Les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer n’ont pas que des problèmes cognitifs et de mémoire. Bien souvent, elles sont incontinentes. Afin de comprendre ce trouble associé et de trouver des solutions, il y a certaines notions à connaitre.

À quoi est due l’incontinence ?

Pourquoi bon nombre de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont-elles incontinentes ? Est-ce lié à cette pathologie ? Non, pas nécessairement. N’oublions pas qu’Alzheimer touche principalement les personnes âgées. Et qui dit personnes âgées, dit souvent incontinence. Mais là aussi il n’y a pas de règle. Le problème de l’incontinence  urinaire amène la personne à avoir des difficultés à contrôler sa vessie, ce qui amène à une perte involontaire d’urine.

Ce problème se retrouve tant chez les jeunes que chez les personnes âgées (l’âge aggravant ce trouble), mais aussi chez les hommes et les femmes (mais plus la gent féminine après la ménopause). L’incontinence touche 3 millions de français, dont 9 % des personnes de plus et de 18 ans, problème qui s’accroit avec l’âge, car elle touche 13 % des 65 – 74 ans et 23 % des plus de 75 ans.

Il existe 3 types d’incontinence urinaire :

  • l’incontinence d’effort qui est la plus fréquente (elle survient après un exercice sportif, un éternuement, de la toux, un fou rire),
  • l’incontinence par impériosité. Cette forme est la plus rare (elle commence par une envie pressante d’uriner),</li><li>les formes mixtes associant les deux précédentes

Celles-ci peuvent être dues à :

  • des accouchements,
  • un surpoids,
  • des problèmes de prostate,
  • des médicaments,
  • un diabète mal maitrisé,
  • un AVC (accident vasculaire cérébral) entrainant un problème de mobilité. Certains scientifiques pensent même que c’est l’AVC qui entrainerait bien plus gravement les troubles de l’incontinence que la démence elle-même,
  • une hystérectomie,
  • de l’énurésie pendant l’enfance (indice que la personne a une petite vessie ou hyperexcitable),
  • la perte de la mobilité,
  • des troubles cognitifs,
  • une infection urinaire,
  • une insuffisance sphinctérienne pour l’incontinence fécale, les mictions par regorgement,
  • les troubles du transit (constipation).

Ce problème peut s’accompagner d’incontinence fécale ou anale. La personne souffrant de ce trouble n’arrive plus ou très difficilement à contenir ses selles. Ce trouble peut faire partie des syndromes que l’on retrouve chez le malade d’Alzheimer et les personnes souffrant de troubles neurologiques.

Il est donc impératif de savoir à quoi est due l’incontinence urinaire, car des solutions existent pour se débarrasser de ce problème très handicapant. Mais avant, il est important de connaitre le lien entre la maladie d’Alzheimer et l’incontinence tant urinaire que fécale.

Pourquoi les malades d’Alzheimer souffrent-ils d’incontinence ?

L’incontinence est une des conséquences de la maladie d’Alzheimer. Côté cognitif, la personne peut alors perdre conscience de son corps, ne plus avoir aucun tabou et ne pas faire attention aux réactions d’autrui, se moquer des règles de bienfaisances et des convenances sociales. Quant à l’aspect physique, le malade peut ne plus pouvoir se retenir lorsqu’il souhaite uriner, voire déféquer.</p><p>On appelle cela l’incontinence-dépendance. Elle est secondaire aux troubles mnésiques, à la perte de l’orientation temporo-spatiale, aux problèmes locomoteurs, aux troubles praxiques qui affectent les fonctions motrices et entrainent des difficultés de gestes automatiques afin d’atteindre un but précis (comme s’habiller ou la possibilité de se rendre aux toilettes quand l’envie se fait sentir). On peut aussi citer d’autres causes qui sont les troubles visuels, l’impossibilité d’alerter quiconque de son besoin d’uriner, les problèmes pour bien se repérer dans l’espace et trouver la lumière des toilettes, bien s’asseoir sur la cuvette, les maladies métaboliques comme l’hyperthyroïdie, le diabète ou l’hypercalcémie et les médicaments qui pourraient contribuer au besoin fréquent d’aller aux toilettes.

L’incapacité à retenir le contenu de leur vessie avec comme effet une miction involontaire peut arriver occasionnellement ou presque tout le temps. Tout dépend du stade du malade, car ce problème est très rare au début d’Alzheimer, mais très fréquent lorsque le stade est avancé. Rassurez-vous, ce n’est pas parce qu’une personne souffre de démence qu’elle sera obligatoirement incontinente, surcout en ce qui concerne l’incontinence fécale.

Des mesures pour soulager les aidants

L’incontinence est loin d’être facile pour les aidants. Surtout lorsque que la personne en est aux stades modérés à sévères. Sentir les odeurs nauséabondes, devoir changer la personne, l’aider à faire sa toilette et être entrainé dans la plus stricte intimité de l’autre est un défi de taille. L’incontinence peut arriver de jour comme de nuit.

Afin d’aider au mieux les personnes aidant les malades d’Alzheimer et troubles apparentés, des mesures très simples, pour éviter tout risque d’accident peuvent être mises en place :

– proposer toutes les deux heures à la personne d’aller aux toilettes,

– éviter les diurétiques et les boissons du même genre comme le thé, le café, les tisanes, les sodas.

Pour l’incontinence nocturne, il est primordial que l’aidant en parle au médecin de la personne afin qu’il prescrive au mieux les somnifères et autres calmants très fréquemment prescrits chez les malades d’Alzheimer.

Incontinence : et que faire lorsque ça arrive ?

Si vous n’êtes pas habitué à ce type de situation, et que vous ne savez pas comment réagir  lorsqu’un malade d’Alzheimer a des incontinences, il y a certaines règles à suivre :

  • restez calme et ne montrez pas que vous êtes dégouté ou incommodé,
  • ne montrez aucun signe d’exaspération et soyez bienveillant,
  • aider la personne à bien se déplacer vers les toilettes en enlevant tout ce qui peut gêner son passage,
  • si la personne souffrant d’Alzheimer a du mal à se mouvoir, aidez-la à se déshabiller et à se rhabiller, à s’asseoir sur la cuvette, à se relever, etc.,
  • faites en sorte que la personne porte des vêtements confortables et faciles à enlever (comme les joggings, les pantalons à élastiques, des mi-bas et non des collants, etc.),
  • assurez-vous que l’hygiène soit parfaite et n’hésitez pas à faire une petite toilette des parties intimes après avoir été aux toilettes,
  • dans le lit, sur le canapé ou le fauteuil mettez toujours une protection comme une serviette en éponge, une alèse et lavez-les régulièrement.

S’abonner à un service spécial pour recevoir régulièrement des protections pour fuites urinaires

Il existe sur le marché bon nombre de protection contre l’incontinence : serviettes hygiéniques, couche-culotte,… Vous pouvez même combiner plusieurs solutions sans problème et les changer régulièrement.

Vous pouvez par exemple faire une première commande avec certains produits qui vous semblent adaptés pour la personne concernée, et faire un essai. Si les solutions fonctionnent et facilitent la vie du malade, alors vous pouvez prendre un abonnement afin de recevoir les produits régulièrement. Vous avez notamment le choix entre des protège-slips, des protections pour fuite urinaire ou des couches-culottes absorbantes. Pour les hommes, il existe aussi des slips absorbants. Il faudra choisir son type de protection en fonction du flux de l’incontinence.

D’autres solutions pour lutter contre l’incontinence urinaire

D’autres solutions existent pour contrer les problèmes d’incontinence, mais tout dépend du stade de la maladie.

Un renforcement du périnée chez un kinésithérapeute

Lorsqu’une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer en est à un stade précoce, des exercices manuels ou avec une sonde pour renforcer le périnée chez un kinésithérapeute sont tout indiqués. Le but est de consolider la musculation périnéale afin de mieux contrôler le besoin irrépressible d’uriner. Ces exercices sont à continuer chez soi.<

Des médicaments

Notez que pour l’incontinence d’effort, aucun médicament ne fonctionne. Seuls la rééducation ou les traitements chirurgicaux sont indiqués. Par contre, pour celle par impériosité ou pour incontinence mixte les médicaments comme  les anticholinergiques ou les myorelaxants peuvent être efficaces. Les premiers se fixent sur les récepteurs de la vessie, diminuant les contractions involontaires de celle-ci. Quant au second, il aide les muscles de la vessie à se relaxer, réduisant ainsi les contractions. Notez que les anticholinergiques sont nettement plus efficaces et le plus souvent prescrits en première instance.

 

Sophie Madoun