La kératite amibienne est une infection oculaire rare mais grave, provoquée par des amibes. Symptômes, causes, traitement, prévention et nouveau médicament : on vous explique tout.

 

La kératite amibienne est une infection ophtalmique sévère, provoquée par des amibes du genre Acanthamoeba. Ces micro-organismes invisibles à l’œil nu peuvent coloniser la cornée, cette fine membrane transparente à l’avant de l’œil. En l’absence de traitement, les amibes attaquent les tissus jusqu’à provoquer une perte de vision permanente, voire l’ablation de l’œil.

Si cette pathologie est très rare, elle n’en est pas moins extrêmement grave. Et surtout, elle touche principalement un public jeune et actif : les porteurs de lentilles de contact. Mal connue du grand public, souvent mal diagnostiquée, elle peut pourtant être évitée grâce à de simples gestes de prévention. En 2025, une avancée majeure permet enfin un traitement plus ciblé grâce à un médicament autorisé en Europe : Akantior.

Kératite amibienne : comprendre cette infection rare de la cornée

 

Infographie sur la kératite amibienne : 5 faits essentiels à connaître pour prévenir cette infection grave de la cornée liée aux lentilles de contact

Les premiers signes de kératite amibienne ressemblent à ceux d’autres infections oculaires, ce qui rend le diagnostic difficile. Pourtant, certains symptômes doivent alerter, notamment l’intensité de la douleur :

  • Œil rouge, douloureux

  • Sensation de grain de sable

  • Douleur oculaire très intense, souvent décrite comme insupportable

  • Photophobie (intolérance à la lumière)

  • Vision floue ou altérée

  • Larmoiement excessif

« La douleur est telle qu’elle pousse certains patients au désespoir », soulignent les spécialistes. Dans les cas extrêmes, l’inconfort est si fort que les patients vivent reclus dans le noir, avec des lunettes de soleil à l’intérieur.

Lentilles de contact et infections : les gestes à éviter

 

Les lentilles de contact sont à l’origine de près de 9 cas de kératite amibienne sur 10 en Europe. Pourquoi ? Parce qu’elles piègent les amibes entre la lentille et la cornée, favorisant leur prolifération.

Les risques augmentent en cas de :

  • Nettoyage des lentilles à l’eau du robinet

  • Douche ou baignade avec les lentilles

  • Stockage des lentilles dans un étui mal désinfecté

  • Mauvaise hygiène des mains lors de la pose

« Les lentilles agissent comme une cloche sur l’œil : si des amibes y entrent, elles y restent et se multiplient », explique un ophtalmologiste cité dans le rapport de la Société francaise d’ophtalmologie (SFO) en 2024.

Comment se transmettent les amibes ?

Les amibes sont des micro-organismes présents dans l’environnement courant. On les retrouve :

  • Dans l’eau du robinet

  • Dans les piscines, les lacs, les rivières

  • Sur les mains sales

  • Dans l’air ou les poussières

Une fois en contact avec l’œil, elles peuvent s’introduire dans la cornée, en particulier si celle-ci est fragilisée par le port de lentilles. Même un simple doigt contaminé ou une éclaboussure d’eau peut suffire à déclencher l’infection.

Prévention : protégez vos yeux avec ces bonnes pratiques

 

Heureusement, la kératite amibienne peut être prévenue dans la majorité des cas. Voici les recommandations essentielles :

  • Se laver soigneusement les mains avant toute manipulation des lentilles

  • N’utiliser que des solutions stériles pour le nettoyage et le stockage

  • Ne jamais rincer les lentilles à l’eau du robinet

  • Éviter toute baignade ou douche avec les lentilles

  • Renouveler régulièrement les boîtiers de rangement

Ces gestes simples réduisent considérablement le risque de contamination.

Un diagnostic souvent tardif et difficile

Comprendre l’errance médicale

 

La ressemblance des symptômes avec d’autres infections oculaires (conjonctivite, kératite herpétique) retarde souvent le bon diagnostic. De nombreux patients consultent tardivement, pensant à une gêne passagère.

Trois difficultés majeures :

  1. La pathologie est rare et peu connue, même par certains professionnels de santé.

  2. Les douleurs ne correspondent pas toujours à la gravité visible de l’œil.

  3. Les examens spécifiques ne sont disponibles qu’en milieu hospitalier.

« La kératite amibienne est une pathologie grave et ultra rare. L’errance diagnostique est fréquente car le diagnostic est complexe », alertent les spécialistes.

Quels examens pour confirmer une infection à Acanthamoeba ?

 

Trois méthodes sont actuellement utilisées pour poser un diagnostic fiable :

  • Examen ophtalmologique (à la lampe à fente)

  • Grattage cornéen pour analyse microbiologique

  • Test PCR pour détecter l’ADN des amibes

Ces examens sont réalisés en centre hospitalier ou chez un ophtalmologiste spécialisé. Plus le diagnostic est précoce, plus les chances de guérison sont élevées.

Traitement : à quoi s’attendre en cas d’infection sévère

 

Le traitement est long, exigeant et éprouvant :

  • Collyres antiseptiques à instiller toutes les 2 heures, jour et nuit

  • Antalgiques puissants pour gérer la douleur

  • Durée moyenne : 6 à 12 mois

  • Isolement dans l’obscurité, lunettes noires permanentes

Dans les cas les plus sévères :

  • Greffe de cornée en urgence

  • Éventuelle énucléation si l’infection est trop avancée

« Certains récupèrent une cornée claire, d’autres conservent une opacité durable. La guérison est très variable », soulignent les ophtalmologistes.

Akantior : une avancée pour soigner cette kératite

 

Pour la première fois, un traitement homologué est disponible dans l’Union européenne : Akantior, un collyre ophtalmique à base de polihexanide.

Ce médicament :

  • Est spécialement conçu pour lutter contre Acanthamoeba

  • Cible les formes actives et kystiques de l’amibe

  • Est délivré en unidoses stériles

  • Est en cours d’évaluation par la Food and Drug Administration (FDA) et déjà approuvé par l’Agence Européenne des médicaments’(EMA)

Développé par le laboratoire italien SIFI, Akantior représente un espoir majeur pour les 500 patients européens touchés chaque année.

En résumé : comment éviter les complications ?

  • La kératite amibienne est rare mais très grave

  • Elle touche surtout les porteurs de lentilles

  • Elle nécessite un diagnostic spécialisé et précoce

  • Le traitement est long et difficile, mais un nouveau médicament existe en 2025

  • La prévention est votre meilleure protection

« En matière de santé oculaire, une bonne hygiène vaut mieux qu’un long traitement. »

Questions fréquentes sur la kératite amibienne

Qu’est-ce que la kératite amibienne ?

C’est une infection rare de la cornée causée par des amibes du genre Acanthamoeba. Elle peut entraîner une perte de vision si elle n’est pas traitée à temps.

Comment peut-on l’attraper ?

La contamination survient souvent par contact avec de l’eau douce (robinet, lac, piscine) et concerne surtout les porteurs de lentilles de contact. Une hygiène inadéquate en est la principale cause.

Est-ce que la kératite amibienne est contagieuse ?

Non, elle n’est pas contagieuse entre humains. Elle est liée à l’environnement et à des pratiques d’hygiène.

Combien de temps dure le traitement ?

Le traitement peut durer entre 6 mois et 1 an. Il est lourd, nécessite des collyres fréquents et un suivi ophtalmologique rigoureux.

Peut-on en guérir complètement  ?

Oui, mais cela dépend de la rapidité du diagnostic et de la réponse au traitement. Certains patients ont besoin d’une greffe cornéenne.

Sophie Madoun