Le post-partum ne touche pas que les mères ! De plus en plus de pères traversent aussi des bouleversements émotionnels après la naissance de leur enfant. Pascal Anger, psychanalyste spécialiste de la famille, éclaire ce sujet encore tabou.

 

Le post-partum des pères : une réalité oubliée

Pendant les 9 mois de grossesse, le futur père imagine sa vie de papa idéale. Il se projette, plein de bonnes intentions, déterminé à assumer cette nouvelle responsabilité. Mais entre les attentes et la réalité, un monde se dessine. Les pères vivent la grossesse de manière plus abstraite, une expérience bien différente de celle des mères. Le manque de sommeil, les nouvelles responsabilités et le rythme familial bouleversé peuvent affecter leur humeur de manière inattendue.

 

Inégalités homme-femme face à la parentalité

Si pour les mères il y a une véritable transformation aussi bien corporelle, hormonale et même neurologique qui s’installe pour le père il n’en est rien.

Pour le père même s’il assiste à la préparation à l’accouchement, s’il est présent le jour J  c’est une véritable révolution émotionnelle qui se manifeste lors de l’arrivée de bébé.

 

« J’ai peur de ne pas être un bon père » : un cri du cœur des nouveaux papas

Sur les conseils de son médecin, cet homme est venu en consultation, exprimant sa crainte de ne pas être à la hauteur. « Je me sentais complètement dépassé, avec une femme à distance, une famille éloignée, et personne à qui parler. » Son expérience de la paternité était une descente dans l’inconnu.

On ne naît pas père, on le devient

Comme pour les mères, le père doit apprendre à connaître ce petit être fragile. « Je ne savais pas comment le prendre, je me sentais maladroit et n’osais même pas le toucher. » La maladresse initiale, le manque de confiance et la peur d’échouer sont des obstacles auxquels ils doivent faire face, dans un moment où chaque geste est un défi.

 

La place du père dans un monde en mutation

Vers une complémentarité parentale

La place du père dépend souvent de l’espace que la mère est prête à lui accorder. La parentalité étant en pleine mutation, il est important de miser sur une complémentarité où chacun trouve sa voix, en privilégiant la communication dans le couple. Aujourd’hui, les rôles parentaux s’ajustent, et pour que chacun y trouve son compte, un équilibre est essentiel.

Se faire une place dans la relation mère-enfant

L’arrivée de bébé peut renforcer un lien fusionnel entre maman et bébé, laissant parfois le père en retrait, cherchant sa place. Le dialogue est la clé pour rappeler que mettre un enfant au monde est une aventure commune, un chemin à parcourir ensemble.

 

Le post-partum des pères : un syndrome caché

Quand la paternité dévoile des vulnérabilités

Le post-partum paternel reste une réalité méconnue, mais il affecte bien plus de pères que l’on pourrait croire. Ce syndrome survient souvent entre trois et six mois après la naissance et peut se traduire par de l’irritabilité, de la colère ou une tendance à se replier sur soi-même. D’autres symptômes incluent :

  • Troubles du sommeil
  • Sentiment d’impuissance face aux responsabilités
  • Sentiment de perdre le contrôle entre vie professionnelle et familiale
  • Frustration face aux différences homme/femme (par exemple, si la mère allaite)
  • Sentiment d’exclusion ou de ne pas être assez soutenu

 

Le devoir culturel : les Pères doivent-ils toujours être forts ?

Dans notre société, les pères sont encore vus comme les piliers de la famille, une attente culturelle pesante. La société n’attend pas la même chose du père que de la mère.

Les pères souhaitent s’investir mais se sentent perdus dans un univers qui reste trop féminin et ne se sentent pas accueillis   dans les institutions ou les emplois sont souvent tenus par des femmes.

Je me souviens de cet homme venu en entretien de couple et qui disait «  je dois rester un vrai mec, je n’ai pas de place dans cet univers de femmes «  il a fallu bien des séances pour lui faire entendre qu’on pouvait être un homme et donner le biberon ou faire des taches ménagères sans se sentir humilié ou dévalorisé… Mais il fallait qu’il déconstruise ce qu’on lui avait appris dans sa famille d’origine et qu’il accepte de mettre de côté les injonctions qui le nuisaient.

 

Comment sortir de l’isolement et retrouver un équilibre

Ne laissez pas l’isolement ternir les premiers mois, voire la première année de votre enfant. Si vous ressentez des signes de dépression, osez sortir de votre bulle et exprimer les émotions qui vous envahissent. Parlez-en à votre entourage, et n’hésitez pas à consulter un professionnel, seul ou en couple. Il n’y a aucune honte à demander de l’aide ; au contraire, plus tôt vous serez accompagné, mieux vous pourrez retrouver votre état psychologique s’améliorera.

 

Reconnaître la dépression post-partum