L214 rend publiques ce mardi des images exclusives d’enquête filmées dans trois élevages* et un abattoir de lapins exploités pour leur fourrure. L’enquête a été menée en septembre et novembre 2017 en Nouvelle Aquitaine. Les lapins Orylag utilisés sont issus d’une sélection génétique conduite par l’INRA. Les images ont notamment été tournées au sein d’une unité d’expérimentation de l’INRA ainsi que chez le président de la Coopérative des éleveurs d’Orylag. La fourrure de cette filière est utilisée par des marques de luxe comme Dior, Fendi ou encore Dolce & Gabbana. La chair de ces lapins est commercialisée sous l’appellation Rex du Poitou.
Les images montrent un alignement de cages dans de grands bâtiments sans fenêtres. Des centaines de lapins y sont enfermés leur vie entière dans des cages métalliques exiguës et dénuées de tout équipement, hormis mangeoire et abreuvoir. Les lapins ne voient jamais la lumière du jour. Nombre d’entre eux sont malades ou blessés.
En cage collective au début de leur vie, puis isolés dans des cages individuelles pendant plus de deux mois pour éviter tout accroc à leur fourrure, les lapins Orylag sont alors privés de tout contact, même visuel, avec leurs congénères.
Ce mode d’élevage est à l’origine de restrictions comportementales sévères, de blessures et de comportements stéréotypiques que l’on peut observer sur les images.
Les lapins ne reçoivent jamais de foin, mais uniquement une alimentation sous forme de granulés, et de nombreux vaccins et antibiotiques leur sont administrés pour tenter de les garder en vie dans cet environnement inadapté. Le taux de mortalité dans ces élevages est de 25 à 30%.
À l’abattoir, les lapins sont tués à la chaîne à la cadence de 100 lapins par heure.
En s’appuyant sur des preuves incontestables (vidéos tournées en plan séquence depuis un journal daté et une position GPS), l’association porte plainte pour mauvais traitement contre les deux élevages et contre l’INRA auprès du TGI de Niort et de La Rochelle et introduira un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation.
L214 interpelle les marques Dior, Fendi et Dolce & Gabbana et les encourage à renoncer à l’utilisation de la fourrure via une pétition en ligne sur le site dédié à cette enquête. L214 incite également les consommateurs à se référer à la liste des créateurs qui ont déjà renoncé à l’utilisation de la fourrure sur le site Mode sans fourrure.
Par ailleurs, L214 demande à ce que l’INRA cesse d’utiliser des fonds publics pour l’entretien et le développement des intérêts privés d’une filière liée à l’industrie du luxe ; ses budgets doivent être réorientés sur des domaines plus prioritaires, relevant de l’intérêt général.
* Deux élevages en Charente-Maritime et un dans le département des Deux-Sèvres.
L’INRA, acteur majeur de la filière Orylag
C’est l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), organisme de recherche publique, qui a mis au point et breveté la race Orylag dès 1989. La race a été sélectionnée génétiquement à partir du lapin Rex pour obtenir une fourrure plus douce et plus dense.
L’INRA a concédé une licence d’exploitation exclusive à la CEO (Société coopérative agricole des éleveurs d’Orylag) et perçoit une redevance qui est fonction du chiffre d’affaires de la coopérative. L’institut de recherche vend les semences aux éleveurs de la CEO. Son unité d’expérimentation se trouve au Fief de Magnereau, commune de Saint-Saturnin-du-Bois en Charente-Maritime.
60 000 lapins tués chaque année
Les lapins Orylag sont élevés uniquement en France, par une quinzaine d’éleveurs affiliés à la Coopérative des éleveurs d’Orylag (CEO). La coopérative produit en moyenne 1 200 lapins par semaine, soit environ 60 000 lapins par an.
Chaque exploitation compte un cheptel de 100 à 300 lapines reproductrices. Les lapines donnent naissance à 7 lapereaux en moyenne et sont ré-inséminées artificiellement moins d’une semaine après chaque mise bas. Les lapereaux restent avec elles jusqu’à l’âge de 4 semaines, puis sont placés dans des cages collectives de post-sevrage jusqu’à l’âge de 7 semaines. Ils sont ensuite isolés dans des cages individuelles d’engraissement jusqu’à l’âge de 4 mois et demi.
Chaque exploitation envoie de 3 000 à 9 000 lapins à l’abattoir chaque année. L’abattoir est intégré à la filière. Il se trouve à Dampierre-sur-Boutonne.
- Rendre compte de la réalité des pratiques les plus répandues et les faire évoluer par des campagnes d’information. Agir en justice contre les pratiques illégales et travailler à l’évolution de la réglementation.
- Faire connaître l’impact des productions animales sur les animaux et la planète et proposer des alternatives : diminution de la consommation de produits animaux, abandon de l’élevage intensif et transition vers l’alimentation végétale.
- Nourrir le débat public autour de la place accordée aux animaux et soulever la question du spécisme.