Cancer : une molécule française prometteuse pourrait aider le système immunitaire à mieux cibler les cellules cancéreuses.

Une équipe Inserm à Lille a découvert une molécule prometteuse pour l’immunothérapie contre les cellules cancéreuses. Elle pourrait permettre au système immunitaire de reconnaître les tumeurs et de mieux les éliminer.

Immunothérapie cellules cancéreuses : une découverte française qui pourrait tout changer

Et si l’on pouvait enfin apprendre au système immunitaire à reconnaître les cellules cancéreuses qui lui échappent ?
C’est la piste ouverte par une équipe de chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Lille, du CHU de Lille, de l’Institut Pasteur de Lille et du CNRS.
Leur étude révèle une approche d’immunothérapie fondée sur une molécule appelée 2,6-diaminopurine (DAP), initialement isolée d’un champignon comestible, le Lepista flaccida.

Cette molécule agit comme un détecteur : elle permet au corps de voir les cellules cancéreuses qu’il ignorait jusqu’alors.
Selon les chercheurs, cette méthode pourrait devenir une nouvelle arme thérapeutique dans la lutte contre le cancer, notamment pour les patients qui ne répondent pas aux traitements classiques.
Leurs travaux, publiés dans la revue Molecular Therapy, ouvrent une nouvelle voie pour l’immunothérapie des cellules cancéreuses.

Pourquoi le système immunitaire ne reconnaît-il pas les cellules cancéreuses ?

Les cellules cancéreuses sont particulières : elles proviennent du corps lui-même.
À la différence des virus ou des bactéries, elles ne sont donc pas perçues comme des menaces par les défenses naturelles.
En plus, elles ont développé des mécanismes de camouflage.
Normalement, les mutations dans l’ADN devraient produire des protéines défectueuses qui alertent le système immunitaire.
Mais les cellules tumorales bloquent ce processus et deviennent invisibles.

Résultat : le corps ne réagit pas, et les tumeurs peuvent croître sans entrave.
C’est précisément cet obstacle que les chercheurs de Lille ont réussi à contourner grâce à la DAP.

Immunothérapie contre les cellules cancéreuses : la DAP rend les tumeurs visibles

Sous la direction du chercheur Fabrice Lejeune, directeur de recherche à l’Inserm, les scientifiques ont testé la DAP sur des modèles animaux de cancer.
Cette molécule a permis de réactiver la production de protéines mutantes spécifiques aux cellules cancéreuses.
Ces protéines anormales, absentes des cellules saines, déclenchent une alerte immunitaire.

« Ces protéines mutées possèdent une signature particulière que le système immunitaire peut reconnaître », explique Fabrice Lejeune, co-auteur principal de l’étude.
« Cela lui permet de cibler spécifiquement les cellules cancéreuses sans endommager les tissus sains. »

Grâce à cette réaction, le corps réagit enfin : les cellules immunitaires se dirigent vers la tumeur, l’infiltrent et en ralentissent la croissance.
Les résultats expérimentaux, observés chez la souris, montrent une réduction du volume tumoral et une meilleure réponse immunitaire.

Une nouvelle immunothérapie contre les cellules cancéreuses pour les patients résistants

Aujourd’hui, les traitements d’immunothérapie ont déjà révolutionné la prise en charge de nombreux cancers.
Mais 50 à 80 % des patients n’y répondent pas, notamment lorsque leur système immunitaire ne reconnaît pas les tumeurs.
La DAP pourrait donc offrir une nouvelle stratégie d’immunothérapie ciblée, capable d’aider le corps à reconnaître et détruire les cellules cancéreuses.

« Ces résultats constituent une étape importante vers de nouvelles stratégies d’immunothérapie anticancéreuse », souligne Fabrice Lejeune, chercheur Inserm.
« Nous devons maintenant confirmer leur efficacité et leur sécurité chez l’humain. »

Si ces recherches se confirment, cette immunothérapie innovante pourrait venir en complément de la chimiothérapie, de la radiothérapie et des thérapies ciblées, en stimulant les défenses naturelles du corps.

Immunothérapie cellules cancéreuses : une avancée française prometteuse pour la médecine

Cette découverte met une nouvelle fois en lumière la recherche française en oncologie.
Les équipes de Lille prévoient désormais de tester la molécule DAP chez l’humain, afin d’évaluer sa tolérance et son efficacité clinique.

« L’objectif n’est pas de remplacer les traitements existants, mais d’ajouter une arme supplémentaire au système immunitaire », explique un chercheur de l’équipe Inserm.

Si les essais cliniques sont concluants, cette immunothérapie contre les cellules cancéreuses pourrait transformer la manière dont on soigne certains types de cancers (comme le cancer de la peau ou mélanome, le cancer du poumon, le cancer du rein ou certains lymphomes).
Une découverte française qui redonne espoir aux malades et confirme le rôle clé de la recherche publique dans la lutte contre le cancer.

Vos questions sur l’immunothérapie des cellules cancéreuses

Comment agit la molécule DAP ?

La molécule thérapeutique DAP agit au niveau cellulaire.
Elle réactive la production de protéines mutées dans les cellules cancéreuses, permettant au système immunitaire – notamment aux lymphocytes T – de reconnaître et d’attaquer la tumeur.
Ce processus stimule la réponse immunitaire, favorisant la destruction des cellules malignes tout en limitant la prolifération tumorale.

Quand cette nouvelle thérapie sera-t-elle testée sur l’humain ?

Les chercheurs préparent des essais cliniques in vitro et sur des patients atteints de certains cancers comme le mélanome, le cancer du poumon, le cancer du sein, le cancer du côlon, le cancer de la prostate ou certains lymphomes.
Ces études évalueront la tolérance, les effets secondaires éventuels et la capacité de la molécule à activer les lymphocytes et les anticorps contre les cellules cancéreuses.

Peut-on espérer guérir grâce à cette immunothérapie ?

Cette thérapie innovante ne vise pas à remplacer les traitements existants comme la chimiothérapie, la radiothérapie ou les thérapies ciblées, mais à renforcer les défenses immunitaires naturelles.
En activant les récepteurs des lymphocytes T et en favorisant leur action sur la moelle osseuse, les cellules-souches et les globules blancs, la DAP pourrait aider le corps à mieux éliminer les cellules cancéreuses métastatiques.
Les chercheurs restent prudents, mais cette approche ouvre de réelles perspectives pour les patients atteints de cancers avancés.

 Sophie Madoun