Orthographe, vocabulaire, syntaxe : l’impact des réseaux sociaux sur la langue française atteint un seuil critique. Selon la DEPP et le rapport PISA 2022, le niveau de français s’effondre, porté par l’écriture abrégée, les anglicismes et la culture du scroll.
De TikTok à Instagram, de Snapchat à WhatsApp ou X (ex-Twitter), les adolescents ont développé une écriture numérique rapide, visuelle et souvent émotionnelle.
Derrière ces messages éclairs et ces émojis omniprésents, les enseignants constatent une perte de maîtrise du français : l’orthographe, la grammaire et la syntaxe s’effritent, tandis que le français enseigné à l’école se confond peu à peu avec le langage numérique.
Cette mutation questionne la pédagogie scolaire et la place de la lecture dans un monde où tout s’écrit, mais où l’on lit de moins en moins.
Entre école numérique et perte de repères linguistiques, les chercheurs s’inquiètent d’une génération qui pense à la vitesse d’un fil d’actualité.
Aujourd’hui, l’impact des réseaux sociaux sur la langue française n’est plus une curiosité culturelle : c’est un défi éducatif et sociétal majeur.
Les réseaux sociaux bouleversent notre façon d’écrire, de lire et de parler français
De TikTok à Instagram, de Snapchat à WhatsApp ou X (ex-Twitter), les adolescents ont développé une écriture numérique rapide, visuelle et souvent émotionnelle.
Derrière ces messages éclairs et ces émojis omniprésents, les enseignants constatent une perte de maîtrise du français : l’orthographe, la grammaire et la syntaxe s’effritent, tandis que la langue enseignée à l’école se confond peu à peu avec le langage numérique.
Cette mutation questionne la pédagogie scolaire et la place de la lecture dans un monde où tout s’écrit, mais où l’on lit de moins en moins.
Entre école numérique et perte de repères linguistiques, les chercheurs s’inquiètent d’une génération qui pense à la vitesse d’un fil d’actualité.
Aujourd’hui, l’impact des réseaux sociaux sur la langue française n’est plus une curiosité culturelle : c’est un défi éducatif et sociétal majeur.
L’impact des réseaux sociaux sur la langue française : comprendre un phénomène éducatif et culturel
L’étude Preply 2025 met des chiffres sur une intuition collective :
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40 % des Français ressentent l’influence des médias sociaux sur leur manière de parler ;
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23 % reconnaissent faire plus de fautes sur les réseaux ;
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19 % utilisent davantage d’anglicismes ;
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10 % emploient un langage plus familier en ligne.
Chez les 16-24 ans, la mutation est flagrante : 73 % reconnaissent ne plus s’exprimer comme avant, contre 19 % des plus de 55 ans.
Cette fracture générationnelle montre comment la communication numérique reprogramme notre rapport aux mots : plus courts, plus directs, plus visuels.
Sur TikTok, Instagram, Snapchat ou WhatsApp, la phrase devient réaction, l’écrit devient image.
Les spécialistes du langage observent une simplification accélérée : le vocabulaire s’appauvrit, la syntaxe se plie à la vitesse des réseaux.
Et cette mutation ne s’arrête pas aux conversations privées : elle s’invite désormais dans les copies scolaires.
À l’école, les chiffres confirment le naufrage du français
Selon la DEPP, plus d’un quart des élèves entrant en sixième présentent aujourd’hui de graves lacunes en orthographe et en lecture.
En fin de collège, un élève sur trois peine à rédiger un texte cohérent et structuré.
Le rapport PISA 2022 de l’OCDE confirme la tendance : la compréhension de l’écrit a reculé de 15 points depuis 2009, soit une année entière d’apprentissage perdue.
Les dictées, les exercices de conjugaison et la relecture des copies révèlent une baisse nette du niveau orthographique et grammatical.
Les enseignants notent aussi la difficulté croissante des élèves à identifier les verbes, à accorder les participes passés et à maîtriser les accents.
Même les manuels scolaires peinent à rivaliser avec la puissance d’attraction des réseaux sociaux, où le texte se réduit à quelques mots ou symboles.
Les enseignants décrivent une génération qui écrit vite mais lit peu.
Les réseaux sociaux favorisent une lecture fragmentée, un langage émotionnel, et une syntaxe de plus en plus orale.
Les chercheurs en sciences de l’éducation observent que le français à l’école ne rivalise plus avec le français numérique, plus instinctif mais plus pauvre.
La DEPP note aussi :
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le score moyen en dictée est passé de 10,7/20 en 1987 à 8,9/20 en 2024 ;
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les erreurs de conjugaison ont doublé ;
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le vocabulaire courant s’est contracté de 20 % en vingt ans.
Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale relie directement cette dégradation à l’usage intensif des écrans :
« La lecture en diagonale et la communication fragmentée altèrent la construction syntaxique et la mémoire verbale. »
Les rectifications orthographiques de 1990, pourtant simplifiées, restent méconnues de la plupart des élèves.
Résultat : la langue française perd sa rigueur, et la pensée — celle qui aide à structurer la réflexion — s’effrite.
Il devient urgent de réinvestir la grammaire, de réhabiliter la lecture longue et de réapprendre le français à l’ère numérique.
TikTok et Instagram : quand la langue devient un code
Sur les réseaux, chaque plateforme invente son dialecte : TikTok impose ses trends, Instagram ses moods, Snapchat ses abréviations.
Les adolescents mêlent anglais, argot et phonétique : cringe, ratio, vibe, stp, jsp.
Le linguiste Bernard Cerquiglini résume :
« Les réseaux sociaux ne diffusent pas seulement des mots : ils imposent un rythme qui efface la syntaxe. »
Cette simplification gagne la vie quotidienne : messages sans ponctuation, phrases nominales, temps effacés, négations tronquées.
Le français se fragmente, un message après l’autre.
Sur TikTok, Instagram, WhatsApp ou X, le défilement constant de contenus entretient une pensée fragmentée.
Les jeunes, saturés de micro-messages, développent une mémoire immédiate fondée sur la vitesse et l’émotion, au détriment de la construction grammaticale.
Un cerveau reconfiguré par le flux des réseaux sociaux
Les neuroscientifiques parlent d’une reprogrammation cognitive liée à la surexposition numérique.
Les adolescents consomment chaque jour des milliers de micro-contenus sur leurs réseaux favoris : TikTok, WhatsApp, Instagram, X…
Cette avalanche d’images et de mots capte l’attention mais épuise la mémoire verbale.
Le cerveau apprend à lire en mode “survol” : il retient les mots-clés, oublie la structure.
Résultat : une pensée morcelée, dominée par la réaction et l’instantané.
Le langage devient plus impulsif, moins réfléchi, et le français perd sa force de raisonnement.
Les enseignants, surtout les professeurs de français, en tirent la même leçon : il faut réapprendre à lire lentement, écrire pour comprendre, et redonner aux mots et à la grammaire leur rôle formateur.
Une fracture culturelle et sociale
Le français reste la langue de l’école et le socle culturel commun.
Mais à l’ère des réseaux sociaux, l’école doit réaffirmer les bases : orthographe, grammaire, expression écrite et lecture.
Il ne s’agit pas seulement de corriger des fautes : il faut réconcilier la langue, la pensée et la culture.
Le recul du français n’est pas qu’un problème d’orthographe, c’est une fracture culturelle.
« Les jeunes ne parlent plus français, ils parlent numérique »,
analyse la sociologue Laurence Allard.
Le langage des réseaux sociaux uniformise les expressions, gomme les nuances et efface les références communes.
Là où la langue unissait les générations, elle crée désormais des bulles d’expression.
Pour les enseignants, un défi s’impose : réapprendre à écrire à une génération qui communique par images.
Réconcilier la langue et le numérique
Malgré ce constat sévère, des initiatives émergent.
Des comptes éducatifs comme Le Bescherelle ta mère ou Le Robert Junior utilisent l’humour et la culture pop pour réhabiliter l’orthographe.
Des programmes scolaires misent sur la lecture lente, la dictée et l’écriture numérique encadrée pour aider les élèves à distinguer registre privé et registre scolaire.
Les enseignants rappellent que la prononciation, la compréhension écrite et la correction grammaticale sont au cœur de la maîtrise du français écrit.
Ces compétences linguistiques doivent redevenir des priorités dès l’école élémentaire, où la lecture à voix haute et la relecture des textes favorisent une meilleure appropriation du français.
Ces expériences prouvent qu’il est possible de reconnecter la langue, la culture et le numérique.
Le défi des années à venir sera de transmettre le français dans toutes ses dimensions : langue de l’école, langue de la pensée, langue du quotidien.
Non pas un vestige, mais un outil vivant, à réinventer dans l’univers digital.
L’impact des réseaux sociaux sur la langue française : chiffres clés
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– 15 points en compréhension de l’écrit depuis 2009 (OCDE – PISA 2022)
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27 % des élèves de 6ᵉ en grande difficulté de lecture (DEPP 2024)
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8,9/20 de moyenne à la dictée en 3ᵉ (Éducation nationale)
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1 collégien sur 3 incapable de rédiger dix lignes cohérentes (Professeurs de lettres 2024)
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73 % des jeunes affirment que les réseaux modifient leur manière de parler (Preply 2025)
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5 h 30 d’écran quotidien chez les adolescents (CSEN 2023)
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20 % de vocabulaire courant perdu en 20 ans (DEPP)
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42 % reconnaissent faire plus de fautes à cause des réseaux (Preply 2025)
Ces données croisées révèlent un effondrement du niveau de français.
Elles traduisent un basculement culturel : une génération qui pense, lit et s’exprime à travers des codes numériques et visuels.
L’Académie française alerte elle aussi sur la dégradation de la syntaxe et la disparition progressive du vocabulaire soutenu.
Réintroduire la dictée, la lecture lente, la relecture des textes et les corrections grammaticales est devenu essentiel pour préserver la langue maternelle et redonner aux jeunes générations le goût du français.
Préserver le français, c’est préserver une culture du mot et du sens.
Il ne s’agit pas de nostalgie, mais de retrouver le temps de parler, lire, écrire et penser.
Sources officielles et études citées
1. Preply × Censuswide – “Les réseaux sociaux affectent ils vraiment notre langage ?” (2025)
Étude menée sur un panel de 1 500 Français.
40 % des répondants affirment que les réseaux sociaux influencent leur langage, 73 % des 16-24 ans reconnaissent un changement notable.
https://preply.com/fr/blog/reseaux-sociaux-langage-francais-2025
2. Ministère de l’Éducation nationale – DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance)
Évaluations nationales de 6ᵉ et de 3ᵉ, sessions 2023 et 2024.
Rapports : “Maîtrise de la langue et réussite scolaire” et “Les compétences des élèves à l’entrée au collège”.
https://www.education.gouv.fr/depp
3. OCDE – Rapport PISA 2022 : “Les élèves français et la compréhension de l’écrit”
Baisse de 15 points en compréhension de texte depuis 2009, 25 % des élèves sous le niveau minimal de compétence.
https://www.oecd.org/pisa
4. Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN)
Étude 2023 : “Lecture, attention et écrans : comprendre l’effet du numérique sur l’apprentissage du langage”.
https://www.recherche.gouv.fr/csen
5. Microsoft Research (2023) – “Attention Spans and Digital Behavior Report”
Étude internationale sur la baisse du temps d’attention : 8 secondes en moyenne, contre 12 en 2008.
https://news.microsoft.com
6. CNRS (Centre national de la recherche scientifique)
Travaux 2023 : “Lecture fragmentée et mémoire lexicale : effets cognitifs du numérique sur le langage”.
https://www.cnrs.fr
7. Bernard Cerquiglini – Linguiste, ancien Délégué général à la langue française (CNLF)
Déclarations dans Le Français aujourd’hui, n° 213 (mars 2024) : “Les réseaux sociaux imposent un rythme qui efface la syntaxe.”
https://www.cnlf.fr
8. Laurence Allard – Sociologue du numérique, Université de Lille
Propos recueillis dans La revue Hermès (CNRS Éditions, 2023) : “Les jeunes ne parlent plus français, ils parlent numérique.”
https://www.cnrseditions.fr
9. Stanislas Dehaene – Collège de France / INSERM
Conférence “Le cerveau et la lecture à l’ère du numérique”, Paris, février 2024.
https://www.college-de-france.fr
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Sophie Madoun