utilisation de l’ARN messager dans des vaccins contre la Covid-19 a mis en lumière les possibilités immenses de cette technologie pour beaucoup d’autres maladies, dont le cancer. C’est pourquoi la Ligue contre le cancer, premier financeur indépendant de la recherche en cancérologie en France, a acté le financement de six projets exploitant cette technologie pour un montant de 2,3 millions d’euros. Voici les projets utilisant ARN thérapeutique.

« La technologie des thérapies basées sur l’ARN permet d’envisager des stratégies thérapeutiques innovantes pour cibler les cellules cancéreuses, l’environnement qui favorise le développement des cancers ou encore activer l’immunité anticancéreuse. C’est une grande fierté pour nous d’annoncer le financement de ces 6 projets majeurs ! Ce premier appel à projets a montré que les chercheurs français ont des approches très innovantes, pouvant déboucher sur des traitements pour différents types de cancers pour lesquels des traitements efficaces font aujourd’hui défaut. La Ligue renouvellera cet appel à projets en 2022 pour ouvrir des perspectives supplémentaires dans l’ARN médicament contre les cancers », déclare Daniel Nizri, Président bénévole de la Ligue contre le cancer.

6 projets pour être à la pointe de la recherche sur l’ARN thérapeutique – médicament contre le cancer

En 2021, en plus de ses appels à projets historiques (équipes labellisées, doctorants, recherche clinique, enfants, adolescents et cancer et recherche en prévention), la Ligue a lancé un nouveau programme de soutien à la recherche dédié à l’utilisation de l’ARN à visée thérapeutique, une technologie porteuse d’espoir pour la prise en charge des cancers.

L’appel à projets à destination des professionnels de la recherche ouvert en avril 2021 a rencontré un franc succès : environ 60 projets ont été déposés ! Le Conseil Scientifique National a sélectionné 6 projets qui seront financés par la Ligue pour un montant total de 2,3 millions d’euros.

Ces projets reflètent la diversité des stratégies thérapeutiques envisageables grâce à la grande versatilité des technologies ARN thérapeutique :

– Olivier Adotevi (Inserm UMR1098, Université de Franche Comté, Établissement Français du Sang, Besançon) : Vaccination thérapeutique contre le cancer colorectal en ciblant des antigènes de rétrovirus endogènes au moyen d’ARN messagers véhiculés par nanoparticules et protégés de la dégradation.

–  Sébastien Campagne (Inserm U1212, CNRS UMR 5320, Bordeaux) : Développement de deux petits ARN thérapeutiques capables de tuer les cellules leucémiques en ciblant une protéine spécifique via deux mécanismes distincts.

– Julien Faget (Inserm U1194, Institut de recherche en cancérologie de Montpellier) : Nouvelle approche de l’immunothérapie du cancer du poumon en combinant la vaccination thérapeutique et la stimulation de la réponse immunitaire antitumorale.

– Marie-Dominique Galibert (CNRS UMR 6290, Université de Rennes, Institut de Génétique et Développement de Rennes) : Développement d’une approche inédite du traitement des mélanomes cutanés au moyen de petits ARN thérapeutiques ciblant l’activité de certains oncogènes.

– Chantal Pichon (CNRS UPR 4301, Centre de biophysique moléculaire, Orléans) : Conception d’un vaccin ARN innovant pour stimuler la réponse immunitaire anticancéreuse au niveau des muqueuses (poumons, voies aérodigestives supérieures).

– Palma Rocchi (Inserm U1068, CNRS UMR 7258, Univ. Aix-Marseille U105, Centre de recherche en cancérologie de Marseille) : Développement d’un traitement couplant ARN antisens et radiothérapie interne pour proposer une nouvelle alternative thérapeutique dans le traitement des cancers de la prostate résistants à la castration chimique.

Afin d’obtenir des résultats concrets pendant la durée des projets (3 ou 4 ans), les équipes ont créé des consortiums restreints mais alliant des compétences nécessaires et complémentaires (biologistes, immunologistes, chimistes…) maitrisant des technologies de pointe : nanoparticules lipidiques, spray nasal, pouvant délivrer les ARN messagers directement dans les tissus ciblés.

L’ARN – médicament, une découverte des années 90 rendue célèbre par la crise de la Covid

Si cette technologie s’est fait connaitre du grand public grâce aux vaccins contre la Covid-19, l’idée d’utiliser des molécules d’ARN à visée médicale remonte aux années 1990. La technologie des thérapies basées sur l’ARN permet d’envisager des stratégies thérapeutiques innovantes pour cibler les cellules cancéreuses, l’environnement qui favorise le développement des cancers ou encore activer l’immunité anticancéreuse. Un espoir prometteur pour traiter et guérir certains cancers.