Connaissez-vous les enjeux du don de plasma et les défis auxquels la filière est confrontée ? Face à leur grande inquiétude, les médecins et associations* recommandent des solutions pour assurer la sécurité des patients et l’indépendance sanitaire. Explications.

Le don de plasma est un sujet crucial pour la santé des patients et l’autonomie sanitaire de la France. Alors qu’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF) est en attente de publication, les acteurs associatifs s’inquiètent de ne pas avoir accès à ses conclusions. Il est donc temps d’examiner les enjeux majeurs de la filière du plasma et de trouver des solutions innovantes pour garantir la sécurité des patients et réduire la dépendance de la France envers d’autres pays.

Qu’est-ce que le don de plasma et comment cela fonctionne-t-il ?

Le plasma sanguin, composant vital du sang, joue un rôle essentiel dans le système immunitaire et la coagulation. Le don de plasma, réalisé par le processus d’aphérèse, consiste à prélever une petite quantité de plasma tout en réinjectant le reste des composants sanguins dans le corps du donneur.

Les multiples bienfaits du don de plasma

Le don de plasma va bien au-delà du simple acte de générosité. En effet, il est utilisé pour traiter diverses maladies et affections médicales, telles que les brûlures graves, les troubles immunitaires, les coagulations sanguines anormales (comme l’hémophilie) et certaines maladies infectieuses. De plus, ce précieux liquide joue un rôle essentiel dans la recherche médicale, permettant le développement de nouveaux traitements et la réalisation d’études cruciales.

Un système de collecte de plasma en danger

La révision de la réglementation européenne concernant le don de substances d’origine humaine, y compris le plasma, suscite des questions quant à l’avenir de la filière en France. Alors que le pays cherche à imposer son modèle de collecte de plasma à l’échelle européenne, il est nécessaire de faire face à la réalité : le système actuel de collecte de plasma est loin de répondre aux besoins des malades français. Avec une dépendance de 70% envers d’autres pays pour la collecte de plasma, il est essentiel d’identifier les défis et de prendre des mesures pour garantir l’approvisionnement en plasma de qualité.

Sang total et plasma sanguin : une distinction essentielle

Une des ambiguïtés concernant le don de plasma réside dans la distinction entre le don de sang total (globules rouges) et le don de plasma sanguin (liquide entourant les globules rouges et protéines). Alors que la France peut se targuer d’être autosuffisante en sang total grâce à des campagnes de communication, elle reste fortement dépendante (à hauteur de 70%) d’autres pays pour le plasma. Il est temps de clarifier cette différence et de s’attaquer aux problèmes d’approvisionnement en plasma pour garantir un traitement adéquat aux patients.

Préleveur-fractionneur : un lien complexe à revoir

L’Établissement français du sang (EFS) est le principal acteur autorisé à collecter le sang et le plasma en France. Cependant, le prix auquel il vend son plasma au laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) limite ses capacités à investir dans la collecte de plasma. Alors que le LFB bénéficie d’un tarif réglementé, l’EFS se retrouve avec des contraintes budgétaires qui entravent une stratégie nationale ambitieuse de collecte de plasma. Il est donc nécessaire de revoir ce lien complexe pour permettre une meilleure collecte de plasma et assurer l’autonomie sanitaire de la France.

Quel avenir pour la collecte de plasma en France ?

Face à l’ouverture prochaine d’une usine de fractionnement du LFB, la question de l’approvisionnement en plasma se pose avec acuité. Sans une réforme du système de collecte de plasma, cette usine risque de ne pas fonctionner à plein régime faute de matière première. Il est donc primordial de financer l’EFS de manière adéquate pour augmenter significativement la collecte de plasma. Des mesures comme l’implantation de maisons du don stratégiques, le déploiement massif de la collecte par plasmaphérèse, et la réflexion sur l’incitation au don sont essentielles pour assurer un avenir prometteur à la collecte de plasma en France.

 Comment devenir donneur de plasma ?

Toute personne en bonne santé, âgée de 18 à 65 ans et pesant plus de 55 kg, peut devenir donneur de plasma. Avant de faire votre don, un examen médical rapide est effectué pour s’assurer de votre éligibilité. Les centres de don de plasma respectent des normes strictes pour garantir la sécurité du donneur et du receveur.

Comment ce passe le don de plasma ?

Le don de plasma est une procédure médicale simple et sécurisée qui permet de prélever une petite quantité de plasma sanguin chez un donneur tout en réinjectant les autres composants du sang dans son organisme. Voici comment se déroule généralement le don de plasma :

  • Inscription et éligibilité : avant de donner son plasma, le donneur doit s’inscrire auprès d’un centre de don de plasma. Des critères d’éligibilité sont vérifiés, notamment l’âge (généralement entre 18 et 65 ans), le poids, l’état de santé général et l’absence de certaines conditions médicales.
  • Accueil et questionnaire médical : une fois inscrit, le donneur est accueilli par le personnel du centre de don. Un questionnaire médical est rempli pour s’assurer que le don ne présente aucun risque pour le donneur ou les receveurs.
  • Examen médical : avant le don, un examen médical rapide est effectué pour mesurer la pression artérielle, le pouls et vérifier l’hémoglobine.
  • Installation confortable : le donneur est installé dans un fauteuil confortable où il peut se détendre pendant le processus de don.
  • Prélèvement du plasma : une aiguille est insérée dans une veine du bras du donneur. Le sang est prélevé, et la machine sépare le plasma du reste des composants sanguins (globules rouges et plaquettes). Le plasma est recueilli dans un sac spécifique, tandis que les autres éléments du sang sont réintroduits dans le corps du donneur.
  • Durée du don : le processus de prélèvement dure généralement entre 60 et 90 minutes, selon la quantité de plasma nécessaire.
  • Après le don : une fois le prélèvement terminé, le donneur est encouragé à se reposer un moment et à prendre une collation pour récupérer.
  • Fréquence des dons : les donneurs peuvent donner leur plasma toutes les deux semaines soit jusqu’à 24 fois par an lorsque l’on est un homme, deux fois moins quand on est une femme à cause des menstruations et du risque de perte en fer.

Il est essentiel de souligner que le don de plasma est un processus sûr et réglementé. Les centres de don de plasma respectent des normes strictes pour garantir la sécurité du donneur et du receveur, et les donneurs sont suivis par du personnel médical tout au long du processus. En donnant leur plasma, les donneurs jouent un rôle crucial dans le traitement de diverses maladies et affections médicales, et contribuent également à la recherche médicale et scientifique.

Pour en savoir plus cliquez ICI

 

 

*Signataires :

Jean-Philippe Plançon – Président de l’Association Française contre les Neuropathies Périphériques (AFNP) & de l’ONG EPODIN (European Patient Organisation for Dysimmune and Inflammatory Neuropathies)

Nicolas GIRAUD – Président de l’Association française des hémophiles (AFH)