La télémédecine est en train de révolutionner le monde de la santé en offrant des avantages indéniables aux patients et aux professionnels de la santé. En effet, la télémédecine permet de fournir des soins à distance grâce aux technologies de l’information et de la communication, ce qui offre de nombreux avantages. Cependant, la télémédecine ne serait pas une solution pour pallier aux déserts médicaux. Explications avec le cas de la Normandie.

La télémédecine offre de nouvelles pratiques pour le suivi post-opératoire ou les séances avec un psychologue, permettant d’accéder à des soins à distance depuis son ordinateur ou sa tablette.Mais est-ce que la télémédecine répond aux problèmes des déserts médicaux ?

Les avantages de la télémédecine

La téléconsultation permet un accès plus facile et plus rapide aux soins de santé. Les patients peuvent avoir accès à des consultations médicales à distance, sans avoir à se déplacer dans un cabinet médical. Cela est particulièrement bénéfique pour les personnes vivant dans des zones rurales ou éloignées, ainsi que pour les personnes à mobilité réduite.

En outre, la télémédecine permet aussi de réduire les coûts de la santé, car elle permet de limiter les déplacements et les hospitalisations, tout en offrant une meilleure qualité de soins. Les patients peuvent avoir accès à des spécialistes sans avoir à se déplacer, ce qui réduit les coûts liés aux transports et aux hébergements.

La télémédecine permet également de réduire les temps d’attente pour les consultations médicales. Les patients peuvent bénéficier de soins immédiats, même si le médecin est en déplacement ou en congé. Les professionnels de la santé peuvent également réduire leur temps de déplacement et consacrer plus de temps à la prise en charge des patients.

Un autre avantage de la télémédecine est qu’elle permet d’améliorer la qualité des soins. Les médecins peuvent avoir accès à des informations médicales en temps réel, ce qui leur permet de prendre des décisions plus éclairées et plus précises. Les patients peuvent également avoir accès à des soins spécialisés, même s’ils se trouvent dans des zones éloignées. Enfin, la télémédecine offre également un avantage écologique en réduisant les émissions de CO2 liées aux déplacements. Les patients et les professionnels de la santé peuvent réduire leur empreinte carbone en utilisant la télémédecine.

Les limites de la télémédecine contre les déserts médicaux

Cependant, malgré l’offre croissante de soins à distance, la télémédecine ne peut être considérée comme une solution miracle pour relever les défis du système de santé. Pour favoriser son déploiement sur le territoire, Amandine Cayol, maître de conférences en droit privé (ICREJ), a mené un projet de recherche EDeTeN avec une analyse pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales sur les enjeux du développement de la télémédecine en Normandie. Les conclusions de cette étude démontrent que la télémédecine ne profite pas aux personnes âgées qui ont plus de difficulté à accéder à des consultations médicales, mais plutôt aux jeunes actifs. Par conséquent, la télémédecine ne peut être considérée comme la solution unique pour lutter contre les déserts médicaux en Normandie ou en France.

« Les conclusions de l’étude menée en Normandie rejoignent celles menées au niveau national. Elles soulignent que ce sont les jeunes actifs, vivant en milieu urbain et maîtrisant les outils numériques, qui recourent le plus aux téléconsultations. La télémédecine constitue, pour cette population, un gain de temps considérable dans une vie familiale et professionnelle déjà bien remplie. Les personnes âgées résidant en milieu rural se sont, en revanche, peu approprié ces technologies numériques », analyse Amandine Cayol.

Comment les professionnels de santé perçoivent-ils aujourd’hui la télémédecine ?

Cette question suscite un intérêt grandissant, à mesure que les offres de soins à distance se développent. Bien sûr, tous les actes médicaux ne peuvent pas être effectués à distance, mais lorsque cela est possible, la téléconsultation est généralement bien accueillie par les patients et les professionnels de santé. La pandémie de COVID-19 a sans doute contribué à lever les blocages existants, en rendant plus accessibles les consultations médicales en ligne. En santé mentale, par exemple, les psychologues et les psychiatres sont en général très satisfaits de la qualité du suivi à distance.

Cependant, les professionnels de santé sont unanimes : la télémédecine doit s’inscrire dans le cadre d’un parcours de soins et ne doit pas remplacer l’offre de soin en présentiel. Il est important de garder à l’esprit que la télémédecine ne peut pas tout résoudre et qu’elle doit être utilisée à bon escient. Elle doit être considérée comme un outil complémentaire, permettant de faciliter l’accès aux soins pour les patients qui ne peuvent pas se déplacer facilement, ou pour lesquels un déplacement serait trop difficile ou coûteux.

L’étude soulève également un autre enjeu important : le consentement éclairé du patient. En effet, toute démarche médicale, y compris la télémédecine, doit être précédée d’un consentement éclairé du patient. Il est essentiel que les patients comprennent les enjeux d’une telle consultation et y adhèrent.

« Or, les professionnels de santé considèrent trop souvent qu’une connexion équivaut à un consentement… tandis que les patients ne savent généralement pas s’ils ont consenti, ni même ce à quoi ils ont consenti. À cet égard, l’accompagnement par un tiers —membre de la famille, infirmière ou même pharmacien — joue un rôle crucial dans la relation patient-médecin, pour veiller à la réception et à la bonne compréhension de l’information », explique Amandine Cayol.

La télémédecine offre de nombreux avantages aux patients et aux professionnels de la santé. Elle permet un accès plus facile et plus rapide aux soins, réduit les coûts de la santé, réduit les temps d’attente, améliore la qualité des soins et offre un avantage écologique en réduisant les émissions de CO2. La télémédecine est donc une solution innovante pour répondre aux besoins de santé actuels et futurs.

« Les conclusions de l’étude menée en Normandie rejoignent celles menées au niveau national. Elles soulignent que ce sont les jeunes actifs, vivant en milieu urbain et maîtrisant les outils numériques, qui recourent le plus aux téléconsultations. La télémédecine constitue, pour cette population, un gain de temps considérable dans une vie familiale et professionnelle déjà bien remplie. Les personnes âgées résidant en milieu rural se sont, en revanche, peu approprié ces technologies numériques. D’où nos réflexions sur le tiers  – qu’il s’agisse d’un professionnel de santé ou d’un proche, qui peut proposer un accompagnement et un soutien précieux. Autre piste étudiée : celle des tiers lieux de santé, où se concentreraient divers services numériques utiles à la population », conclut Amandine Cayol.

 

Université de Caen Normandie