En réponse à la baisse des performances des élèves français en mathématiques, une nouvelle ère s’annonce dans les salles de classe de l’école primaire. Le ministre de l’Éducation a dévoilé un plan ambitieux pour intégrer la fameuse Méthode Singapour au cœur de l’enseignement des mathématiques. Cette approche, réputée pour sa capacité à transformer la manière dont les jeunes apprennent les maths, promet de rendre l’apprentissage à la fois plus concret et plus intéressant.
Face au défi de redresser les résultats en mathématiques des élèves français, une véritable révolution pédagogique se profile dans les écoles primaires. En effet, la France a constaté un déclin notable dans les compétences en mathématiques de ses élèves, d’après l’enquête PISA menée par l’OCDE. En cinq ans, le score de la France a chuté de 21 points, tombant à 474 points. Cette baisse de niveau, suite à ces évaluations, place le pays bien en dessous de Singapour, qui mène le classement avec un impressionnant score de 575 points.
Face à ce constat, Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation nationale, envisage une stratégie d’amélioration inspirée de Singapour dès l’école élémentaire (du CP à la 6ème). Bien que rattraper le niveau exceptionnel de l’État insulaire d’Asie du Sud-Est puisse sembler un défi de taille pour les enseignants et les profs de mathématiques, l’adoption de ses méthodes d’enseignement en mathématiques pourrait être un premier pas significatif dans cette direction. Fini la méthode didactique des cours de mathématiques ! Faire des mathématiques va devenir un jeu !!!
Le ministre de l’Éducation a donc annoncé mardi 5 décembre 2023 un projet audacieux : l‘intégration de la célèbre Méthode Singapour dans l’enseignement des mathématiques. Réputée pour sa capacité à renouveler l’apprentissage des mathématiques, cette méthode promet de transformer l’expérience éducative en la rendant plus tangible et plus intéressante pour les enfants.
« Dès la rentrée prochaine, la révision des programmes de l’école primaire nous permettra d’adopter progressivement la méthode de Singapour pour les mathématiques«
Gabriel Attal
Déjà adoptée dans 70 pays, dont les États-Unis, Israël, le Royaume-Uni, le Brésil, le Chili, et l’Afrique du Sud, la Méthode Singapour, promue par le député et mathématicien Cédric Villani, gagne du terrain. Le ministre Gabriel Attal a souligné son expansion internationale. En France, cette approche éducative a également commencé à faire son chemin. D’après Jean Nemo, entre 2016 et aujourd’hui, environ 1 500 à 2 000 classes françaises ont intégré cette méthode dans leur cours de mathématqiues.
Qu’est-ce que la méthode Singapour ?
La méthode Singapour est une approche de l’enseignement des mathématiques, célèbre pour son efficacité et son approche holistique. La Méthode Singapour, connue également sous le nom de « Singapore Math« , trouve son origine à Singapour dans les années 1980. Cette méthode a été développée en réponse à des performances relativement faibles des élèves singapouriens en mathématiques. Le gouvernement de Singapour, cherchant à améliorer ces résultats, a initié une réforme éducative complète.
Les éléments clés de cette méthode Singapourienne comprennent :
Recherche et développement : des professeurs, des mathématiciens et des experts en mathématiques de Singapour ont entrepris une étude approfondie des meilleures pratiques d’enseignement à travers le monde. Ils se sont inspirés de divers modèles pédagogiques d’arithmétiques (addition, soustraction, multiplication division, calcul mental), notamment ceux de l’Occident et de l’Asie.
Accent sur la compréhension conceptuelle : la Méthode Singapour met un fort accent sur la compréhension profonde des concepts mathématiques, plutôt que sur la mémorisation et la répétition. Elle utilise une approche progressive, commençant par le concret (à l’aide de matériel manipulable), passant ensuite au pictural (à travers des représentations visuelles), et enfin à l’abstrait (les symboles mathématiques).
Approche intégrée et structurée : cette méthode intègre différentes branches des mathématiques, permettant aux élèves de voir les liens entre elles. Elle est structurée de manière à ce que les concepts soient introduits de manière systématique et logique.
Résolution de problèmes : la résolution de problèmes est au cœur de la méthode Singapour, encourageant les élèves à appliquer leurs connaissances dans des situations variées et à développer des compétences en matière de pensée critique et de raisonnement logique.
Succès et reconnaissance internationale : après l’implémentation de cette méthode, les élèves de Singapour ont rapidement gravi les échelons dans les classements internationaux comme l’étude PISA (Programme for International Student Assessment) et TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study), devenant des leaders mondiaux dans l’apprentissage des mathématiques.
« On en fait moins, mais mieux. Avec la méthode de Singapour, on reste presque un mois sur l’addition et la soustraction, par exemple », a expliqué Jean Nemo au Point.
Principes clés de la méthode Singapour pour l’apprentissage des mathématiques
La Méthode Singapour, dans l’enseignement des mathématiques, repose sur plusieurs principes clés, souvent illustrés par le modèle CPA (Concret – Pictural – Abstrait). Voici une exploration de ces principes avec des exemples :
Approche CPA (Concret – Pictural – Abstrait) :
Concret : à ce stade, les élèves utilisent des objets pour comprendre les concepts mathématiques. Par exemple, pour enseigner l’addition, les élèves peuvent utiliser des blocs ou des jetons pour représenter visuellement les nombres.
Pictural : après avoir compris le concept à un niveau concret, les élèves passent à des représentations picturales. Par exemple, ils peuvent utiliser des barres ou des diagrammes pour représenter les mêmes problèmes d’addition.
Abstrait : finalement, les élèves abordent le niveau abstrait, où ils utilisent des chiffres et des symboles mathématiques. Dans notre exemple d’addition, les élèves écrivent et résolvent des équations numériques.
Accent sur la compréhension en profondeur :
La Méthode Singapour encourage les élèves à comprendre le « pourquoi » derrière les concepts mathématiques. Par exemple, au lieu de simplement mémoriser les tables de multiplication, les élèves apprennent à comprendre la multiplication comme une série d’additions répétées.
Résolution de problèmes :
Les élèves sont confrontés à des problèmes variés qui les obligent à appliquer les concepts appris. Les élèves peuvent être encouragés à explorer plusieurs méthodes pour résoudre un problème, plutôt que de se concentrer sur une seule réponse « correcte ». Par exemple, dans un problème de multiplication, les élèves sont invités à expliquer différentes façons d’arriver au même résultat, encourageant ainsi la pensée critique et le raisonnement logique.
Visualisation et modélisation :
La méthode met l’accent sur l’utilisation de diagrammes et de modèles pour résoudre des problèmes. Par exemple, les diagrammes en barres sont fréquemment utilisés pour aider les élèves à visualiser des problèmes de fractions, de ratios ou de pourcentages.Par exemple, les diagrammes en barres, un outil clé dans la Méthode Singapour, aident les élèves à visualiser et résoudre des problèmes complexes. Par exemple, pour résoudre un problème de mot impliquant des fractions, de géométrie ou d’algèbre, les élèves peuvent utiliser des diagrammes en barres pour représenter visuellement les différentes parties du problème.
Pensée critique et raisonnement logique :
L’approche Singapour encourage les élèves à développer leurs compétences en matière de réflexion critique et de raisonnement logique. Par exemple, ils pourraient être amenés à expliquer pourquoi une solution fonctionne ou à comparer différentes stratégies de résolution.
Connexion entre les différentes branches des mathématiques :
La méthode vise à montrer aux élèves comment différentes branches des mathématiques sont interconnectées. Par exemple, les élèves peuvent explorer comment les concepts de géométrie s’appliquent au calcul des aires et des volumes.
Adaptation et flexibilité :
Bien que structurée, la méthode Singapour permet une certaine flexibilité, encourageant les enseignants à adapter les leçons aux besoins spécifiques de leurs élèves. Cela peut inclure l’approfondissement de certains sujets ou l’adaptation du rythme d’enseignement.
Sophie Madoun