Mercredi 29 juin avait lieu au Ministère de la Santé et de la Prévention la présentation de l’étude Géocap-Agri consacrée aux liens entre viticulture et leucémies aiguës (LA) de l’enfant. Les résultats sont clairs : le risque de développement de leucémies aiguës chez des enfants exposés aux pesticides augmente à chaque fois que la proportion de surface en vigne progresse de 10% dans un rayon de 1000 mètres autour du domicile des enfants.
Le projet Geocap-Agri est né après son lancement à Preignac en Gironde par un groupe de parents d’enfants malades et d’un enseignant, dont l’école est située dans les vignes entre les deux. En effet, des leucémies aiguës chez des enfants exposés aux pesticides ont été constatées.
Puis une chaîne de solidarité s’est constituée regroupant le maire qui a fait un signalement aux autorités de santé, une salariée agricole qui s’est procuré le rapport de l’époque rédigé par l’Institut de veille sanitaire (Invs) , ou encore des médecins de l’association Alerte des médecins sur les pesticides contestant les conclusions du premier rapport publié.
L’étude Géocap-agri a été la réponse de l’État face à cette mobilisation.
Dans le cadre de GÉOCAP-Agri une étude écologique étudiant le lien entre leucémies aiguës de l’enfant et surface agricole utile à l’échelle communale a déjà été réalisée.
Elle montrait ce lien seulement pour la viticulture.
Des leucémies aiguës chez des enfants exposés aux pesticides
Aujourd’hui les données scientifiques sont là.
Elles viennent compléter un corpus de connaissances important concernant les risques de l’exposition aux pesticides des enfants.
Que ce soit lors de l’exposition professionnelle de sa mère, ou lors d’une simple exposition domestique, l’Inserm a confirmé en 2021 que le niveau de preuve entre l’exposition aux pesticides et les leucémies aiguës chez les enfants ainsi que les tumeurs cérébrales était élevé.
Ce même niveau de preuve est également reconnu pour les malformations congénitales et pour les troubles du neuro-développement.
Il manquait, on serait tenté de dire seulement, des preuves de l’exposition liée à la proximité des cultures.
Aujourd’hui c’est aux politiques de prendre leurs responsabilités.
La première est de reconnaître que le discours sur l’absence de risques pour les populations vivant au-delà de 5 m et 10 m des cultures ne tient pas.
Car c’est dans un rayon de 1000 m que vient d’être mis en évidence cette augmentation de risque de leucémies aigues.
Qu’en est- il pour d’autres pathologies, d’autres cultures ?
S’il a fallu 5 ans pour Géocap, combien d’années encore pour répondre à ces questions ?
Nous appelons donc à la raison et à l’application du principe de précaution.
La seconde est de donner accès aux données d’utilisation des pesticides à la parcelle.
Pour lever tout doute, et assurer la transparence indispensable à la prise de décision publique, il est indispensable que l’État rende accessible aux chercheurs mais également aux parties prenantes et aux premiers concernés – les habitants – les registres d’épandage donnant connaissance des molécules utilisées à la parcelle et de leurs quantités.
Enfin l’État doit protéger les populations de ces territoires : Générations Futures, Nature France Environnement, Confédération Paysanne Gironde, Collectif Info Médoc Pesticides, Alerte Pesticides Haute-Gironde, Alerte des Médecins sur les Pesticides et Alerte aux Toxiques demandent à l’État de revoir les textes réglementaires censés encadrer l’usage des pesticides et notamment le décret dit de protection des personnes qui n’impose des Zones non traitées par des pesticides de synthèse que de 3 à 10 mètres… Les associations demandent aussi des périmètres de protection autour de tous les lieux de vie, écoles, crèches, terrains de sport et habitations compris.
Cependant c’est un vaste plan de conversion de notre agriculture vers un modèle agricole vraiment durable, tel que l’agriculture biologique, qui s’impose.
C’est le seul garant de la protection des écosystèmes et des humains.
Un cap contraignant et encourageant, ainsi que des étapes doivent être fixés aux professionnels.
Cela aura un coût mais la santé de nos enfants n’ayant pas de prix, nous devons collectivement en prendre la responsabilité.