La maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique sont devenues des fléaux. Au niveau mondial, elles explosent depuis quelques années, en particulier dans les pays industrialisés ou émergents. Certains chiffrent évoquent la découverte d’un nouveau cas par heure, soit 8 000 malades supplémentaires tous les ans. Heureusement de nouveaux traitement arrivent!

 

Pour la maladie de Crohn les chiffres varient. Dans le monde, on compte environ 10 millions de personnes concernées, dont 3 millions en Europe. La France compte à elle seule 250 000 personnes touchées. De fortes disparités régionales existent, ainsi les Hauts-de-France sont la région la plus touchée.

 

En quelques années, la recherche sur les mécanismes liés à la maladie de Crohn et à la rectocolite hémorragique a considérablement progressé. Qu’il s’agisse du rôle du microbiote (ou flore) intestinal dans le développement des maladies, ou de la capacité d’identifier des biomarqueurs au sein de celui-ci pour suivre l’évolution des maladies, les avancées scientifiques sont de plus en plus nombreuses. Sur le versant des traitements, après des années consacrées à la prise en charge de l’inflammation, c’est là aussi le microbiote qui a fait progresser la recherche. De la transplantation fécale, encore uniquement utilisée dans le cadre de protocole d’études, aux probiotiques de nouvelle génération qui devraient être disponibles d’ici 5 à 10 ans sous la forme de comprimés, le microbiote intestinal ne cesse d’aborder de nouvelles voies thérapeutiques. Focus sur ces grandes avancées avec le Pr Harry Sokol, gastro-entérologue à l’Hôpital Saint-Antoine.

Le microbiote au cœur de la rémission de la maladie Crohn

L’importance de bouger

Maladies invisibles, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin impactent lourdement la qualité de vie des personnes touchées. Ainsi, dans une étude menée par l’afa Crohn RCH et le CHU de Nancy en 2015, 53,1 % des malades ont rapporté une faible qualité de vie, 46,8 % ont déclaré souffrir de « fatigue sévère » et 48,9 % de syndromes dépressifs.
Face à cet impact, l‘éducation thérapeutique peut apporter un plus en facilitant la compréhension de la maladie et son appropriation. D’autre part, l’activité physique (toute activité physique, de l’activité quotidienne à l’activité sportive) peut apporter un vrai plus. De fait, elle peut non seulement permettre de limiter la survenue de la maladie de Crohn, comme l’a montré une étude publiée en 2013 dans le British Medical Journal (1), mais il se pourrait même que le sport joue un rôle dans la composition du microbiote intestinal et donc intervienne positivement en faveur d’un meilleur équilibre de la balance bactéries bénéfiques / bactéries pathogènes.

Au-delà de son apport thérapeutique, l’activité physique c’est aussi et avant tout une énergie positive pour dépasser la maladie comme le montre le témoignage de Romain Bridault, touché depuis ses 11 ans.

Romain Bribault : l’énergie positive pour thérapie

Enflammé et ouvert sur les autres, Romain Bribault vit sa vie avec passion et a décidé d’en faire sa thérapie contre la maladie de Crohn.

  • « Avec le temps, le sport et le partage avec les autres personnes malades sont non seulement devenus des passions mais sont aussi une vraie thérapie (…). L’énergie positive c’est ce ressort qui vous permet de vivre avec, d’oublier la maladie en vous focalisant sur autre chose ».

 

(1) Khalili H et al, Physical activity and risk of inflammatory bowel disease: prospective study from the Nurse’s Health Study Report, BMJ 2013;347:f6633